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Plus de 50 manifestations par jour en 2013

Le Forum des Alternatives Maroc et l’Observatoire marocain des libertés publiques relancent le débat au sujet des libertés de rassemblement et de manifestation au Maroc. Pour cela, ils s'appuient sur une étude réalisée par le sociologue Abderrahmane Rachik.

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Le Forum des Alternatives Maroc, en collaboration avec l’Observatoire marocain des libertés publiques, a fait le point, hier, lors d'une conférence de presse, sur les libertés de rassemblement et de manifestation au Maroc. Ce qui a été fait à la lumière d'une étude approfondie réalisée par le sociologue Abderrahmane Rachik qui travaille sur ce sujet depuis plusieurs années. Cette conférence a ainsi permis de mettre en lumière, chiffres à l'appui, l'évolution du nombre des manifestations depuis 2005. Le sociologue s'est basé pour cela sur les données du ministère de l'Intérieur qu'il a collectées depuis cette date. Mais aussi en procédant à une lecture régulière de la presse, en donnant une synthèse au cours de l'année 2012 de la nature des manifestations, des organisateurs, des doléances affichées...

Cette étude a permis donc de savoir que le nombre des manifestations recensées est passé de deux manifestations par jour (700 manifs) en 2005, à 14 par jour (5.091 manifs) en 2008 et à 18 par jour en 2009 (6.570 manifs), chiffre qui va tripler en 2012 pour passer 18.980 manifestations, soit 52 manifs recensées par jour (les derniers chiffres de 2013 laissent entrevoir quelque 20.000 manifestations, soit 54 manifs par jour). Expliquant l'intérêt de cette étude, le sociologue Abderrahmane Rachik a souligné que l’objectif de ce rapport, fait pour le compte de la société civile, est d’identifier et de suivre l’évolution des différentes formes de mouvements de protestation, aussi bien en milieu rural que dans les petites, moyennes et grandes villes marocaines. «L’analyse de ces mouvements permet d’examiner le processus du changement social et la nature de la relation qui lie l’État au citoyen», a-t-il dit.

Ainsi, l’analyse qu'il a faite au cours de l'année 2012, à travers les données contenues dans la presse nationale, lui a permis de relever les revendications sociales qui poussent à organiser des manifestations et qui tournent autour de six axes principaux. «Elles sont par ordre d’importance liées au travail (42%), au logement (7%), à la marginalisation (6%), aux réformes politiques (5%), à la solidarité avec autrui (4%) et à l’insécurité (3%)», affirme-t-il.

Les données montrent aussi que les protestations liées au monde du travail sont menées à 40% par des organisations syndicales, à 33% par les différents groupes des diplômés chômeurs et à 3% par des associations professionnelles. Environ 22% de ces protestations sont menées par des fonctionnaires (essentiellement dans les secteurs de la justice, la santé, l’éducation nationale et les collectivités locales).
En termes d'espace, l'étude montre que plus de la moitié des actions collectives revendicatives sont enregistrées dans les grandes villes. Rabat détient la première place au niveau du nombre de protestations enregistrées au Maroc. Ceci peut s’expliquer par la concentration des protestataires des différents groupes de diplômés chômeurs, l’importance numérique des fonctionnaires dans la capitale, sans oublier tous les protestataires venant des différents coins du pays pour observer leurs sit-in devant le siège du Parlement ou devant les différents bâtiments des ministères.

Par ailleurs, exploitant ce débat sur la liberté de manifestation et les données mises en avant par l'étude, le Forum des Alternatives Maroc et l’Observatoire marocain des libertés publiques ont élaboré 23 recommandations qu'ils entendent soumettre aux pouvoirs publics pour améliorer le cadre juridique régissant cette question. La première recommandation appelle à la mise à jour de la loi régissant le droit de manifester pour la mettre en conformité avec les dispositions de la nouvelle Constitution. Ils ont appelé également à donner la force de loi à la circulaire (du premier ministre 28/99 du 5 novembre 1999) relative à l’utilisation des salles publiques par les associations, les partis politiques et les syndicats, en intégrant ses dispositions dans la loi régissant les rassemblements. Les deux entités entendent poursuivre le débat sur le droit de manifestation et de rassemblement en prévoyant des rencontres sur le sujet dans les différentes régions avec les acteurs associatifs. 

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