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Les femmes victimes d’injustice aussi dans la vie économique

Le Conseil économique, social et environnemental dresse un constat accablant de la situation femme/homme dans la vie économique. Dans son dernier rapport, le Conseil pointe du doigt la régression de la participation économique des femmes.

Les femmes victimes d’injustice  aussi dans la vie économique
Outre le sous-emploi, la moitié des citadines travaillent sans contrat de travail.

Au Maroc, la participation économique des femmes reste au-dessous du niveau mondial. En effet, moins du quart des femmes en âge de travailler dispose d’un emploi. En 2013, le taux d’emploi féminin était de 22,7%, alors qu’il avoisinait 50% au niveau mondial. Cette proportion est appelée à baisser dans les années à venir, selon le Haut Commissariat au Plan.

De 2000 à 2013, le taux d’activité des femmes est passé de 28,1% à 25,1%, soit 3 fois moins que celui des hommes. Ce taux est particulièrement plus bas en milieu urbain (17,5%), que dans le rural (36,8%). En conséquence, le nombre de femmes au foyer a augmenté «plus vite» que la population féminine en âge d’activité. Il est passé de 6 à 7,3 millions entre 2000 et 2013. Ainsi, près de 6 femmes sur 10, en âge d’être actives, sont considérées comme femmes au foyer. Ce qui constitue une perte en termes de capital humain, en plus du manque à gagner sur le plan économique, selon le CESE.

L’autre constat alarmant est l’emploi précoce des femmes. 73,2% des femmes rurales se mettent au travail avant l’âge de 15 ans, contre 11,9% des citadines et 59,8% des hommes en milieu rural, précise le rapport du Conseil économique, social et environnemental. Le travail des enfants explique en grande partie le phénomène de la déperdition scolaire. De manière générale, le CESE met à nu les violations des droits des femmes en matière d’emploi. Pour les rédacteurs du rapport, le travail des femmes au Maroc ne répond pas encore pleinement aux caractéristiques du travail décent, tel que défini par l’Organisation internationale du travail, «un travail productif et convenablement rémunéré, assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d’une protection sociale pour la famille du travailleur».

Dans cette lignée, le rapport affirme que l’activité non rémunérée des femmes est un phénomène massif en milieu rural. Près des trois quarts des femmes rurales actives en emploi (73,6%) travaillent en tant qu’aides familiales et ne perçoivent pas de rémunération. Le travail non rémunéré au Maroc s’étend à des activités productives qui ont une valeur marchande.

Le sous-emploi frappe de plein fouet les femmes urbaines. En 2012, ce phénomène a concerné 125.000 femmes actives occupées, dont 88.000 citadines. Ce qui représente un taux de 8,8% et touche essentiellement les indépendantes (10,2%) et les salariées (8,6%). Outre le sous-emploi, la moitié des citadines travaillent sans contrat de travail. «Seulement 37,5% des femmes actives citadines et 8,7% en milieu rural disposent d’un contrat écrit et à durée indéterminée», précise le rapport.

Autre constat illustrant l’injustice touchant les femmes sur le plan professionnel : «La quasi-totalité des femmes actives occupées en milieu rural (98,8%) et plus de la moitié en milieu urbain (53,3%) ne disposent pas de la couverture médicale». La couverture sociale n’est pas en reste. Les femmes restent peu couvertes socialement. Ceci est dû à leur faible accès au marché du travail formel. Ainsi, l’analyse genre de la population des personnes âgées, menée par le HCP en 2006, révèle que seuls 3% des femmes bénéficient d’une retraite, contre, 30,4% des hommes. Idem pour l’assurance maladie : seuls 8,5% des femmes en bénéficient, contre 18,5% pour les hommes. Non seulement les femmes sont exclues de la protection sociale, mais elles sont aussi exposées à un veuvage précoce qui les «condamne à s’enliser dans la précarité». S’agissant de la nature de l’activité des femmes, elle est marquée par une forte concentration dans les secteurs d’activité à faible qualification. En milieu rural, 93,2% de la population féminine active occupée exerce dans le secteur de l’agriculture, de la forêt et de la pêche (contre 64,9% pour les hommes). Les services occupent 68,6% des citadines. Par ailleurs, le CESE a été catégorique en affirmant que «les 3 programmes de promotion de l'emploi (Idmaj, Taahil et Moukawalati) n'apportent pas de réponse adéquate aux défis de l’emploi des femmes, tant au niveau de la conception, de la mise en œuvre que du suivi et de l’évaluation». Idem pour le plan d’urgence de la formation professionnelle qui ne présente aucune sensibilité genre dans les mesures qu’il préconise. 

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