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Un bâtiment menaçant ruine sur le boulevard Hassan II

Un projet immobilier au niveau de la rue Othman Ben Affan risque de tourner au drame. Et pour cause, l'arrêt des travaux de démolition, une décision visant à préserver un éventuel patrimoine architectural, a bloqué le chantier, alors que le bâtiment peut s'effondrer à tout moment.

Un bâtiment menaçant ruine sur le boulevard Hassan II
Les édifices éventrés constituent un danger patent pour les usagers de la voie publique, piétons ou automobilistes.

Danger ! C’est le mot qui revient à chaque fois qu’on évoque un bâtiment de la rue Othmane Ben Affan, derrière le glacier Oliveri (Boulevard Hassan II). Il s’agit plus précisément de l’édifice en démolition au coin de la rue. Selon une source bien informée au sein de la préfecture Casa-Anfa, l’immeuble risque de s’effondrer à tout moment. Les propriétaires crient également à la catastrophe. Ils dressent autour du bâtiment des panneaux pour alerter les passants en indiquant que «c’est un immeuble menaçant ruine».

Comment l'édifice est-il arrivé à cet état ? Pourquoi personne n’agit pour éviter un éventuel drame ? Qui est derrière l’état critique de l’immeuble ? Plusieurs questions se posent à ce sujet, à chaque fois que les passants inconscients du danger lèvent les yeux vers les tas de pierres, les barres de fer et les pans de murs à peine stables.

Le début du conflit

Il convient de rappeler que l’édifice en question appartient à une société immobilière qui voudrait construire à la place un R+10. Le projet est constitué de 3 lots séparés formant un terrain de 404 m². Au mois de mai 2014, la société immobilière obtient l’autorisation de démolir et de construire de la part de la commune urbaine de Casablanca. L’inspection régionale des monuments historiques et des sites a également donné son accord, selon un document présenté par le propriétaire du projet : «Le bâtiment n’est ni inscrit ni classé patrimoine national». L’avis d’ouverture du chantier a été donné pour le 15 mai 2014. Néanmoins, le 18 mai dernier, l’association «Casamémoire» organise un sit-in à «Othman Ben Affan» pour s'opposer à la démolition entamée de l'immeuble. «Au moment même où se tenait au siège de la wilaya la première réunion du comité de suivi du projet de demande d’inscription de Casablanca sur la liste du patrimoine mondial, la démolition de l’édifice rue Othmane Ben Affan se préparait, portant atteinte aux efforts déployés à tous les niveaux, ainsi qu’à la crédibilité du processus en cours», a indiqué Casamémoire dans un communiqué appelant les Casablancais au sit-in. Et de préciser «qu’il est primordial que la démolition cesse, que l’autorisation soit annulée et qu’une enquête sérieuse soit menée pour identifier les responsabilités et les défaillances et les porter à la connaissance du grand public». L’association a condamné les démolitions en cours sur un «secteur patrimonialement intéressant, rue Othmane Ben Affan». Suite à cela, le gouverneur de la préfecture d’arrondissement Casa-Anfa a ordonné l’arrêt immédiat des travaux. Une décision surtout basée sur l’application de la loi 22-80 concernant la préservation des bâtiments historiques et de la circulaire préfectorale datée du 22 novembre 2013 concernant la protection du patrimoine architectural historique classé ou en cours d’étude.

Malgré la multitude de lettres envoyées par le promoteur immobilier au gouverneur de la préfecture des arrondissements Casa-Anfa, au wali du Grand Casablanca, au ministre de l’Intérieur et au Premier ministre, le projet reste en stand-by. «Le bâtiment ne présentait pas, avant sa démolition, une valeur architecturale exceptionnelle. Au contraire, il était oublié. En outre, la construction présente actuellement un état d’instabilité et menace de s'effondrer à tout moment. L’intérieur de l’immeuble pourrait s’effondrer provoquant éventuellement des accidents mortels. Nous avons des rapports d’experts agréés par l’État qui confirment ce constat», indique le propriétaire du bâtiment.

Des responsables crient au drame

Une commission regroupant des représentants de l’Agence urbaine, de la préfecture de Casa-Anfa, des ministères de la Culture et de l’Habitat, de la commune urbaine et de l’arrondissement Sidi Belyout s’est déplacée à plusieurs reprises sur les lieux afin de constater la gravité de la situation. Dans les trois PV établis par la commission, on signale l’état critique et dangereux de cette bâtisse qui «risque de s’effondrer à tout moment». «Il n’y a plus moyen de conserver cet édifice. Par ailleurs, l’avis technique est catégorique à ce sujet : ce bâtiment peut causer une catastrophe s’il s’effondre et c’est ce qui arrivera si on ne continue pas la démolition», explique une source proche du dossier. «Il faut d’abord renforcer les mesures de sécurité en interdisant le stationnement derrière le bâtiment au niveau du boulevard Hassan II. Le périmètre de sécurité devrait être agrandi au niveau de ce boulevard. On devrait même interdire la circulation au niveau de la rue Othman Ben Affan, du côté des immeubles en question», ajoute un autre responsable préfectoral.

La Commission de contrôle a décidé au cours de sa troisième visite de lancer une dernière alerte «en attendant que les responsables agissent». «On ne peut pas prendre la responsabilité d’un drame semblable à celui de Bourgogne. Vu le trafic que connait le boulevard Hassan II, les dégâts humains peuvent être importants en cas d’écroulement, même si la bâtisse est vide. D’autant que certains malfrats viennent récupérer les câbles d’électricité et les barres de fer. Un geste qui risque d’accélérer l’effondrement», explique un responsable préfectoral qui déplore le silence radio des responsables de la ville. En effet, la question a été posée à plusieurs reprises à différents responsables : qui peut décider du sort de cet immeuble ? Pour l’instant, personne ne veut prendre la responsabilité. 

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