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Jeudi 28 Mars 2024
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Un rendez-vous très attendu

Très prisée par les jeûneurs, la Nuit du destin marque à la fois les derniers du jour du Ramadan et annonce une veillée spirituelle jusqu’à l’aube. À cette occasion, les enfants aussi sont en fête, célébrant leur premier jour de jeûne…

Un rendez-vous très attendu
Les enfants sont tout heureux d'être parés de leurs plus beaux atours, la veille du 27e jour du Ramadan.

Pour les Marocains, la Nuit du destin (Lailat Al Qadr), célébrée le 27e jour du mois sacré, est sans conteste le jour le plus important du Ramadan. Cette nuit-là, les fidèles se rendent à la mosquée et veillent jusqu'à l'aube en récitant des versets du Coran. Mais pas seulement. Avant, il était de coutume que les mères, dès la rupture du jeûne, versent du lait dans les égouts en guise d’offrande. Aujourd’hui, elles répandent plutôt de l’encens dans toute la maison pour chasser les mauvais esprits, qui seraient, à ce qu'on dit, habituellement relâchés cette même nuit. Les enfants sont sans conteste les stars de cette journée. Ces derniers sont au centre de toutes les attentions. Et pour cause : ils jeûnent pour la première fois. Mais il n’est pas toujours facile pour l’enfant d’oublier que son estomac crie famine.

Pour l’occuper, certains parents recourent à divers stratagèmes. Certains vont au zoo, d’autres improvisent des leçons de cuisine (pour les filles surtout). Il arrive également que certains parents soient plus laxistes que de coutume. «Mon fils adore les jeux vidéos, en temps normal, à l’heure des repas, je dois l’appeler plusieurs fois pour qu’il daigne venir manger. Alors quand il jeûne, je ne lui crie pas dessus, c’est la seule façon pour lui d’oublier qu’il a faim…», déclare une jeune maman.

La tradition veut aussi que les petites filles et les petits garçons célèbrent cette journée mémorable dans un cadre festif. «À l’heure du ftour, l’enfant à une place d’honneur autour d’une table bien garnie, et on lui organise une petite cérémonie pour l’encourager à le faire plus souvent», déclare Fatiha, maman de la petite Loubna.
En effet, on dresse généralement une table spéciale composée de plats traditionnels dont l’enfant raffole. «Pour mon premier jour, c'était un plat de trid, une datte et un verre de lait», se rappelle Loubna.
L’enfant est souvent entouré de quelques invités de son âge : cousins, cousines, frères et sœurs, pour que celui-ci ne se sente pas seul. En effet, jeûner en compagnie des personnes que l’on aime, et avec lesquelles on partage la même première expérience, rassure l’enfant.

Certaines familles aisées font même appel à une animation musicale pour rythmer la soirée du petit jeûneur. Quand vient la rupture du jeûne, toute la famille se réunit autour de la table du ftour pour un festin royal. Et comme chaque cérémonie est l'occasion de préparer des mets somptueux, il est de coutume de préparer le couscous, ou autre, selon les régions, et d'inviter toute la famille pour renforcer les liens les unissant. Mais la journée n’est pas encore terminée. Une fois le ventre bien rempli, on procède au maquillage de la petite fille et à son habillement. Vêtue d’un caftan traditionnel, arborant de précieux bijoux et chaussant des babouches, ce sont de vraies petites mariées. Aussi, des cérémonies de henné sont organisées pour l'occasion. Les garçons, eux, portent souvent des djellabas ou des «jabadors», des babouches aux pieds et, sur la tête, un «tarbouche» ou une «amama». Bien que ce soient généralement les proches qui s’occupent de l’enfant, certaines familles préfèrent s’offrir des «neggafates». Une fois les enfants habillés, tels les héros d’un conte des «Mille et une nuits», les familles se promènent avec leurs enfants dans les principales artères de la ville, sans oublier de passer par la case «photographe» afin d’immortaliser cette journée.

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