Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2006

Mohammed Sebbar : «il faut s’atteler désormais au renforcement des droits économiques et sociaux»

En réponse au rapport partial du secrétaire général de l’ONU, les rencontres se multiplient au niveau national pour promouvoir l’approche adoptée par le Royaume en matière de renforcement des droits de l’Homme. Mardi dernier, quatre des plus importants acteurs dans le domaine des droits de l’Homme ont été invités au Forum de la MAP. Compte rendu.

Mohammed Sebbar : «il faut s’atteler désormais  au renforcement des droits économiques et sociaux»
De gauche à droite : Mohammed Sebbar, SG du CNDH, El Habib Belkouch, président du CEDHD, Mohamed Neshnesh, président de l’OMDH et Abdelali Hamidine, président du forum Al Karama.

«Le Maroc a certes parcouru un long chemin en matière de renforcement des droits de l’Homme, mais il reste encore des défis à relever», c’est avec ces déclarations que le secrétaire général du Conseil national des droits de l’Homme, Mohammed Sebbar, a commencé son intervention dans le cadre du forum de la MAP organisé mardi dernier à Rabat sur le thème «Droits de l’Homme et État de droit au Maroc, les réalisations et les perspectives». Le haut responsable, qui a exposé au cours de cette rencontre les avancées réalisées par le Maroc pour l’édification de l’État de droit, a choisi de jouer la carte de la transparence, reconnaissant l’existence de quelques insuffisances. «Le Maroc a certes adopté de nombreuses mesures qui ont permis au Royaume d’être donné en exemple en matière de respect de ces droits, toutefois, le tableau comporte encore quelques zones d’ombre», souligne-t-il.

Abordant, les acquis, M. Sebbar s’est félicité de l’adoption d’un ensemble de mesures qui ont valu au Royaume de nombreuses louanges au niveau international. Il s’agit en l’occurrence de l’adoption de plusieurs réformes à caractère institutionnel, la révision de plusieurs textes législatifs, la ratification de 9 conventions internationales portant sur la protection des droits de l’Homme, la mise en place de l’Instance d’équité et de réconciliation, la mise en œuvre de ses principales recommandations ainsi que l’accueil de nombreux observateurs des Nations unies. Autre avancée très importante relevée également par M. Sebbar : les civils ne sont plus jugés devant le tribunal militaire. En effet, d’après le secrétaire général du Conseil national des droits de l’Homme, la mission de ce tribunal se limitera uniquement à juger des militaires pour des délits exclusivement militaires. Une réforme de nature à permettre l’harmonisation de la législation avec les dispositions de la Constitution de 2011, notamment en ce qui concerne la préservation des droits des justiciables, l'indépendance de la justice et la garantie d'un procès équitable, tout en mettant en conformité les lois du pays avec les engagements internationaux du Maroc.

Mais loin de verser dans un «discours platonique», M. Sebbar reconnaît que face à ces acquis de nombreux défis restent à relever. Car selon lui, si les citoyens jouissent désormais de leurs droits, notamment politiques, ils ne bénéficient toujours pas entièrement de leurs droits économiques et sociaux, du fait que ces droits nécessitent le déploiement de grands moyens financiers. C’est un chantier auquel il faut s’atteler dès à présent, a-t-il dit, ajoutant qu’il «existe également de grands défis en matière de résolution des disparités régionales ainsi que dans le rural par rapport à l’urbain».

Évoquant le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU, M. Sebbar n’a pas cherché à modérer ses propos, qualifiant le rapport de subjectif. «Le rapport s’aligne clairement sur la thèse du polisario et de l’Algérie. On relève une sorte de discours illogique dans le fonds de ce rapport, car dans ce même document, des passages louent le rôle du CNDH et de ses commissions régionales», affirme ce responsable.

Dans le même ordre d’idées, El Habib Belkouch, président du Centre d’études en droits humains et démocratie (CEDHD), estime que la meilleure réponse aux critiques extérieures est d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie nationale des droits de l’Homme, car cela permettra, selon lui, au Royaume d’être mieux à même de défendre ses intérêts supérieurs. Laquelle stratégie, rappelle-t-il, a déjà été préparé précédemment sous le gouvernement El Fassi en concertation avec les différents acteurs dans ce domaine, notamment, la société civile. «À mon sens, il est opportun de mettre en œuvre cette feuille de route, car c’est le meilleur moyen permettant de constater les avancées ou les régressions en matière de respect des droits de l'Homme durant une période déterminée, ce qui nous éloignera des évaluations qui ne sont pas toujours objectives», explique M. Belkouch. Le même responsable a par ailleurs appelé au renforcement des instruments de communication afin de mieux promouvoir l’expérience du Maroc en matière de renforcement des droits de l’Homme.

«Le Maroc a pu enregistrer plusieurs acquis qui ne sont pas toujours visibles à cause d’un manque criant de communication. Ces lacunes sont d’ailleurs saisies par les ennemis de la nation pour brouiller l’image de notre pays à l’étranger», confirme M. Belkouch. Le président de CEDHD a tenu à rappeler en outre que «Les droits de l'Homme au Maroc ne sont pas des questions conjoncturelles, mais un combat qui a un prolongement historique».Pour sa part, Mohamed Neshnash, président de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH), a critiqué «la rigidité de l’approche sécuritaire» dans le traitement du dossier des sit-in et des marches, surtout lorsque ces dernières sont organisées sans autorisation préalable. Sur ce volet, le responsable a appelé à la révision de cette approche qui entache l’image du Maroc. «Force est de constater que les autorités optent pour des méthodes plutôt musclées et non appropriées», explique-t-il. Les acquis réalisés par le Maroc en matière des droits de l'Homme exigent le renforcement de la bonne gouvernance, a indiqué Mohamed Neshnesh, président de l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH).

Lisez nos e-Papers