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La maitrise de la gestion des ressources en eau permet de couvrir les besoins de tous les secteurs

Victime des aléas du changement climatique, le Maroc est de plus en plus confronté à la rareté des ressources en eau. Une note émanant du ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement a tiré la sonnette d’alarme sur la cote des barrages en cette période de l’année. Avec un taux de remplissage ne dépassant pas les 57,8%, les barrages du Royaume ont perdu plus de 2 milliards de m3 d’eau en un an.

La maitrise de la gestion des ressources en eau permet de couvrir les besoins de tous les secteurs
Certains barrages ont connu des baisses significatives de leurs réserves en eau.

Les réserves hydriques au Maroc sont en baisse. Un communiqué laconique rendu public avant-hier par le ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement fait état de chiffres inquiétants. Les retenues des principaux barrages du Royaume, tous usages confondus, sont passées de 11,36 milliards de m3 en août 2013 à seulement 9,06 milliards de m3 pour le mois en cours. Le taux de remplissage passe ainsi de 72,4% en 2013 à 57,8% en 2014, taux d’envasement inclus et qui dépasse le tiers des capacités des barrages.

Contactée par «le Matin», la ministre déléguée chargée de l'Eau, Charafat Afilal, se veut rassurante malgré tout. Pour elle, il n’y a pas de quoi s’alarmer. En effet, tout en réaffirmant la baisse importante des taux de remplissages des barrages par rapport à l’année dernière, la responsable tient à souligner que les réserves demeurent toutefois en mesure de satisfaire les besoins nationaux en eau potable et d'irrigation. Pour Mme Afilal, la maitrise des ressources hydriques du Maroc permet de subvenir à l'ensemble des besoins nationaux en eau. Sur le terrain, la situation est moins idyllique. Certaines régions sont sévèrement touchées, comme celles du Souss et du Haouz. Les chiffres indiquent que trois importants barrages sont dans le rouge. On parle de celui de M.B.A. Al Khattabi qui passe de 100 à 44,8%, Mokhtar Soussi qui passe de 92,8% à 14,8% seulement et Bin El Ouidane qui passé de 88,1% à 54,6%. À ce propos, la ministre a affirmé que certaines zones ont connu des anormalités très limitées dans l’approvisionnement en eau. «Des mesures opérationnelles ont été prises par les services concernés afin de contenir toute interruption», précise-t-elle. Sur le court terme, un programme d’urgence pour assurer l’approvisionnement de ces régions en eau est en cours d’élaboration. De nouveaux forages d’exploration viendront renforcer ceux déjà en place, souligne la même responsable. Parmi les points importants faisant partie de ce plan d’urgence, on cite aussi la rationalisation de la gestion des eaux des barrages pour l’irrigation dans la région pendant la période estivale, ainsi que le recours à la réutilisation des eaux usées épurées, pour l’arrosage des espaces verts, afin de soulager la pression des eaux douces. Pour le moyen terme, des mesures plus stratégiques devront être prises. À l’instar d’autres pays dans la même situation, le Maroc se dirigera vers la mise en place de stations de dessalement des eaux de mer. Dans ce sens, une station verra le jour au niveau de la ville d’Agadir afin de renforcer l’approvisionnement en eau pour toute la région. 


Questions à Charafat Afilal 

«La réserve d’eau actuelle est en mesure de satisfaire les besoins en eau potable et d’irrigation»

Le taux de remplissage des barrages recule d’année en année. Que prévoit votre département pour remédier à cela ?
Le taux de remplissage des barrages est lié directement aux volumes des apports d’eau enregistrés. L’apport moyen au niveau national a baissé au cours des dernières années sous l’effet des changements climatiques. Pour faire face à ce phénomène et pour assurer les besoins en eau de notre pays, la stratégie du ministère délégué chargé de l’Eau repose sur trois piliers, à savoir la gestion de la demande en eau, le développement de l’offre à travers la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles, et la préservation et la protection des ressources en eau. La réserve d’eau actuelle (57,3%) est certes inférieure à celle enregistrée l’année dernière, mais elle demeure toutefois en mesure de satisfaire les besoins nationaux en eau potable et d’irrigation.

Les régions du Souss et du Haouz semblent être le plus touchées par la pénurie d’eau. Que fait le gouvernement pour leur venir en aide ?
Certaines régions, notamment en milieu rural du Souss et du Haouz, ont connu des «anormalités très limitées» dans l’approvisionnement en eau, suite auxquelles des mesures opérationnelles ont été prises rapidement en vue de combler la carence constatée.
Des mesures d’urgence ont ainsi été prises. Je cite notamment les réunions tenues afin de mettre en place un programme d’urgence pour assurer l’approvisionnement de la région ; le renforcement des forages d’exploration ; la rationalisation de la gestion des eaux des barrages pour l’irrigation dans la région pendant la période estivale, en coordination avec le ministère de l’Agriculture et le recours aux eaux usées épurées pour l’arrosage des espaces verts, afin de soulager la pression sur les eaux douces. Et comme solution à moyen terme, je cite le projet en cours de la station de dessalement à Agadir. En plus de ces mesures d’urgence, des mesures à moyen terme sont en cours d’étude visant la réalisation des projets de renforcement de l'approvisionnement en eau.

Le Maroc fait face, comme beaucoup d'autres pays, à la sécheresse. Qu'est-ce qui est prévu pour assurer une gestion rationnelle des ressources en eau existantes ?
De par sa situation géographique, le Maroc est caractérisé par la limitation des ressources en eau avec une grande variabilité dans l’espace et par une alternance de séquences d’années de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse sévère, pouvant durer plusieurs années. En effet, le Maroc a connu plusieurs séquences de sécheresses variant d’une année sèche isolée à une période continue de 5 années successives. Pour faire face à ces situations, le Maroc s’est engagé depuis longtemps dans la voie de la maîtrise de ses ressources en eau, à travers la réalisation d’importantes infrastructures hydrauliques qui ont permis de satisfaire les besoins en eau pour différentes utilisations et dans différentes situations climatiques.
Pour consolider les acquis et relever les défis liés à la rareté de l’eau, une nouvelle impulsion visant le renforcement de la politique de l’eau a été amorcée, dont les grandes orientations sont basées sur trois piliers, à savoir : primo, la gestion de la demande et la valorisation des ressources en eau à travers la maîtrise de la demande en eau, la réduction des pertes d’eau et l’amélioration des efficiences ; secundo, la gestion et le développement de l’offre à travers la mobilisation des eaux de surface par les grands barrages et le recours aux eaux non conventionnelles (dessalement de l’eau de mer et réutilisation des eaux usées épurées) ; tertio, la protection des ressources en eau et du milieu naturel et l'adaptation aux changements climatiques.

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