Menu
Search
Mardi 23 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 23 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Salon international de l'agriculture de Meknès

Le ministère de l’Emploi livre son diagnostic, en attendant la stratégie

Le département de Abdeslam Seddiki vient de publier un long rapport sur la situation de l'emploi au Maroc. Il s’agit de la première étape du processus d’élaboration de la Stratégie nationale pour l’emploi que le ministre avait promise pour cette fin d'année.

Ceux qui attendaient la Stratégie nationale pour l’emploi devront, pour le moment, se contenter d'un diagnostic. Le ministère de l’Emploi et des affaires sociales, a rendu public hier, jeudi 25 décembre, un rapport d'une centaine de pages intitulé «Étude de diagnostic sur la situation de l'emploi au Maroc». Un préalable à la formulation de la Stratégie nationale pour l’emploi (SNE), en cours de finalisation. Ce travail de diagnostic, engagé en 2013, a servi de base à l’élaboration des orientations et des choix stratégiques du plan de mise en œuvre de la SNE.
Selon le ministère, le diagnostic a été mené par une équipe d’experts marocains sur la base d’entretiens et de consultations avec l’ensemble des acteurs concernés par l’emploi. Il a bénéficié de la supervision d’un comité de suivi - composé de représentants du ministère, du Bureau international du travail (BIT) et de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) - et a été discuté et enrichi par les commentaires d’un Comité consultatif national (CCN), organe tripartite et interministériel.
Un des enseignements majeurs de ce diagnostic est que la SNE ne devrait pas se focaliser uniquement sur la lutte contre le chômage, mais devra traiter un ensemble de défis liés au développement économique, social et culturel plus vastes et plus complexes. Et ce, en ayant comme toile de fond ce constat maintes fois dressé : pour que le taux de chômage diminue de 0,15 point, il faut que le taux de croissance réelle dépasse les 2%.

Taux d’activité, un des plus bas au monde

Au Maroc, la population active occupée âgée de quinze ans et plus a augmenté (+1,4% par an entre 2000 et 2012) avec un taux de féminisation de l’emploi autour de 26%. La part des jeunes (15 à 24 ans) dans l’emploi a diminué de 25,2% à 16,4% sur la période. Selon le ministère, cette diminution est due à la prolongation de la scolarité et aux difficultés d’insertion des jeunes sur le marché du travail.
Le taux d’activité au Maroc est ainsi l’un des plus bas au monde, surtout en raison de la faible participation des jeunes et des femmes au marché du travail. Le taux d’activité des femmes est l’un des plus faibles dans la région MENA, soit 25% (18% dans les villes et 36% dans les campagnes). Seul un tiers des jeunes
(15 à 24 ans) participe au marché du travail (44% en milieu rural et 24% en milieu urbain). Le niveau général de qualification de la population active s’améliore, mais reste encore faible : 13% des actifs ont un diplôme de niveau supérieur, 27% ont un diplôme de niveau moyen et 60% n’ont aucun diplôme en 2012. Le niveau de qualification est aussi faible parmi les actifs ruraux : seuls 19,6% d’entre eux sont diplômés (contre 58% parmi les actifs urbains). Le niveau de qualification est également faible parmi les femmes actives, dont seul un tiers est diplômé, contre 42% des hommes actifs.

Réglementation du travail, une portée limitée

Le diagnostic des services de Abdeslam Seddiki relève aussi une faible couverture de la réglementation du travail. «Bien qu’en conformité avec presque la totalité des conventions internationales du travail, elle ne couvre qu’un tiers des travailleurs, à savoir les salariés ayant un contrat formel avec leur employeur», souligne l’étude. Le système de protection légale n’est pas adapté aux autres formes de travail et n’est pas assez inclusif. De même, le champ d’intervention de l’inspection du travail est limité aux entreprises du secteur formel.

Promotion de l’emploi : ça va dans tous les sens !

Une multitude d’acteurs intervient dans la promotion de l’emploi, mais sans réelle coordination des différents mesures et programmes. Ce diagnostic ne date pas d’aujourd’hui. Mais l’étude ajoute que les départements sectoriels interviennent dans la création de l’emploi à travers les plans sectoriels, mais «de façon implicite et sans cohérence, ni réelle coordination» avec le ministère de l’Emploi. Autre constat : les politiques et programmes publics pour la promotion de l’emploi présentent certaines limites. Il s’agit d’un ciblage limité des bénéficiaires : les jeunes chômeurs diplômés en zones urbaines sont la cible principale, alors que plus des deux tiers des chômeurs sont sans diplôme ou avec un niveau primaire.
D’autres catégories ne sont pas ciblées comme les travailleurs licenciés, les indépendants, les travailleurs ruraux et non rémunérés. L’étude de diagnostic pointe du doigt ensuite le ciblage de ces programmes qui reste limité aux grandes entreprises, alors que les PME constituent l’essentiel du tissu économique.

Le système d’intermédiation public à généraliser… et privé à dynamiser

L’étude de diagnostic estime que l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (Anapec) joue un rôle positif sur le marché du travail. Et ce, grâce notamment à sa fonction d’intermédiation, de facilitation de la circulation de l’information sur le marché du travail et ses conseillers en emploi. «Mais son impact reste limité», estiment les auteurs du rapport. Ses objectifs sont trop axés sur la quantité au détriment de la qualité et son ciblage est aussi qualifié de limité. «Malgré un effort réel de dissémination, le réseau d’agences de l’Anapec n’assure pas une couverture exhaustive et proportionnée du territoire», illustre le document. Ce dernier aborde aussi les intermédiaires privés du marché du travail, dont les actions «ne sont pas articulées». On estime ainsi le nombre d’agences privées de l’emploi (ARP) autorisées à 45 en 2013. Un chiffre «relativement faible», en raison notamment d’obstacles réglementaires (comme le paiement d’une caution équivalente à 50 fois le salaire minimum annuel). Le manque de cohérence en ce qui concerne l’intérim et l’intermédiation pose également des difficultés d’application. Pour le ministère, les instances de concertation sur l’emploi restent «peu opérationnelles et faiblement coordonnées». Le rapport de diagnostic considère aussi que le Conseil supérieur de la promotion de l’emploi (CSPE) a une action limitée aux programmes actifs de l’emploi. «Sa composition actuelle n’intègre pas des départements ministériels concernés également par les questions de l’emploi».

Politique de l’emploi, un financement encore limité

Les ressources budgétaires mobilisées par le ministère de l’Économie et des finances sont allouées au Fonds de promotion de l’emploi des jeunes (FPEJ) et au titre des budgets de fonctionnement de l’Anapec. «Dans le cadre de la SNE, ces ressources doivent être accrues et gérées dans le cadre de la gestion axée sur les résultats», recommande le rapport. Ce dernier estime aussi que les ressources budgétaires allouées aux départements sectoriels ne sont pas déterminées par l’impact des plans sectoriels sur l’emploi. Alors qu’elles pourraient faire l’objet d’un examen approfondi afin de maximiser l’impact de ces plans sur la création d’emplois décents. 

Lisez nos e-Papers