Menu
Search
Jeudi 18 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 18 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Spécial Marche verte

Une trentaine d'experts auscultent la lagune de Marchica

Lors d’un atelier, le 20 novembre à Nador, des experts scientifiques du Maroc et de France ont rendu les premières conclusions d'une mission menée dans la lagune de Marchica du 29 mai au 12 juin, dont «Le Matin» a obtenu une copie. En Plus d'avoir cartographié le fond de la lagune et étudié sa capacité à remplir la fonction nurserie artificielle pour alevins, le panel d'experts s'est intéressé au Lido de la Bocana et aux Salins de Kariat Arkmane, au regard de leur richesse biologique plutôt rare en Méditerranée.

Une trentaine d'experts auscultent la lagune de Marchica
Ce fragile écosystème présente un intérêt à la fois écologique, économique et social important pour la région du Nord. ttt Ph DR

La Fondation Mohammed VI pour l’environnement et ses différents partenaires, le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, l'Agence Marchica Med, le Conservatoire français de l'espace littoral et des rivages lacustres, et l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée et Corse, ont pris connaissance, jeudi dernier à Nador, des premières conclusions des études scientifiques sur l’état environnemental de Marchica. La lagune de BouAreg à Nador, plus connue sous l’appellation de Marchica, constitue l’une des plus importantes lagunes de la Méditerranée par son étendue (14.000 hectares) et sa biodiversité. Ce fragile écosystème présente un intérêt à la fois écologique, économique et social important pour la région du Nord. Cependant, un diagnostic était devenu indispensable en raison du stress anthropique lié à l’accroissement de la population, aux rejets urbains, industriels et agricoles et aux différentes activités économiques menées sur le site, comme l’atteste un document de la Fondation Mohammed VI pour l’environnement qui pilote le projet de sensibilisation et d’éducation à l’environnement à travers l’ensemble du territoire national et qui accorde un intérêt particulier à Marchica ; cette étendue d'eau peu profonde, à salinité variable, n’est séparée de la mer que par un cordon dunaire. Devant prendre en compte les particularités du site, le projet vise, entre autres objectifs, la sensibilisation et la préservation du patrimoine universel de la lagune. Pour y parvenir, un diagnostic sur l’état environnemental de la lagune de Nador était nécessaire.

C’est à quoi se sont attelés les 30 scientifiques marocains et français du 29 mai au 12 juin et qui ont rendu leurs premières conclusions dont «Le matin» a obtenu une copie. La mission scientifique a cartographié les fonds de la lagune de la biocœnose (ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace défini) et a établi l’état des lieux du cordon dunaire nord (Bocana) et les usages socio-économiques en vue de l’élaboration d’un plan de gestion durable de ce secteur protégé. Une réflexion sur la réhabilitation des anciens salins de Kariat Arekmane a également été engagée ainsi que l’installation d’une nurserie artificielle constituée de biohuts, première expérience hors de France (biohut est un habitat artificiel qui permet de remplacer le rôle de nurserie des petits fonds rocheux). Cinquante cages ont été immergées sous les pontons du port de plaisance d’Atalayoune. Ces cages remplies de coquillages seront progressivement colonisées par du fouling (colonisation spontanée d'un support immergé). Les coquillages et le fouling permettront aux petits alevins d’y trouver refuge et nourriture et de les soustraire aux prédateurs.
Leur travail a également consisté à assurer le suivi de la qualité des eaux de la lagune dans le but la documentation de son observatoire local la réalisation d’une première phase d’une campagne photographique pour valoriser les lieux et le travail des parties prenantes.

Premières nurseries artificielles

Dans leurs premières conclusions, les spécialistes ont mis l’accent sur deux sites en particulier le lido de la Bocana et les Salins de Kariat Arkmane. Le lido de la Bocana, paysage rare, est certainement le moins urbanisé de la Méditerranée occidentale. Il abrite 450 espèces, soit 5% de la faune marine nationale, précise le document de la Fondation Mohammed VI pour l’environnement. La mission scientifique propose de concilier la valorisation des zones périphériques du site, les usages, les attentes de la population en intégrant les enjeux écologiques, préserver et restaurer les milieux naturels et organiser la gestion et la gouvernance du site. Quant aux Salins de Kariat Arkmane, que les scientifiques qualifient de «ressource économique au service des équilibres écologiques et paysagers», les propositions mettent l'accent sur la production salinière et le tourisme respectueux de la nature. 

Lisez nos e-Papers