Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Spécial Marche verte

Six millions de Marocaines ont subi un acte de violence dans leur vie

Dans le monde, plus d’une femme sur trois est victime de violence, que ce soit dans son foyer, au travail ou ailleurs. La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est l’occasion de sensibiliser le public à ce problème.

Six millions de Marocaines ont subi un acte de violence dans leur vie
La violence contre les femmes ne baisse pas car les agresseurs restent souvent impunis.

Tous les pays du monde célèbrent aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Un phénomène qui, malheureusement, prend une ampleur inquiétante dans le monde entier. D’après la dernière étude réalisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la violence à l’égard des femmes, ce fléau continue de s’étendre et d'avoir des conséquences dramatiques pour la santé mentale et physique des victimes. Le tiers des femmes dans le monde sont victimes de violences conjugales, «un niveau inacceptable», indique l’OMS dans son étude. Bien qu'elle relève une prise de conscience accrue de la gravité de cette question, l’organisation juge «insuffisants» les efforts consentis pour lutter contre ce fléau. En chiffres, entre 100 et 140 millions de femmes et de jeunes filles ont subi des mutilations génitales, environ 70 millions de filles ont été mariées avant l'âge de 18 ans et 7% des femmes risquent d'être victimes d'un viol durant leur vie.

Au Maroc, selon l’enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes réalisée par le Haut-Commissariat au Plan et publiée en 2011, il ressort que, sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans, près de 6 millions, soit 62,8%, ont subi un acte de violence sous une forme ou une autre durant l’année précédant l’enquête, et cette situation ne semble pas s’améliorer. Chaque jour, les médias nous rapportent des histoires aussi atroces les unes que les autres, comme le cas de la jeune femme de 17 ans à Marrakech qui a été défigurée par son mari qui venait de sortir de prison, il y a deux semaines. Il aura fallu aux médecins urgentistes pas moins de trente points de suture pour recoudre les plaies qu'elle avait au visage, aux mains et à la poitrine.
De nombreux efforts ont été entrepris par le gouvernement ainsi que la société civile pour lutter contre ce phénomène. Des actions de plaidoyer, de sensibilisation, et de formation, des centres d’écoute et des services d’hébergement ont été mis en place pour soutenir les femmes victimes de violence.

Cependant, cela reste insuffisant. Il est urgent de trouver des moyens plus efficaces pour éliminer les violences faites aux femmes. À cet effet, l'OMS appelle à davantage d'investissements de la part des États et des donateurs pour diminuer les discriminations contre les femmes, soulignant qu'il ne s'agit pas seulement d'une problématique sociale et criminelle, mais également de santé publique. Tous les facteurs qui perpétuent les discriminations entre les sexes, dans la loi ou les institutions, devraient être éliminés, estime l'Organisation. La lutte contre la stigmatisation des victimes, l'adoption de législations préventives s'appuyant sur la santé, la sécurité, l'éducation et la justice, ainsi que la promotion des comportements non violents figurent parmi les recommandations des auteurs de l'étude.
De son côté, l’ONU Femmes a lancé HeForShe, une campagne internationale pour encourager les hommes et les garçons à se faire les défenseurs et les agents du changement en vue d’instaurer l’égalité des sexes et de garantir les droits des femmes. Cette démarche consiste aussi à impliquer plus d’hommes et de garçons dans les initiatives pour contrer la violence, la dénoncer et la stopper.

«Un examen des avancées et des lacunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing est en cours au niveau international. Les données préliminaires indiquent que beaucoup de pays ont introduit des lois pour interdire, criminaliser et prévenir la violence contre les femmes. Pourtant, la mise en œuvre et la mise en application de ces lois sont inadéquates. Les dénonciations d’actes de violence restent peu nombreuses et l’impunité des agresseurs demeure élevée.

En outre, les ressources ne sont pas suffisamment bien affectées pour fournir des services de qualité et assurer des stratégies de prévention efficaces», souligne-t-on dans un communiqué de l’organisation onusienne publié à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Et d’ajouter «L’an prochain, lorsque se terminera l’initiative des Objectifs du millénaire pour le développement, la communauté internationale adoptera une nouvelle méthodologie pour le développement. La lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles doit occuper une place centrale dans ce nouveau cadre de travail». 

Lisez nos e-Papers