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Focus sur la vision cinématographique des jeunes

Dans le cadre des activités de la onzième édition du Festival international du film transsaharien de Zagora, une conférence s'est tenue sur la thématique «Le cinéma et les jeunes».

Focus sur la vision cinématographique des jeunes
Le réalisateur et producteur Saâd Chraïbi s’interroge sur le rôle des jeunes dans le domaine du cinéma.

S’interroger et débattre de la position des jeunes Marocains vis-à-vis du cinéma soit en tant que récepteurs ou participants, est le sujet de cette rencontre animée par le cinéaste Saâd Chraibi, le critique de cinéma Ahmed Fertat et le réalisateur-scénariste égyptien Ahmed Rashwan.

Un choix qui vient à point nommé, vu que cette thématique concerne une tranche importante de notre société.
Il s’agit de tous ces jeunes qui constitueront la relève de demain. Un sujet qui a interpellé le réalisateur et producteur Saâd Chraibi à s’interroger sur le rôle des jeunes, soit en simples spectateurs ou comme acteurs potentiels dans le domaine. Quelles sont les influences qu’ils ont subies comme consommateurs actifs ou passifs ? Est-ce que ces jeunes ont le souci ou non de la culture cinématographique ? Ce sont, entre autres, les questions auxquelles il a répondu dans son intervention.

«Dans ce contexte, je vais parler de mes expériences. Il y a vingt ans, quand on écrivait un rôle pour un jeune, c’était difficile de trouver celui qui avait les compétences pour ce rôle. Actuellement, ce n’est pas le cas, du fait qu’il y a plusieurs écoles et instituts qui font des formations cinématographiques. Ceci a été très important pour notre cinéma. Par ailleurs, dans le cas des jeunes réalisateurs, nous nous retrouvons devant un parallélisme entre la prise en charge cinématographique et l’outil technologique. Cette technologie de pointe les a amenés à faire les choses rapidement. Alors que la manière de produire un film repose sur toute une vision sociétale, culturelle, esthétique…

C’est-à-dire toutes les composantes cinématographiques pour produire un film», souligne Saâd Chraibi, en insistant sur le fait que le danger réside dans la disparition de cette vision créative et dramaturgique. Ce qui va mener à un travail précipité qui n’a aucune référence. Et là, le cinéaste Chraibi a posé le dilemme de la rupture avec le passé et celui du renouveau qui doit impérativement s’imposer. «Dans ce cas, on ne doit pas uniquement se pencher sur la technique, mais il faut, également, penser à la manière d’aborder le sujet. D’où la corrélation qui s’impose entre continuité, rupture et renouveau».

Le professeur Ahmed Fertat, quant à lui, a fait état de la présence aussi bien d’une rupture chez les uns et d’une continuité chez d’autres, tout en soulevant le côté qualité dans le cinéma de la première génération. «C’est vrai que nos productions étaient comptées sur le bout des doigts. Mais, elles étaient avancées sur le plan de l’écriture, vu que nous avions un cinéma d’auteur. C’est à partir du milieu des années 90 qu’un changement s’est opéré avec l’avènement d’autres cinéastes. Ce qui a constitué une sorte de charnière avec un nouveau souffle qui s’est perpétué avec les jeunes réalisateurs venus de l’extérieur.

Ce mouvement, tout à fait normal, a donné naissance à des œuvres très originales, qui peuvent plaire ou non. Mais, elles apportent du nouveau. Ce sont des films où les jeunes réalisateurs se sont aventurés et ont pris des risques. Toutefois, cette diversité a constitué un dynamisme dans le secteur cinématographique marocain où plusieurs réalisateurs ont cassé les carcans et apporté de nouvelles visions sur la société», précise Ahmed Fertat. De par sa fonction d’enseignant et d’éducateur, M. Fertat a insisté sur la nécessité d’inculquer aux jeunes une culture cinématographique depuis l’école primaire. Car, selon lui, la réception est très importante pour comprendre le cinéma et le soutenir. De son côté, le réalisateur et scénariste Ahmed Rashwan a assuré que les écoles privées et la nouvelle technologie avaient eu un vrai impact sur l’évolution du cinéma et sa richesse, tout en expliquant que le cinéma égyptien ne s’était jamais soucié des jeunes et de leurs problèmes. «Le cinéma en Égypte a travaillé surtout le côté commercial. Les jeunes ne se retrouvent pas dans ces productions. Ce n’est qu’à partir des années 2000 que des jeunes ont commencé à produire des courts métrages, puis d’autres se sont lancés dans le tournage des longs métrages où ils ont relaté leurs propres problématiques. Ce qui a créé une vraie contradiction vis-à-vis des films de leurs prédécesseurs, car ceux-ci offrent des visions qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir».

Un débat très constructif qui nous montre que ces jeunes cinéastes sont à même ou non d’amener un souffle nouveau à la production filmique marocaine, faisant de l’appareil cinématographique un moyen d’extériorisation de leur potentiel créateur et de leur esprit récalcitrant à toute forme d’expression normative, prisonnière de canons réductionnistes.

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