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Le Maroc peut mieux faire

Les exportations des produits agroalimentaires frais gagneraient à être encore plus compétitives pour tenir la dragée haute à la concurrence et diversifier le périmètre de marchés. Selon une étude de la DEPF, les expéditions de produits agroalimentaires frais ont engrangé un gain additionnel de près de 2,3 milliards de dirhams entre les deux périodes 2007-2009 et 2010-2013, soit une progression de 25,3%.

Le Maroc peut mieux faire

Le déficit de la balance commerciale des produits agroalimentaires frais s’est creusé de 3,4 milliards de dirhams en moyenne sur la période 2007-2012. Le constat ressort d’une étude sur les performances et compétitivité des exportations des filières phares du secteur agroalimentaire marocain que vient de publier la Direction des études et des prévisions financières (DEPF). Motifs : les importations de céréales qui ont pesé 70% des importations globales en produits agroalimentaires frais sur la même période et qui ont plus que doublé entre 2009 et 2012. Le tout assorti d’une flambée des cours à l'international et des conditions climatiques difficiles qui ont limité la production locale de céréales. Mais force est de constater que ce déficit commercial s’est rétracté en 2013 de près de 8,4 milliards de dirhams par rapport à l’année précédente. Il s’est situé à plus de 5,6 milliards de dirhams. Rien de miraculeux, sinon la production céréalière record qui a frôlé les 97 millions de quintaux durant la campagne 2012-2013. Résultats, une réduction des importations de blé de 33% en volume. La DEPF affirme que hors céréales, la balance commerciale des produits agroalimentaires frais dégage un excédent moyen de 4,5 milliards de dirhams sur la période 2007-2013, passant de 3,7 milliards en 2007 à 7,1 milliards en 2013.

Nos exportations de produits agroalimentaires frais ont engrangé un gain additionnel de près de 2,3 milliards de dirhams entre les deux périodes 2007-2009 et 2010-2013, soit une progression de 25,3%. Sans surprise, la tomate aura contribué pour près de 50% à ce gain, soit un milliard de dirhams de surplus entre les deux périodes. Par ailleurs, l’analyse de la structure des exportations de produits agroalimentaires frais montre que trois segments concentrent, en moyenne, 78% des expéditions durant la période 2007-2013. Il s’agit des agrumes (31%), des tomates fraîches (27%) et des légumes frais congelés ou en saumure (20%).

L’analyse de la DEPF affirme que le croisement du rythme de croissance des exportations (taux de croissance annuel moyen) et du poids des filières (part des exportations des différents segments dans les exportations globales du secteur) fait ressortir que les agrumes, les tomates et les légumes frais, congelés ou en saumure, ont des poids importants dans les exportations globales, soit respectivement 31%, 27% et 20% en moyenne sur la période 2007-2013, avec, bien entendu, des rythmes de croissance différenciés. Important à savoir : les ventes de tomates maintiennent un rythme de croissance soutenu à 8,9%. Celui des légumes frais, congelés ou en saumure et des agrumes ressort à 5,1 et 2,1% respectivement.

L’étude indique que l’Europe, y compris la Russie, aura absorbé en moyenne 91,5% des exportations marocaines des produits alimentaires frais en valeur sur la période 2007-2013. La France tient la corde avec près de 38,9%, devant la Russie (14,6%), l’Espagne (13,1%) et les Pays-Bas (9,9%).

«Cette situation renseigne sur des opportunités énormes que les exportations marocaines en produits agroalimentaires frais n’arrivent pas encore à saisir sur des marchés à fort potentiel, en particulier au niveau des pays arabes du Moyen-Orient et également au niveau du marché africain», fait remarquer la DEPF. Celle-ci rappelle qu’une ligne directe Tanger-Jeddah a été mise en place pour la campagne d'exportation 2013-2014 afin d’améliorer l'accès au marché des pays du Golfe pour nos opérateurs exportateurs de produits agricoles.
Sur la période 2007-2013, le marché français a importé essentiellement des tomates fraîches (53%), suivies des autres légumes frais congelés ou en saumure (18%) et des pastèques et melons (10%). Les agrumes, quant à eux, pointent en quatrième position avec une part de 7%. Toutefois, la DEPF relève que les fruits frais ou secs, congelés ou en saumure, ont vu leur croissance se tasser de 1% durant la période sous référence.
De même, les autres légumes frais ont ralenti de 4%. L’étude analyse également les entraves au développement de la compétitivité des filières agricoles, dont celle des tomates. «La filière est confrontée à des contraintes qui limitent son essor à l’export notamment l’existence de vagues de froid ou de Chergui qui peuvent retarder la maturité et par conséquent contrarier les engagements commerciaux, les coûts élevés des intrants (le plastique et les cartons, pour la plupart importés au Maroc, sont plus chers qu’en Europe), la vétusté d’une partie du parc de serre et les quotas mensualisés qui limitent les exportations vers l’UE à droit de douane nul», analysent les experts de la DEPF.

Concrètement, l’une des contraintes qui pénalisent les exportations de tomates est les quotas et les prix d’entrée qui leur sont imposés pour leur accès au marché de l’UE sur la période octobre-mai. En dehors de cette période, entre les mois de juin et août, les exportations sont, également, freinées sur ce marché à travers l’application d’une protection tarifaire prohibitive rendant moins compétitives les tomates marocaines.
Autre menace qui risque de peser sur les perspectives de développement des exportations de la filière sur le marché de l’UE : le nouveau dispositif adopté récemment par la Commission européenne apportant un changement des conditions d’accès des fruits et légumes au marché européen en instaurant de nouvelles règles de dédouanement sur la base d’une valeur forfaitaire à l’importation (VFI). «Ce nouveau dispositif risque de réduire les volumes exportés par le Maroc vers ce marché, ce qui exige le renforcement des efforts pour défendre les acquis du Maroc en termes d’accès au marché de l’UE et qui ont été préservés dans le cadre du nouvel accord agricole Maroc-UE», conclut la DEPF.

La filière des agrumes a été également passée au peigne fin. «Bien que d’importants efforts aient été entrepris dans le sens d’un développement soutenu de la production et des exportations des agrumes dans le cadre du Plan Maroc vert, la filière se heurte, entre autres, au vieillissement des vergers dans certaines régions, au faible niveau d'encadrement des petits et moyens producteurs, à la faible efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation, notamment, dans le Gharb et à la raréfaction des ressources en eau particulièrement dans le Souss», indique la DEPF. L’étude cite également l'augmentation des coûts des facteurs de production, notamment, l'énergie et les produits phytosanitaires.

Côté performances à l’export, la filière des agrumes (oranges) est handicapée surtout par la forte concurrence internationale de l’Espagne, et actuellement l’Égypte et la Turquie. Pour la DEPF, l’organisation de la profession gagnerait à être renforcée davantage en termes de coordination, en particulier à l’export.

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