«Un Maghreb qui assure la libre circulation des biens et des services offre les possibilités infinies d'un marché d'environ 90 millions de personnes». C’est de ce Maghreb-là que la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, appelle de ses vœux. En effet, l’intégration entre les pays du Maghreb présente, selon les spécialistes, de grandes opportunités de développement et d’investissement. Certaines études parlent de 2 à 3% de croissance de plus qui viendront s’ajouter aux taux réalisés actuellement par les pays de la région. Selon une étude prospective 2005-2015, l’intégration des pays de la région est passible d’accroître le PIB réel par habitant de 34% pour l’Algérie, de 27% pour le Maroc et de 24% pour la Tunisie. Elle est aussi en mesure de faire gagner aux cinq pays 5 milliards de dollars en termes d’investissement. Le professeur Christophe Boutin, spécialiste en géopolitique, affirme dans l’une des ses récentes publications qu’à lui seul, le secteur électrique, pourrait économiser près de 25% de sa production si les centrales électriques maghrébines étaient totalement intégrées.
Au niveau des échanges commerciaux, cet expert souligne que «la comparaison des échanges entre les cinq pays du Maghreb et ceux observés dans certains regroupements régionaux de pays en développement fait ressortir un manque à gagner annuel de presque 980 millions de dollars». Les exportations dans le seul secteur agricole pourraient grimper de 45% en cas d’intégration, toujours selon le même spécialiste. Malgré tout cela, le Maghreb peine encore à trouver son chemin. Selon le professeur Boutin, ce retard s’explique par deux éléments. Il s’agit premièrement de la politique adoptée par certains États qui disposent d’une rente grâce aux exportations de leurs vastes ressources en hydrocarbures, pouvant ainsi satisfaire leurs dirigeants et acheter la paix sociale sans pour autant bâtir un système économique performant. Il s’agit deuxièmement, selon l’expert de «l’abcès de fixation que représente l’affaire du Sahara». Un conflit artificiel dont les acteurs indépendantistes ont été largement manipulés, soit par l’ancienne puissance colonisatrice, l’Espagne, soit par l’Algérie voisine.