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La réforme des retraites signe la rupture du dialogue entre le gouvernement et les syndicats

Le dossier de la réforme des retraites, de plus en plus urgent, n’a toujours pas obtenu le soutien des syndicats. Dénonçant une approche unilatérale de la part du gouvernement, ces derniers annoncent une grève générale le 29 octobre. De son côté, le gouvernement estime que la réforme, aussi pénible soit-elle, devra voir le jour le plus tôt possible.

La réforme des retraites signe la rupture  du dialogue entre le gouvernement et les syndicats

Le gouvernement fait la promotion de sa vision de la réforme des régimes de retraite. Cette fois, c’est le ministère de la Communication qui monte au créneau avec un document détaillant et défendant l’approche du gouvernement. Présenté en une trentaine de pages, le nouveau document tire la sonnette d’alarme sur la situation des caisses de retraite et évoque «une démarche pénible et onéreuse», mais qui reste «indispensable». Selon le ministère de la Communication, la réforme partielle que compte entamer le gouvernement, et qui retardera le déficit de huit années supplémentaires, sera suivie d’une réforme globale pour assurer la pérennité du système. Pour le moment, le gouvernement envisage trois mesures d’urgence. Il s’agit de la hausse de l’âge du départ à la retraite, de la révision de la base de calcul des pensions et de l’augmentation des cotisations des adhérents. Dans son document, le ministère affirme que l’âge de départ à la retraite ne peut être facultatif. Le système devra s’appliquer à tout le monde, souligne le document qui fait référence à une approche participative de la part du gouvernement pour l’élaboration de la réforme. Le ministère a affirmé que le Chef du gouvernement avait invité les centrales syndicales à prendre part au débat sur la réforme à la fin 2013, une invitation qui a été déclinée par plusieurs syndicats.

Le «niet» des syndicats

De leur côté, les centrales syndicales semblent plus déterminées que jamais à faire face aux mesures prises par le gouvernement. Appelant à une grève générale avant la fin du mois d’octobre (la deuxième en deux mois), les syndicats s'estiment éjectés de tout dialogue social, notamment en ce qui concerne la réforme des retraites. Contacté par «Le Matin», le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Mohamed Kafi Cherrat, dénonce «une approche unilatérale» de la part du gouvernement. Fraichement élu à la tête du syndicat à la place de Hamid Chabat, secrétaire général actuel du Parti de l’Istiqlal, M. Kafi Cherrat clame que le retour au dialogue est le seul chemin de la réforme.

Pour sa part, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik affirme qu’il s’agit là d’une nouvelle tentative de fuite en avant de la part du gouvernement. Sur le plan de la forme, «le gouvernement est en train d’emboiter le pas au Conseil économique, social et environnemental, saisi pour donner son avis sur le dossier», affirme M. Moukharik. Sur le fond, le responsable affirme que l’UMT a toujours attaché une grande importance à la réforme de la CMR en tirant la sonnette d’alarme sur sa situation depuis 2003. À ce niveau, le syndicaliste souligne que l’État employeur n’avait pas payé ses cotisations depuis 1960, accumulant des arriérés de plus de 11 milliards de dirhams. «Et là on voit que le gouvernement récidive encore en voulant faire endosser la responsabilité aux fonctionnaires», a-t-il déclaré. Le secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT), Abderrahman Azzouzi, n’a pas dérogé à la règle. Dénonçant un traitement unilatéral du dossier de la part du gouvernement, M. Azzouzi affirme que le gouvernement n’a pas donné suite à un mémorandum commun qui lui a été adressé par trois centrales syndicales (UMT, FDT, CDT). Pour le syndicaliste, l’approche du gouvernement pour traiter ce dossier est l’une des principales raisons de la prochaine grève générale programmée le 29 octobre prochain. 


Témoignages

Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT

«La réforme des retraites ne doit aucunement se faire au détriment des intérêts des travailleurs. C’est pour cette raison que l’UMT propose que le départ à la retraite, au-delà de 60 ans, reste facultatif. Cette mesure doit être appliquée pour une durée transitoire de deux ans, durant laquelle, les différents partenaires pourront évaluer son impact. S’agissant de l’augmentation de la valeur des cotisations, je peux dire que le Maroc est le seul pays au monde où l’État paie une cotisation égale à celle du fonctionnaire. Ce que nous proposons, c’est que l’État assume ses responsabilités en payant les 2/3 de la cotisation, comme cela se fait partout dans le monde, et que le fonctionnaire paie le 1/3 restant. Cependant, l’UMT refuse catégoriquement toute baisse des pensions, car tout travailleur a le droit d’avoir une pension honorable après tant d’années de travail. Pour assurer l’accompagnement de la réforme et l’inscrire dans la durabilité, l’UMT propose la mise en place d’une haute autorité d’orientation des systèmes de retraite composée de représentants du  gouvernement, des syndicats, du patronat et du CESE.»

Abderrahmane El Azzouzi, secrétaire général de la FDT

«Le dossier de la réforme de retraite traine depuis plus de huit ans déjà. Une commission technique et une commission nationale ont vu le jour pour mieux cerner la problématique et la dernière réunion de cette commission date de juin dernier. Le gouvernement avait exposé sa vision de la réforme et avait demandé l’avis des centrales syndicales.
Chose à laquelle on avait répondu favorablement en adressant un mémorandum commun (UMT, FDT, CDT) au Chef du gouvernement. Malheureusement, le Chef du gouvernement a ignoré le document et au lieu de convoquer une nouvelle réunion pour débattre de son contenu, il a préféré faire la promotion de sa vision en optant pour des mesures unilatérales nuisant aux intérêts des employés qui devront supporter, seuls, le coût de la réforme.
Cette façon de faire du gouvernement est l’une des principales causes de la prochaine grève générale prévue le 29 octobre
prochain.»

Mohamed Kafi Cherrat, secrétaire général de l’UGTM

«L’approche adoptée par le gouvernement dans le traitement du dossier de la réforme des retraites est frustrante.
Les syndicats ne peuvent adhérer à une réforme à l'élaboration de laquelle ils n’ont pas participé.
Aujourd’hui, on voit clairement que le gouvernement veut traiter le dossier d’une façon unilatérale, alors que les syndicats ne cessent de réclamer le règlement du dossier dans le cadre du dialogue.
La commission technique a fait un grand travail sur le sujet et les résultats de son travail ont eu l’approbation des syndicats, mais le gouvernement a préféré faire cavalier seul, ce qui a conduit au climat de tension actuel et à la grève générale programmée à la fin de ce mois.
Les syndicats sont conscients de l’importance de la réforme, mais veulent à tout prix éviter que les travailleurs supportent seuls le coût d’un désastre qu’ils n’ont pas causé.»

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