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La pire pénurie d'eau depuis 80 ans

Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Liban, dans la nuit de jeudi à vendredi et qui ont occasionné d’importants dégâts, ne peuvent occulter la terrible sécheresse que connaît ce pays. À l’approche de l’été, le pays du cèdre craint une sévère pénurie d’eau, la pire depuis 80 ans. De plus, le gaspillage, la vétusté des conduites et l’arrivée d’un million de réfugiés syriens ont fait chuter la disponibilité en eau.

La pire pénurie d'eau depuis 80 ans
L'arrivée d'un million de réfugiés au Liban, ici dans un camp du Sud, a accentué la pénurie en eau. Ph. Reuters

«Des incendies de forêt aux inondations... sans transition» c’est sous ce titre évocateur que «L’Orient Le Jour (OLJ)» rapporte que du Nord au Sud, de Baalbeck à Tyr, en passant par Beyrouth, le Liban avait hier les pieds dans l'eau.

Ces inondations contrastent avec la sécheresse de cette année, la pire depuis 80 ans. Le niveau de précipitations de la saison passée – de septembre à août – n'a été que de 431 millimètres (mm) contre 905,8 une année auparavant et une moyenne générale de 812 mm pour cette période de l'année, selon le service de météorologie cité par l’AFP. «Il faut remonter à 1932 pour trouver une année encore plus sèche avec 335 mm», explique Hadi Jaafar, maître de conférences au département d'Ingénierie de l'irrigation et de gestion de l'eau à l'Université américaine de Beyrouth cité par l’AFP.

La publication libanaise est allée à la rencontre d’une citoyenne qui témoigne qu’elle a dû commander de l'eau à quatre reprises entre janvier et février : «Nous sommes habitués à acheter de l'eau livrée par camions-citernes, quand l'eau assurée par la compagnie ne suffit plus, mais pas avant septembre-octobre, dit-elle. Si nous sommes obligés de le faire en hiver, que dire de l'été qui vient ?»
Cette appréhension est partagée par les climatologues libanais qui tirent la sonnette d’alarme dans les colonnes d’OLJ : «Quand on sait que la baisse de niveau (des nappes phréatiques) est d'une moyenne de trente centimètres par semaine, on mesure l'ampleur du désastre».

Habituellement, les agriculteurs irriguent leurs parcelles par l’eau des rivières qu’ils dévient grâce à des canaux. Mais l’hiver a été avare en pluie et ces cours d’eau se sont taris. Alors ils recourent aux eaux souterraines : «Nous allons pomper les nappes phréatiques, mais si la sécheresse se répète l'an prochain, il ne restera plus que 5% de ces eaux».

Le double drame des réfugiés syriens

La commission parlementaire des travaux publics et de l'énergie a appelé en avril, rappelle l’agence française, à créer une cellule de crise alors que le directeur général des Ressources hydrauliques et électriques au ministère de l'Énergie, Fadi Comair, s'alarme de la «situation réellement dramatique». Pour le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), l'augmentation du nombre de réfugiés syriens qui dépassent le million, aux côtés des quatre millions de Libanais, a provoqué une «forte chute» des ressources en eau renouvelable.
Le Liban possède 40 cours d'eau, dont 16 fleuves, mais le manque de barrages fait que 70% de ces ressources vont directement dans la Méditerranée.
En 2000, plusieurs projets avaient été lancés pour la construction de 27 barrages et lacs artificiels. Mais, déplore M. Comair, seul 1% des objectifs a été atteint, «parce qu'il n'y a pas la volonté politique». 

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