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De jeunes trisomiques gérants d’un restaurant

Afin de renforcer l'employabilité des jeunes trisomiques et lutter contre la stigmatisation des personnes en situation de handicap, un restaurant géré par des personnes porteuse de trisomie 21 ouvrira ses portes au public, début 2015.

De jeunes trisomiques gérants d’un restaurant
Grâce à la formation professionnelle, les jeunes handicapés peuvent enfin s'accomplir.

Les personnes en situation de handicap physique ou mental au Maroc sont toujours marginalisées et rencontrent de nombreuses difficultés quotidiennement, ce qui entrave leur insertion sociale et professionnelle.
Heureusement qu’il existe quelques initiatives qui permettent à certains d’entre eux de travailler et devenir des citoyens autonomes. C'est le cas du restaurant pédagogique à Rabat créé par l’Association marocaine de soutien et d’aide aux personnes trisomiques (AMSAT) et qui a pour objectif de venir en aide à des jeunes trisomiques et de leur permettre d’avoir leur propre projet de vie.

Intitulé «Création d’un restaurant pédagogique et activation d’un curriculum de formation professionnelle centré sur les métiers de bouche pour la promotion de la situation des jeunes trisomiques», ce projet, financé par l’Union européenne, a débuté au mois de janvier 2013.

L’ouverture au public est prévue pour le début de l’année 2015. «Le restaurant pédagogique a pour objectif de renforcer l'employabilité des jeunes trisomiques, lutter contre la stigmatisation des personnes en situation de handicap et promouvoir un regard positif sur elles. Le projet consiste à former 40 jeunes trisomiques pris en charge actuellement ou anciennement par l’AMSAT aux métiers de la restauration et 30 moniteurs d’ateliers», souligne Mariam Nekkach, chef du projet Restaurant pédagogique à l’AMSAT.
Situé au sein du centre Moulay Rachid à Rabat, ce restaurant accueille chaque jour les jeunes stagiaires (entre 16 et 23 ans) qui bénéficient, dans une ambiance bon enfant, d’un programme de formation leur permettant de développer les compétences techniques et les aptitudes relationnelles indispensables à leur intégration socioprofessionnelle future.

«La formation théorique est répartie sur plusieurs modules et aborde à la fois les techniques culinaires, le service et l’entretien des locaux. Notre démarche de formation se base sur des méthodes pédagogiques participatives, elle est complétée par la formalisation de parcours personnalisés de formation. Ceux-ci permettent de répondre aux besoins spécifiques du jeune stagiaire et de s’appuyer sur ses compétences cognitives, affectives et sociales», explique Mme Nekkach. S’agissant de la formation des éducateurs, celle-ci est construite sur le principe de l’alternance.
Cette formation d’une durée de 240 heures est destinée aux futurs professionnels de l’éducation spécialisée et leur apportera une qualification supplémentaire dans l’accompagnement socioprofessionnel des personnes en situation de handicap.

Les élèves éducateurs âgés entre 18 à 25 ans sont formés à la fois à l’accompagnement des personnes, la conduite de projets éducatifs et au soutien des cursus de formation et d’insertion socioprofessionnelle des personnes en situation de handicap.
Cette formation sera complétée par des stages en institutions et des exercices pratiques dans le restaurant pédagogique. «La formation se déroule dans les meilleures conditions, les formateurs sont très compétents, la façon dont ils transmettent leurs connaissances est exemplaire, on peut sentir qu’ils maitrisent bien et aiment ce domaine et qu’ils prennent du plaisir à nous l’enseigner et à partager avec nous leurs propres expériences.

Cette formation m’a permis d’approfondir mes connaissances en ce qui concerne la “trisomie 21”, ce qui m’a poussé à changer le regard que je portais sur ces personnes et à penser aux stratégies que je devrais utiliser pour bien pouvoir travailler avec eux.
Les trisomiques sont des personnes très sociables et très attachantes, on peut considérer le fait de travailler avec eux comme une séance thérapeutique», indique Nahla Bourraman, éducatrice.
«Participer à la création du Restaurant pédagogique est une expérience enrichissante pour nous en tant 
qu'éducateurs. La formation touche à sa fin, mais on a toujours une grande envie d'apprendre plus. Le contact avec les jeunes trisomiques se passe merveilleusement bien. Ils ont une énergie très positive, un amour pour le travail et pour les gens qui les entourent», ajoute Salma Belfqih, éducatrice. 


Questions à Mariam Nekkach,chef du projet Restaurant pédagogique à l’AMSAT

«Le travail est une valeur fondamentale qui assure une intégration sociale et une indépendance aux jeunes trisomiques»

Après l'ouverture, le restaurant ne sera-t-il géré que par les personnes trisomiques ?
Le restaurant n’est actuellement ouvert qu’aux professionnels qui travaillent au centre et aux amis de l’association, en 2015 il sera ouvert au public.
La gestion du restaurant se fait en grande partie par les jeunes trisomiques, sous l’encadrement des deux chefs cuisiniers et des éducateurs qui travaillent aussi dans le restaurant.
L’idée est que le restaurant, en plus de son aspect production, reste toujours un lieu de formation de nouveaux jeunes trisomiques dans les métiers de restauration. Des jeunes qui pourront notamment intégrer d’autres restaurants dans l’avenir.

Comment pensez-vous instaurer la confiance entre les futurs clients et le personnel du restaurant ?
La relation de confiance est déjà présente, et elle se fortifie de plus en plus. Cette confiance est confirmée de notre part par la recherche régulière d’une meilleure qualité de prestation, le respect de l’hygiène, un suivi rapproché des jeunes qui permet une amélioration conséquente de jour en jour.
Le nombre de sympathisants de notre restaurant est en perpétuelle argumentation et le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Ces résultats sont constatés même au sein des établissements qui ont accueilli nos jeunes en stage et qui étaient satisfaits de leur prestation.

En tant que directrice de ce projet, que pouvez-vous nous dire sur le restaurant ?
À l’AMSAT on croit fermement que le travail est une valeur fondamentale, qui assure une intégration sociale et une indépendance aux jeunes trisomiques. L’AMSAT a entamé un chantier très important avec pour objectif de permettre aux jeunes trisomiques d’accéder pleinement à leur droit fondamental, à savoir le droit au travail, avec tout ce qui s’ensuit : la formation, l'accompagnement… Le restaurant pédagogique est une concrétisation de toute cette vision, il est le moteur de sensibilisation sur lequel s’appuie l’AMSAT pour toucher les professionnels, les parents, les responsables et les tiers de la nécessité d’intégrer ces jeunes dans la société.

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