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Au Brésil, être supporter d'un club de foot n'est pas une option

Le football est, sans conteste, le sport le plus populaire au Brésil. Introduit par l'Anglo-brésilien Charles William Miller en 1894 à São Paulo, ce sport s'est progressivement hissé au rang de passion pour
les habitants de ce pays latino-américain.

Au Brésil, être supporter d'un club de foot  n'est pas une option
Les supporters du club Flamengo arborent fièrement leurs couleurs, sur les travées du mythique Maracanã.

Fils d'un ingénieur de chemin de fer écossais immigré au Brésil, Charles William Miller part faire ses études en Angleterre dans les années 1880 et y découvre le football. Il est pendant plusieurs années l'avant-centre du Southampton Football Club, avant qu'il ne rejoigne le club brésilien de Corinthians FC. À son retour à Sao Paolo en 1894, il amène avec lui du matériel de football et crée la section football du Sao Paolo Athletic Club, le club sportif local créé six ans auparavant. Il est traditionnellement considéré comme le père du ballon rond brésilien.

Au Brésil, éternel candidat au titre de la Coupe du monde, la passion du foot a emballé le peuple, ce sport représentant même un vecteur de l'identité nationale brésilienne à l'heure qu'il est.
En plus concret, le Brésil ne compte pas moins de 13.197.733 joueurs de football (inscrits ou non), répartis sur plus de 29.208 clubs. Ce chiffre est l'équivalent d'environ 7% de la population brésilienne (182 millions). Un pourcentage tout aussi atypique que révélateur. En effet, dans ce pays quintuple champion du monde, on ne peut rester impartial. Si ce n'est pas Corinthians, le club le plus populaire au Brésil, Flamengo, Santos, São Paolo ou encore Palmeiras qu'on supporte, l'on entonnera sûrement les hymnes d'une formation de la deuxième, troisième ou quatrième divisions, selon la localité d'origine.

Dans ce pays, la passion du football fait litière de l'âge, du rang social, de la profession ou de tout autre détail. L'ancien Président Luiz Inacio Lula da Silva figure parmi les fidèles et fervents supporters du Corinthians.
Après la fin de son mandat présidentiel en 2010, il est nommé président de la République populaire Corinthians. Un titre honorifique qui en dit long sur la portée et la symbolique conférées au foot dans ce pays où l'indifférence vis-à-vis de ce sport se place naturellement en flagrant hors-jeu.
Au pays de la Seleçao, un club s'apparente à une nation. Les dirigeants du Corinthians estiment le nombre de supporteurs du club dans le monde à plus de 30 millions. Cette importante communauté rassemble plus de personnes que certains pays comme le Portugal, l'Australie ou le Chili. De plus, l'engagement, la loyauté et la fidélité des fans envers ce club brésilien sont tellement développés que son capital-marque est presque unique.

La plupart du temps, parler de foot au Brésil, c'est s'adonner à une altercation animée par un dosage savant de fanatisme féroce et de dérision narquoise.
Cet antagonisme, qui atteint son paroxysme lors des finales et des matches décisifs, se traduit en graffitis et en fresques murales par l'entremise desquels les supporters d'un club retracent son histoire et font l'éloge de son palmarès. Il y en a même ceux qui font des pieds et des mains pour adapter les appellations des artères, ruelles et venelles aux circonstances et surgissements footballistiques, comme ce fut le cas après la victoire du Raja de Casablanca face à l'Atletico Mineiro lors de la demi-finale de la Coupe du monde des clubs en décembre dernier à Marrakech. Suite à cette défaite, les supporters d'un autre club brésilien, le Cruzeiro, ont lancé une pétition via internet dans laquelle ils demandent de changer le nom de l'une des plus grandes avenues de la ville de Belo Horizonte, de sorte à porter le nom du club marocain, auteur d'un match héroïque face aux coéquipiers du magicien Ronaldinho.

Il sied enfin de dire qu'à partir de 1985, l'ouverture économique a provoqué l'exode des principaux joueurs locaux, attirés par les salaires astronomiques qu'offrent les clubs étrangers, notamment européens. Dans ce contexte de mondialisation du football, le niveau de jeu tendait naturellement à baisser dans le championnat brésilien, sans, pour autant, empêcher une constellation de prodiges du ballon rond d'émerger chaque année au «Pais maravilhoso». 

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