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ALECA : les opérateurs s'affolent

L'Accord de libre-échange complet et approfondi donne des sueurs froides aux opérateurs marocains. À mesure que les négociations avancent, l'inquiétude monte. Le milieu des affaires redoute une «fausse réciprocité».

C’est la psychose chez les opérateurs. La source de leur angoisse ? Le projet d’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre le Maroc et l’Union européenne. Alors qu’ils paraissaient insouciants, voilà que l’inquiétude s'intensifie à mesure que les négociations avancent. Le quatrième round est prévu, en principe, au deuxième trimestre de cette année.

Cette montée d’adrénaline dans le milieu des affaires marocain était fortement perceptible lors de la rencontre-débat organisée jeudi dernier à Casablanca par l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) et la Fédération du commerce et des services de la CGEM. Appréhensions, angoisse, craintes, inquiétudes, alarme, alerte… Le registre linguistique utilisé ce jour-là en dit long sur les appréhensions des opérateurs.
Et c’est Younes Zrikem, président de la commission du commerce extérieur de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), qui a ouvert le bal, en rapportant tout ce que les opérateurs reprochent à cet accord.

Il a pointé du doigt notamment la méthode de travail dans les négociations de cet accord, qui, d’après lui, ne diffère en rien de celle adoptée par le passé par les pouvoirs publics pour les accords de libre-échange (ALE) signés par le Maroc. Cette méthode pèche, selon Zrikem, par des dysfonctionnements tel le changement du négociateur marocain de cet accord trois fois en trois ans. Il critique aussi le manque de concertation public-privé, mais également entre les départements ministériels concernés. Il nuance, toutefois, que le privé n’est pas exempt de tout reproche. En effet, note Zrikem, le privé se montre incapable d’exprimer un point de vue explicite et précis à propos de cet accord. Et comme le dira Bachir Rachdi du Conseil économique, social et environnemental (CESE) : les opérateurs savent ce qu’ils ne veulent pas, mais pas ce qu’ils veulent. Ils doivent être une force de proposition au lieu de se contenter de vouloir bloquer les négociations, relèvent ces deux intervenants, confortés par d’autres.
Les intervenants ont également exprimé leurs appréhensions par rapport au calendrier des négociations. La partie européenne se montrerait pressée pour conclure l'ALECA, en avançant la date de septembre prochain pour le faire aboutir.

Ils craignent aussi une ouverture asymétrique des marchés de part et d’autre, ce qui se traduira par «une fausse réciprocité». En effet, expliquent les intervenants, les opérateurs européens pourront prendre facilement des marchés, notamment publics, au Maroc, alors les Marocains auront de grandes difficultés à s’imposer sur les marchés européens. D'autant plus que le Royaume est en retard sur la réglementation, alors qu’il est tenu de converger vers les standards européens. D'ailleurs pour les services, les spécialistes font remarquer que les acquis communautaires en termes de réglementation ne sont pas toujours respectés. D'où la difficulté pour le Maroc de s'aligner. En outre, pour des activités comme la grande distribution, il n’y a rien à négocier, puisque le Maroc n’a tout simplement pas de réglementation pour ce secteur, martèle Zrikem.
Les différents intervenants ont également déploré l’absence d’études d’impact de l’ALECA et insisté sur la mobilité des personnes comme condition à exiger dans cet accord.

Tentant de dissiper ces craintes, Latifa Bouabdellaoui, directrice des Relations commerciales internationales, au département du Commerce extérieur et négociatrice de l’ALECA, a précisé que c’est le Maroc qui a demandé la conclusion de cet accord et non l’inverse. De ce fait, argue-t-elle, il ne se laissera pas dicter par l’autre partie ni le calendrier, ni le contenu de cet accord. Le Maroc, rassure Bouabdellaoui, prendra tout le temps qu’il faut pour faire aboutir les négociations afin d’avoir un accord équilibré et qui prenne en compte les intérêts du pays, aussi bien sur le plan macro que micro. Elle a ainsi appelé les professionnels à s’impliquer davantage, en répondant présent quand ils sont invités par le ministère. 

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