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Les familles dénoncent une «confiscation des preuves»

L'avocat des familles des moines de Tibéhirine, assassinés en Algérie en 1996, a dénoncé hier jeudi une «confiscation des preuves» par l'Algérie, qui a refusé que le juge d'instruction français rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles des religieux assassinés.

Les familles dénoncent une «confiscation des preuves»
Le juge antiterroriste français Marc Trévidic avait à maintes reprises dénoncé le blocage par les autorités algériennes du le déroulement de l'enquête sur l'assassinat des moines. Sur la photo le monastère où ils officiaient.

Lors d'une conférence de presse à Paris, Me Patrick Baudouin, cité par l'AFP, a souligné la «terrible déception» des familles de voir les investigations bloquées «par ce refus de transfert en France des prélèvements opérés» par l'équipe du juge Marc Trevidic qui s'est rendu la semaine dernière en Algérie. Les moines Christian de Cherge, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère où ils avaient choisi de demeurer malgré les risques liés à la guerre civile ravageant le pays. Le Groupement islamique armé (GIA) revendique le rapt. Le 21 mai 1996, il annonce l'exécution des moines.
Neuf jours plus tard, les têtes des religieux sont découvertes au bord d'une route de montagne. On ne retrouvera jamais les corps.

Les enquêteurs français cherchent à identifier les responsables de leur mort : le GIA qui a revendiqué leur enlèvement puis leur exécution, l'armée algérienne lors d'une bavure en se lançant à leur recherche, ou les services secrets algériens dans une opération de manipulation destinée à discréditer les islamistes ? Si Me Baudouin a reconnu une certaine «satisfaction d'avoir enfin pu avoir cette visite», il a déploré «une situation vraiment plus inadmissible que jamais». «On est en train de nous priver des preuves qui ont été rassemblées», a insisté l'avocat des parties civiles, selon la même source. «Il y a une confiscation de ces preuves par les autorités algériennes et donc une poursuite du blocage et des entraves que nous avons constamment rencontrées au fil de l'évolution de ce dossier», a-t-il ajouté. Selon lui, si ce blocage persiste «on pourra en déduire que c'est une sorte d'aveu, de reconnaissance d'une implication des services algériens».

La thèse officielle d'un crime perpétré par des islamistes a été remise en cause et l'enquête envisage aussi la piste d'une bavure de l'armée algérienne ou d'une manipulation des services militaires algériens pour discréditer le Groupe islamique armé (GIA) ou se débarrasser des moines.
Les expertises des crânes des moines, seules parties de leurs dépouilles retrouvées, avaient pour but de tenter d'éclairer les enquêteurs sur les conditions des assassinats, et notamment d'aider à établir si la décapitation a été réalisée avant ou après la mort des religieux.

Visite plusieurs fois reportée

Une décapitation post-mortem pourrait accréditer la thèse d'une manipulation pour dissimuler les causes réelles de la mort et faire croire à l'implication des islamistes. Cette entrave pour établir la vérité intervient après plusieurs refus d'Alger de la venue des magistrats français pour enquêter sur le sol algérien. À deux reprises cette année, la visite en Algérie du juge antiterroriste parisien Marc Trévidic avait été reportée par les autorités d’Alger. Le feu vert est finalement arrivé en septembre et le déplacement a été programmé pour les 12 et 13 octobre.
Le juge et à sa consœur Nathalie Poux ont obtenu d’Alger l’accord de principe pour assister à l’exhumation et l’autopsie d’une partie des corps des sept moines enlevés en 1996. L’autorisation algérienne aura mis près d’un an à se concrétiser. 

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