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Des regards croisés sur l’image de la femme dans le cinéma

Parallèlement à la compétition officielle, le Festival international du film de femmes de Salé est, également, une opportunité pour débattre de sujets concernant la gent féminine dans le septième art.

Des regards croisés sur l’image de la femme dans le cinéma
Les intervenants ont échangé leurs points de vue sur la question de la place de la femme dans le cinéma.bPh. Kartouch

«L’image de la femme dans le cinéma de la femme : de la condamnation émotionnelle à l’instauration de la parité» est l’intitulé du forum, dirigé par l’écrivain et critique de cinéma Driss El Korri, et auquel ont participé plusieurs cinéastes marocains, notamment Farida Ben Lyazid, Leila Kilani, Abderrahmane Tazi, Jamal Aghmani et Mohamed Nabil. Chacun d’eux a pu évoquer cette thématique selon ses convictions et sa propre expérience professionnelle concernant des films où la femme s’impose par sa présence et par sa personnalité. Ne voit-on pas, comme a été souligné par D. Korri, au début du forum, que beaucoup de réalisatrices ont conquis le grand écran par des thématiques fortes en charges affectives, quelques fois tabou, prouvant leur talent et leur courage.

«Qu’il fascine ou qu'il dérange, leur cinéma fait couler beaucoup d’encre par son regard différent apporté sur la vie des femmes et des hommes. On parle même de “cinéma féminin”, parfois de féminisme et de militantisme». Ce qui n’est pas vraiment l’avis de la cinéaste Leila Triki qui, n’appréciant pas l’appellation «cinéma de la femme», a précisé que les représentations des femmes ont évolué et changé avec le temps vers beaucoup de sujets.

«Certaines ont réussi leurs revendications, d’autres non. Il y a lieu d’être vigilant dans ces traitements. Je trouve qu’il y a encore à réfléchir sur la manière d’aborder ces sujets de femmes dans le cinéma. Car le discours des revendications risquerait de devenir redondant si on ne remédie pas à cela. L’enjeu est d’avoir une image innovante sur le sujet de la femme. Mais, il n’en reste pas moins que cela n’est pas suffisant et doit être accompagné par une éducation de nos enfants en bas âge. Car le sujet de la femme est une question aussi bien culturelle, sociale que civilisationnelle», ajoute la réalisatrice Leila Triki qui n’a pas manqué de souligner que beaucoup de productions d’hommes sont très riches en sujets portant sur les femmes. Comme le cas du réalisateur Abderrahmane Tazi, dont plus de la moitié de ses films sont adaptés et coécrits par des femmes.

«J’ai toujours été ravi par cette collaboration où il y a eu un apport riche et très sensible. Il ne faut pas nier que la collaboration féminine est très précieuse sur plusieurs plans. Que ce soit celui de la réalisation, l’écriture ou encore l’interprétation. Sur le plan de l’écriture, j’ai collaboré à plusieurs reprises avec Farida Ben Lyazid qui a le génie d’accompagner différentes générations féminines dans l’écriture et aussi la réalisation».
En effet, ayant entamé sa carrière en tant que scénariste, Farida Ben Lyazid a tracé de multiples rôles de femmes à travers ses écrits qui furent réalisés par d’autres cinéastes. «J’ai toujours voulu montrer des femmes intelligentes qui se défendent, pas seulement des opprimées comme a souvent été le cas dans certaines productions». Un choix justifié par la place primordiale qu'occupe la question de la femme dans tout processus de modernisation et de démocratisation de par le monde. Nous avons plutôt besoin, comme le dit l’écrivaine Rabiâa Rayhane, d’une image de la femme qui exprime des choses qui nous touchent dans notre société et dans notre vécu. 


Question à Mohamed Nabil 

Réalisateur de «Joyaux de la tristesse»

Que pensez-vous de la thématique du Forum «L’image de la femme dans le cinéma de femme» ?
Mohamed Nabil : C’est un sujet très important où il y a eu diverses opinions. En tant que réalisateur résidant en Allemagne, je dis toujours qu’il n’y a pas de différence entre la femme et l’homme, pour traiter de la question de la femme, à part les critères de créativité qui sont en relation avec l’industrie cinématographique depuis l’idée, le scénario, jusqu’à la réalisation et la production.
Les étapes de cette industrie peuvent commencer et se terminer dans des mois et même des années. Pour mon film «Joyaux de la tristesse», j’ai passé deux ans avant de le finir.
Ces critères d’industrie n’ont de relation qu’avec les règles artistiques et non avec le produit s’il est masculin ou féminin. Mais, ce qui est important c’est la sensibilité artistique et créative qui se trouve chez la femme ou l’homme et qui peut également se trouver chez l’un et l’autre. Donc, un sujet de femme peut être aussi bien abordé par l’homme que par la femme.

Selon vous, est ce que tous les aspects du sujet ont été débattus ?
Chacun des intervenants a essayé de donner son point de vue par rapport à la question et d’après son expérience particulière dans le cinéma. La rencontre a été positive. Elle a mis en évidence plusieurs problématiques concernant l'image de la femme dans le cinéma.

Ne croyez-vous pas que le sujet de la femme est perçu en général dans les pays arabes de manière dégradante ?
C’est en premier lieu une question d’éducation et d’enseignement. Cela revient, en général, à notre système éducatif très dépassé. Le cinéma doit avoir une base pour être accueilli comme il se doit par la population. Parce que même ceux qui nous devancent dans ce domaine ont, d’abord, vécu des révolutions culturelles, économiques, industrielles et civilisationnelles. Le cinéma peut jouer ce rôle, mais ce n’est pas suffisant. Car, il représente seulement une partie d’un tout.

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