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Un dialogue fructueux entre deux cinéastes et une chef monteuse

Aux multiples activités de la huitième édition du Festival international du film de femmes de Salé, qui a pris fin samedi dernier, s’est ajoutée, cette année, une rubrique bien spéciale. Celle d’un dialogue entre cinéastes qui possèdent un riche parcours et viennent de différents horizons cinématographiques. Il s’agit des deux cinéastes Simone Bitton et Saâd Chraibi, puis la chef monteuse Catherine Poitevin.

Un dialogue fructueux entre deux cinéastes et une chef monteuse
Ce dialogue est censé engendrer une réflexion qui abolit le mythe du cinéma du genre.bPh. Kartouch

Une rencontre aussi enrichissante qui a permis à chacun des trois intervenants de donner sa vision sur le cinéma et ce qu’il fait lui-même, les contraintes qu’il a rencontrées et ses ambitions pour un cinéma meilleur.
C’est un peu ce que nous a raconté Simone Bitton, réalisatrice de films documentaires, qui aborde des sujets historiques et politiques épineux, considérés généralement, précise-t-elle, comme masculins.
Celle-ci souligne qu’elle a eu beaucoup de mal à imposer sa voix.

«À mes débuts, on m’imposait et on me conseillait plus ou moins gentiment de faire dire les commentaires de mes films par des voix d’hommes, car cela faisait plus sérieux», souligne Simone Bitton qui milite pour la parité imposée par la loi, pour la discrimination positive et pour les quotas à chaque fois que cela est possible. «Je crois qu’il n’y a malheureusement pas d’autres moyens d’obtenir l’égalité. Car, moi personnellement, je fais des films documentaires, un genre considéré comme mineur par rapport au cinéma de fiction, puisqu’il coûte moins cher et rapporte peu d’argent. Il y a, donc, plus de femmes qui le font. Mais, elles sont plutôt dans les marges qu’en première ligne», explique Simone, pour qui le cinéma reste un bastion à prendre par les femmes à tous les postes de création et à tous les niveaux de responsabilité. Et ce, pour qu’il y ait un vrai équilibre, dans ce domaine, entre la femme et l’homme. Chacun d’eux a beaucoup à dire et à rêver dans toutes les contrées et les langues.

C’est aussi l’avis de Catherine Poitevin qui a fait le montage de films de fiction et de documentaires de beaucoup de réalisateurs de différents pays, considérant, par ce fait, le cinéma comme un continent en plus qui permet un dialogue de passage.
Pour elle, un immense espace de liberté et un monde d'émotions s’y jouent. D’où ces libertés de collaboration entre hommes et femmes de cinéma pour donner un produit riche et plein d’émotions. C’est le cas de Saâd Chraibi qui a déjà fait appel, pour le montage de ses films, à Catherine Poitevin. Ainsi, dans ce forum, il a été question de croiser la parole entre une cinéaste femme, Simone Bitton, qui travaille sur des sujets masculins, et celle de Saâd Chraibi qui travaille sur des thématiques de femmes.

«Ce dialogue est censé engendrer une réflexion qui abolit le mythe du cinéma du genre, d’une part, et instaurer un débat partant du cinéma pour explorer ses dimensions culturelles, géographiques, politiques et ethnographiques communs, d’autre part. C’est un plus et un complément pour notre réflexion quant aux démarches de chacun, sur l’approche de l’écriture, de mise en scène et de système de production avec lequel chacun mène ses projets», précise S. Chraibi qui a, également, trouvé que cette rencontre était enrichissante, à plus d’un titre, afin d’essayer d’aller vers un objectif commun. Celui de faire un film qui puisse toucher l’autre dans son émotion et dans sa réflexion indépendamment du fait qu’il soit réalisé par un homme ou par une femme. 


Questions à Saâd Chraibi ,cinéaste

«Croiser les regards est source d’enrichissement de nouvelles perspectives»

Quelles conclusions tirez-vous de cette rencontre ?
D’abord, cette rencontre s’est traduite par une approche de dialogue novatrice, qui a permis d’engager un débat sur la démarche des deux cinéastes d’un côté, et avec le public de l’autre côté.
Ceci a été réalisé grâce à la méthode utilisée qui a consisté en la projection d’extraits de films des deux cinéastes qui ont servi de base pour ce débat. La diversité des extraits ; documentaires pour Simone Bitton ; et fiction pour Saâd Chraibi, a également permis un double croisement du regard : homme/femme et docu-fiction. Je pense que cela a enrichi l’expérience.

Aimeriez-vous refaire cette expérience avec d'autres cinéastes provenant d'autres horizons ? Et pourquoi ?
Croiser les regards, les expériences et les démarches est toujours source d’enrichissement et donc de perspectives nouvelles, de réflexions et d’approches qui se nourrissent les uns des autres. Renouveler cette expérience, stipule d’abord de mettre face à face des cinéastes qui ont des préoccupations communes, qui ont la même vision du cinéma et la même approche de regard sur leurs sociétés, leurs cultures et leur art. Plus les horizons sont divers, plus le croisement et l’enrichissement sont présents. Dans ces conditions, oui, je suis disposé à renouveler cette expérience !



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