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Comment éviter la cyberdépendance chez les enfants ?

Ordinateurs, tablettes, smartphones… la majorité des enfants adorent les nouvelles technologies et passent beaucoup de temps plongés dans leur monde virtuel, mais attention aux dérapages !

Comment éviter la cyberdépendance chez les enfants ?
Dès leur plus jeune âge, les enfants sont obnubilés par les jeux électroniques.

De nos jours, les enfants, dès leur plus jeune âge, sont très attirés par les nouvelles technologies, ce qui est tout à fait normal. Ils sont nés avec, ou presque, et trouvent dans tous ces outils bien des réponses à leur quête de liberté et de soi. Les parents, souvent débordés, sont tentés de laisser leurs jeunes enfants «en compagnie» de ces outils. Croyant que cela ne peut être que bénéfique pour le développement de leurs bambins, les parents n’imposent en général aucune limite ni règle quand leurs enfants commencent à jouer avec ces appareils. Il arrive souvent que ces enfants fassent un usage excessif de ces technologies, ce qui n’est pas toujours bénéfique.

Ordinateurs, tablettes, smartphones… peuvent être de simples divertissements, mais quand ils deviennent addictifs, des déséquilibres se produisent chez l'enfant. Trop de temps passé devant un écran pourrait avoir une influence sur le comportement de l’enfant : baisse de l'empathie, difficulté à communiquer avec les autres et à se concentrer… Passer plusieurs heures par jour devant l’écran d’une télé ou d’une tablette ou d'un autre appareil pourrait avoir un effet négatif sur les compétences sociales chez l’enfant qui devient un spectateur passif. Il n’est plus en interaction avec l’autre. Ce temps précieux est donc perdu pour entraîner ses compétences sociales. D’après les spécialistes, la dépendance aux nouvelles technologies se traduit progressivement par le besoin de passer de plus en plus de temps devant son appareil fétiche, avec une incapacité à stopper cette activité. Obligatoirement, cela se fait au détriment des autres occupations. Un enfant va ainsi abandonner ses autres loisirs, ses activités sportives, il va négliger ses amis, ses devoirs, l'école. Il se désocialise alors petit à petit. Mais la dépendance s'accompagne également de changements psychologiques et d'humeur, de type sentiment de vide, agressivité, mensonges...

Et enfin, les conséquences de la cyberdépendance sont physiques. Certaines sont flagrantes comme les troubles du sommeil et de l'alimentation, la migraine, le mal de dos, le syndrome du canal carpien… Pour éviter tout cela, les parents doivent fixer des règles. Ils doivent garder le contrôle, montrer que c’est eux qui décident. Avant chaque utilisation, il faut annoncer combien de temps l’enfant peut jouer avec son appareil. Ce dernier doit dire «D’accord !» Il est également recommandé de privilégier le jeu partagé et de rester aux côtés de l’enfant quand c’est possible. La présence parentale est souvent requise pour accompagner l’enfant dans la découverte du monde virtuel. Il faut aussi demander à l’enfant de jouer avec son outil uniquement dans le salon ou dans une pièce où une autre personne est présente.

Le monde virtuel coupe l’enfant du monde réel. Être seul dans la chambre d’enfant augmente cet effet d’isolation. Aussi, l’usage des nouvelles technologies devrait être interdit le soir avant le coucher, car cela excite l’enfant et nuit à son sommeil. Les parents ne doivent pas oublier qu’ils sont un modèle de comportement pour leur enfant.
Leur style de vie va façonner celui de leur bambin. En lisant, en faisant du sport, en passant du temps avec la famille et les amis, en sortant dehors, en jouant à des jeux de société avec les enfants. Toutes les activités vont servir d’exemple à l’enfant. 

Explications : Bernard Corbel psychologue

«Plus nous sommes passifs en tant qu'éducateurs et plus les nouvelles technologies vont se substituer à nous»

Les enfants d'aujourd'hui, dès leur plus jeune âge, sont trop exposés aux nouvelles technologies (portables, tablettes, ordinateurs...), est-ce une bonne chose ?
Les enfants de demain vivent dès aujourd'hui dans un univers où les technologies nouvelles tiennent une place prépondérante. À ces nouvelles technologies, véritables extensions du cerveau des humains, correspond une forme de mutation de l'espèce humaine. Elles sont devenues aujourd'hui incontournables. Ces technologies sont parfaitement adaptées aux besoins de communication, de mémoire et d'accès à l'information dont les humains ont rêvé depuis des temps reculés.
La question n'est pas de savoir si elles sont bonnes ou mauvaises, mais comment les intégrer dans notre quotidien, et donc celui des enfants, avec le maximum de bienfaits et le minimum d'effets néfastes. Les technologies sont, en fait, comme des boîtes noires et sont en elles-mêmes neutres. Il faut par contre savoir ce qu'on y place à l'intérieur comme logiciels. Doivent-elles servir essentiellement aux jeux, dans ces jeux tout est-il permis ? Si la société doit exercer une régulation, c'est au niveau de la conception et de la diffusion des logiciels qu'il convient d'opérer. À défaut, les parents devraient s'intéresser de près aux contenus et s'assurer qu'ils sont compatibles avec leurs attentes éducatives.

