Combats meurtriers incessants impliquant des milices armées, tirs contre un convoi diplomatique britannique, l'escalade de la violence en Libye a poussé des capitales occidentales à appeler leurs ressortissants à quitter le pays plongé dans le chaos, au lendemain de l'évacuation du personnel diplomatique américain. À Benghazi, dans l'est du pays, au moins 38 personnes, des soldats pour la plupart, ont été tuées en 24 heures, dans des combats entre armée et groupes islamistes. Dans la capitale, des combats faisaient toujours rage entre milices rivales autour de l'aéroport et dans plusieurs autres quartiers dans le sud de la capitale où se concentrent les affrontements depuis le 13 juillet. Dans ce climat de violences, des pays européens ont enjoint leurs ressortissants de quitter la Libye.
La raison est à chercher dans le convoi diplomatique britannique qui a quitté Tripoli pour gagner la Tunisie et qui a essuyé des tirs qui n'ont fait aucune victime, a annoncé dimanche un responsable de l'ambassade du Royaume-Uni dans la capitale libyenne. «Personne n'a été atteint, mais des véhicules ont été endommagés», a-t-il dit. Londres a décidé de réduire son personnel diplomatique à Tripoli en raison des combats entre milices rivales qui durent depuis deux semaines dans la capitale. Samedi, le personnel de l'ambassade des États-Unis a été évacué vers la Tunisie voisine. Trois chasseurs F-16 ont assuré la protection aérienne du convoi américain, également survolé par un avion Osprey transportant des «marines». Aucun incident n'a marqué le voyage qui a duré cinq heures entre Tripoli et la frontière tunisienne.
Milices incontrôlables
Les États-Unis, dont l'ambassade est située sur la route de l'aéroport où se déroulent les combats, ont évacué leur personnel diplomatique samedi par voie terrestre, sous une couverture aérienne.
«La situation est extrêmement imprévisible et incertaine», a souligné le ministère allemand des Affaires étrangères. Londres a aussi appelé les ressortissants britanniques à «partir maintenant par des moyens privés», déconseillant tout voyage en Libye. Face à ces départs, le ministère libyen de la Santé a mis en garde contre une pénurie en personnel médical, notamment après l'annonce des Philippines de l'évacuation de leurs ressortissants, dont 3.000 médecins et infirmiers, selon Tripoli, citée par l’AFP. Les autorités libyennes n'arrivent pas à contrôler les dizaines de milices qui font la loi dans le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Les affrontements autour de l'aéroport ont éclaté le 13 juillet après une attaque menée par des combattants islamistes et d'ex-rebelles de la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) qui tentent de chasser de l'aéroport leurs anciens compagnons d'armes venus de Zenten. Selon des experts libyens, ces combats participent d'une lutte d'influence entre courants politiques, après les législatives du 25 juin.
Le nouveau Parlement doit entrer en fonction le 4 août. Il aura pour première tâche d'arrêter les violences qui entravent la transition démocratique en Libye. Mais des incertitudes planent déjà sur la capacité des élus à se réunir au moment où la ville de Benghazi est le théâtre d'affrontements quasi quotidiens. Selon une source militaire, des groupes islamistes ont lancé samedi une offensive contre le quartier général de l'unité des Forces spéciales de l'armée près du centre de la ville, et des combats avec les soldats s'en sont suivis.