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Jeudi 28 Mars 2024
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Le doudou, l'ami indéfectible

Ourson, lapin, éléphant en peluche…, le doudou est une partie intégrante de la vie enfantine. Certains enfants ne s’en séparent presque jamais. Mais passé dix ans, le doudou n'est-il pas une entrave à l'évolution de ceux-ci ?

Le doudou, l'ami indéfectible
Le doudou permet à l'enfant de se libérer de ses peurs et de ses angoisses.

Pendant sa première année de vie, le bébé est très attaché à sa maman. Ce n’est qu’au bout de quelques mois d’apprentissage qu'il arrive à réaliser qu’il est une personne à part entière, de même que sa mère, qu’il doit partager avec un papa et éventuellement avec des frères et des sœurs.
Il comprend alors qu’il doit faire face à des angoisses qui apparaissent petit à petit, comme la peur de l’abandon, la solitude... et c’est en essayant d’affronter ces angoisses que certains bébés s’attachent à un doudou (bien que certains bébés n’en aient pas forcément besoin). Le doudou peut entrer dans la vie de l’enfant vers 7-8 mois. Cet objet de substitution le rassure en l’absence de maman. Il représente ainsi la douceur et la sécurité dont bébé a besoin.

Généralement choisi par l'enfant, le doudou est chargé de nombreux affects qui l’aident à lutter contre l'angoisse de séparation. Notamment au moment du coucher. D’après les spécialistes, l'enfant va pouvoir s'abandonner au sommeil sans crainte, grâce à la présence de son doudou. La présence de cet objet permet, en effet, à bébé de passer de l’éveil au sommeil, même en l’absence de ses parents. Il va permettre d’être le bouclier protecteur face aux cauchemars, face à l’inconnu. Et comme l’enfant pense qu’il est également une partie de lui-même (odeurs et toucher familiers), il autorassure le tout petit tout en étant le premier objet nettement différencié du sujet, de lui-même.
Pour l’enfant, le doudou représente une passerelle entre réel et imaginaire, présence et absence, sécurité et aventure. On comprend mieux maintenant pourquoi le bébé s’accroche très fort à son doudou lorsque sa mère le dépose à la crèche par exemple. Le doudou peut s’avérer un solide partenaire au moment de la séparation d’avec le parent. L’enfant s’y réfère pour calmer sa colère, sa tristesse. On observe même les plus grands s’empresser de donner doudous et tétines aux enfants qui pleurent un peu trop à leur goût. Il est impressionnant de voir les capacités des jeunes enfants à repérer à qui appartiennent peluches et autres objets de leurs camarades en collectivité.
La relation entre l’enfant et le doudou peut être plus ou moins forte et peut durer plusieurs années. À partir de 7-8 ans, certains enfants commencent à ranger leur doudou dans leur placard, à ne plus en avoir sur leur lit ou à les abandonner au petit dernier. D’autres, en revanche, les gardent. Sans jouer avec, ils ont besoin d’avoir toujours près d’eux ce petit monde lié à leur enfance.

À 11-12 ans, des peluches sont encore installées au pied de leur lit : elles servent alors à apaiser les premiers chagrins d’amitié, à supporter les angoisses liées à cet âge (l’entrée au collège, les premiers frémissements de l’adolescence). À l’approche de la puberté, elles peuvent même aider à trouver un équilibre affectif.
Ça ne sert à rien de les interdire sous prétexte qu’il n’a plus l’âge d’en avoir. Il faut respecter l’univers de sa chambre et lui laisser le temps de se détacher de ces symboles de l’enfance. D’autant qu’elles ont parfois une valeur sentimentale : c’est le petit ours d’une grand-mère qui n’est plus de ce monde, le singe offert à la naissance par sa tante… Il y tient, tout simplement. Il n’y a donc rien d’anormal à être un grand et à aimer des peluches. Des préados en réclament même en cadeau ! On peut accéder à leur demande. Certains en commandent, parce qu’ils les collectionnent depuis longtemps. 


Explications

Imane Haddouche, coach

«Le doudou est considéré par l’enfant comme sa première possession»

Quel est le rôle d'un doudou ?
Le doudou est ce qu’on appelle «un objet transitionnel» pour un enfant, c’est un peu le pont entre ses parents et le monde extérieur. Une sorte de passage doux vers la réalité et l’objectivité, et vers le monde extérieur. Qu’il soit choisi par les parents à un âge très précoce (quelques mois) ou choisi par l’enfant un peu plus tard (quand par exemple il doit aller en crèche), il est considéré par l’enfant comme sa première possession, et en acquiert toute l’importance. Le doudou est aussi un palliatif pour les angoisses, un calmant émotionnel naturel et un substitut qui rassure pendant l’absence des parents. Il a ce pouvoir magique de rassurer l’enfant et le réconforter, de calmer son stress, ses peurs et la douleur de la séparation.

Pourquoi certains enfants s'attachent-ils beaucoup à leur doudou ?
Chaque enfant évolue sur le plan physique et émotionnel à son propre rythme. Il y a donc autant de raisons qu’il y a de situations. Un enfant qui évolue doucement, parle plus tard (et donc nomme plus tard son doudou), mettra plus longtemps à s’en détacher, puisque le simple fait de le nommer plus tard retarde tout le processus de détachement. Ou encore, un enfant plus timide qui mettra plus de temps à découvrir le jeu en groupe mettra aussi plus de temps pour abandonner son doudou. Un enfant dont les parents sont très souvent absents, ou peu expressifs, gardera son doudou plus longtemps. Un enfant de nature angoissée ou émotive aura aussi du mal à lâcher le jouet magique. Pour comprendre pourquoi un enfant met du temps à se détacher de son jouet fétiche, il faut raisonner au cas par cas.

Comment et à quel âge faut-il détacher l'enfant de son doudou ?
Le détachement est l’un des deuils les plus pénibles dans la vie d’un enfant. Donc il est fortement déconseillé de l’y forcer. C’est un processus naturel, tout comme le sevrage, cela se déclenche naturellement, et de manière progressive, et ça finit par arriver, sans aucune intervention. Cela dit, on peut faciliter le détachement, en encourageant l’enfant à explorer les jeux collectifs avec d’autres enfants, ou en proposant des séances de câlins familiaux, ou en l’invitant à des jeux et des activités manuelles qui excluent naturellement la présence de son doudou.

Faut-il s'inquiéter lorsqu'un enfant âgé de 10 ans ou plus s'attache toujours à son doudou ?
Il y a des personnes qui gardent leurs doudous à vie, et peuvent même les transmettre à leurs propres enfants. Donc réellement, il n’y a aucune inquiétude à se faire. Leur peluche fétiche reste simplement un refuge et un objet réconfortant, pourquoi vouloir en priver son enfant ? Maintenant si l’attachement de l’enfant est tout aussi intense et que les parents constatent qu’il occupe autant de place que lorsque l’enfant était encore bébé, il est peut-être nécessaire de se poser des questions sur les angoisses potentielles de leur enfant, ou sur leur apport en affection et leur présence vis-à-vis des besoins de l’enfant. Sachant que le «besoin» affectif est différent d’un enfant à un autre en terme de quantité et de qualité aussi. On peut tout offrir à un enfant et lui dire qu’on l’aime cinquante fois par jour, il se peut que lui, précisément, ait besoin d’un câlin, et le contraire est valable, donc ça n’a rien à voir avec ce que vous donnez, mais plutôt avec ce dont l’enfant a besoin.

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