Comment les parents peuvent-ils limiter le temps que les enfants consacrent à ces nouvelles technologies ?
Plus nous sommes passifs en tant qu'éducateurs et plus les nouvelles technologies vont se substituer à nous. Les éducateurs (parents, enseignants) doivent proposer, et parfois imposer, des temps éducatifs ou ludiques où l'interaction humaine est prépondérante, comme dans les jeux de société, le travail en équipe et les sports, et où le temps d'écoute et de parole est un axe essentiel. À défaut, les nouvelles technologies auront raison des éducateurs. Les enfants apprennent réellement grâce aux technologies et celles-ci font partie de leur adaptation à la vie. Ils doivent savoir les manier et savoir obtenir, grâce à elles, les informations dont ils ont besoin. Mais les humains, pour leur épanouissement, doivent vivre en communauté et avoir un taux de relations verbales et non verbales important. Les nouvelles technologies proposent de telles choses, mais en supprimant la partie non verbale de la communication, partie qui fait appel à une sensorialité pleine. Cette suppression est ce qui pose problème, car le bonheur humain réside fondamentalement dans l'aptitude à communiquer de façon non verbale et jusqu'au contact physique. C'est dans cet espace que l'amour et l'attachement se déploient.

Certains parents, heureux de voir leur enfant «high- tech», le laissent sans aucun contrôle, que pensez-vous de cela ?
Les parents doivent prendre conscience qu'ils sont en compétition avec les nouvelles technologies. L'enfant sait très tôt que ce que ses parents ne peuvent lui offrir en matière de plaisir, d'occupation et de transmission du savoir ces petites machines vont le lui procurer. Toutefois, l'enfant n'est pas conscient qu’il court le risque de se retrouver isolé et comme un autiste au sein de la communauté humaine non virtuelle.
Les parents doivent proposer des moments de vie à valeur ajoutée en matière d'échange et d'amitié. Ils doivent, si possible, se servir eux aussi des machines et ne pas laisser naître deux mondes séparés par un fossé de non-communication. Ils doivent intégrer ce monde nouveau et en même temps être les garants d'un monde de chair et de sentiments irremplaçable. Ils doivent aussi connaître les logiciels qui se trouvent dans les petites machines et s'assurer qu'ils transmettent des valeurs compatibles avec les leurs. Enfin et surtout, ils auront à s'assurer que l'accès au Web est maîtrisé et sans risque : à défaut, l'enfant aura accès aux sites et aux réseaux de pornographie, de pédophilie et de propagande religieuse et politique.

Croyez-vous qu'il serait bénéfique d'introduire et d'utiliser de plus en plus les nouvelles technologies à l'école ?
Il ne faut pas passer à côté de l'évolution culturelle. Les machines high-tech de l'information et de la communication vont s'imposer dans le monde éducatif parce qu'elles donnent des pouvoirs considérables au système éducatif. Elles sont déjà incontournables. Les cahiers de papier vont probablement disparaître et les cartables ne plus contenir qu'une tablette avec laquelle l'enfant sera relié avec toutes les bases de connaissance : les cours, la bibliothèque et les didacticiels qui lui permettent d'acquérir les savoir-faire nécessaires. Il conversera par messagerie avec ses enseignants et ses camarades de classe et d'autres de par le monde.
La grande question que pose l'intégration des technologies dans le système éducatif est celle de la formation des enseignants, sachant que les enfants apprennent plus vite que les adultes. Il faut donc une nouvelle génération d'enseignants capables d'utiliser ces technologies, Web y compris, de s'y intégrer et de montrer une voie nouvelle qui intègre habileté et critique, une capacité de self défense et de réaction individuelle et groupale face aux sites ou aux logiciels dangereux.

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témoignage: Hanae, 35 ans, maman de Wael, 7 ans

«Mon enfant passe tout son temps à jouer avec son smartphone»

«Mon fils raffole des nouvelles technologies. Il passe tout son temps à jouer avec mon smartphone ou bien celui de son père. Il y a quelques jours, son oncle lui a offert une tablette tactile à l’occasion de son anniversaire et depuis il ne la lâche plus. Il télécharge des jeux, de nouvelles applications… il lui arrive souvent de refuser de manger ou de se coucher, car il ne veut pas arrêter de jouer. De nos jours, il est presque impossible d’éviter aux enfants le contact avec ces nouvelles technologies, mais j’ai peur qu’il en abuse. Tout le monde me dit que c’est normal et que c’est “la génération Internet”, mais je ne veux pas que me enfant devienne dépendant de ces objets et qu’il ne vive pas sa vie normalement comme on a grandi.»


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