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L’oculariste, un métier qui en met «plein les yeux»

Le métier d’oculariste n’est pas très connu au Maroc. Pourtant, c’est le seul professionnel de santé capable de fabriquer des prothèses pour les personnes qui ont perdu un œil, suite à un accident ou à une maladie.

L’oculariste, un métier  qui en met «plein les yeux»

Perdre un œil est un événement traumatisant. Afin de minimiser les dommages esthétiques et psychologiques que cela engendre, les prothèses oculaires ont été mises au point. Et c’est l'oculariste qui est chargé de fabriquer et d'adapter ces prothèses.

Ce spécialiste de l’œil, encore rare au Maroc (5 à travers tout le pays), reçoit des patients adressés par les ophtalmologues et détermine avec eux, en fonction de leur problème, le type d'appareillage qui leur est nécessaire. «Une prothèse oculaire est un dispositif médical en résine de synthèse (tout comme une couronne dentaire) qui est mis en place pour combler le vide laissé par un œil manquant, traumatisé ou atrophié. Cette prothèse permet à toutes celles et tous ceux qui souffrent de la perte d'un œil ou d'un déficit esthétique sur un globe oculaire de limiter le traumatisme qui en résulte. Dès la naissance et sans limite d'âge, on peut donc avoir recours à une prothèse oculaire, suite à une intervention chirurgicale, une maladie ou un accident. Mais il est important de signaler que chaque patient est unique, et son appareillage est donc confectionné sur mesure pour s'adapter au mieux à sa morphologie», indique Zineb Yaquot, oculariste & orthoptiste.
L'oculariste accompagnera le patient, tant sur le plan de l'adaptation que psychologiquement, jusqu'à l'aboutissement que constitue la prothèse définitive. L'objectif de la prothèse oculaire est de favoriser dans les plus brefs délais la réintégration dans la société des sujets porteurs d'une mutilation du globe oculaire, ou ceux dont la perte définitive de la vision s'accompagne d'une diminution du volume oculaire ou d'une modification disgracieuse du segment antérieur de l'œil.

Il existe différents types de prothèses oculaires, leurs volumes varient en fonction de l'espace disponible après l'acte chirurgical. «La première catégorie se caractérise par des prothèses fabriquées suite à des interventions chirurgicales, comme une énucléation (ablation de l'œil) ou une éviscération (extraction du contenu de l'œil) : celles-ci sont assez épaisses et reposent dans la cavité. La deuxième catégorie correspond à des prothèses fines appelées “verres scléraux”.

Ces prothèses sont également réalisées d'après une empreinte et sont destinées à l'adaptation sur un œil existant qui n'est plus fonctionnel : elles comportent une pupille et un iris artificiels», explique Zineb Yaquot.
L’oculariste commence par prendre les mesures dans le but d'avoir les informations et les photos pour fabriquer une prothèse qui ressemble le plus possible à l’œil sain du patient afin qu'elle passe inaperçue. La prise de mesures est importante, car il existe une infinité de couleurs et de structures d'iris. Pour chaque prothèse, un iris est peint à la main pour se rapprocher le plus possible de la couleur initiale de l’œil. Ensuite, la couleur de la prothèse est peinte sur une capsule dont le diamètre correspond à celui de l'iris du patient. La coloration est obtenue à partir de pigments naturels et est en accord avec les caractéristiques de l'œil controlatéral pour un résultat le plus proche possible de la réalité.

«Notre procédé est un véritable travail artisanal.
Chaque iris est peint à la main dans un souci de perfection grâce à des outils et des nuanciers que nous avons mis en place. L’intérêt de cette technique est d’obtenir une reproduction fidèle de l’œil sain. Ainsi, on obtient une meilleure mobilité, un meilleur confort et une meilleure évolution prothétique.
La prothèse est ensuite adaptée en fonction du résultat esthétique et du confort de patient. Le suivi du patient est très important pour assurer son confort, car il permet de suivre régulièrement la cavité orbitaire pour éviter tout problème. Un contrôle est réalisé 2 mois après l'adaptation, mais il peut être avancé en cas de problème.

Des contrôles sont ensuite programmés tous les 6 mois pour réaliser notamment un polissage de la prothèse», souligne Zineb Yaquot. Et de poursuivre : «En ce qui concerne les précautions à prendre après l'adaptation d’une prothèse, la règle générale est de manipuler le moins souvent possible la prothèse pour éviter un excès de sécrétions muqueuses. Je donne toujours à mes patients une ventouse avec la prothèse pour faciliter le retrait de celle-ci et je leur recommande de nettoyer leur prothèse dans l’eau avec du savon liquide et un chiffon doux, puis de la rincer avec l’eau pure ou un sérum physiologique avant de la remettre en place, une solution pour lentille de contact peut aussi être utilisée.
Par contre, il ne faut surtout jamais utiliser d’alcool ou de produit à base d’alcool, celui-ci fait fendiller irrémédiablement en profondeur la résine acrylique de la prothèse oculaire.
Et un polissage est indispensable une fois tous les 6 mois pour conserver l’aspect brillant naturel de la
prothèse».


Questions : Zineb Yaquot, oculariste & orthoptiste

«La durée de vie d'une prothèse oculaire est d'au moins 6 ans»

Quand est-ce qu'on peut avoir recours à une prothèse oculaire ?
Traumatismes, chocs, brûlures, décollement de la rétine, glaucome, rétinoblastome ou bien maladie congénitale, tels que l’anophtalmie, la microphtalmie qui affectent l’œil, sont autant de cas où la chirurgie réparatrice est indiquée avec la pose de prothèses oculaires. L’utilisation des prothèses oculaires s'est progressivement généralisée, pour des raisons esthétiques, de mobilité du globe et de facteur favorisant la croissance de l'orbite.

Est-ce que les prothèses sont permanentes ou bien faut-il les changer ?
Les prothèses ont besoin d'un polissage au minimum une fois tous les 6 mois. Ce repolissage sert à enlever les résidus contenus dans les larmes qui sèchent sur la prothèse, la matifient et la rendent rêche, ce qui la rend moins mobile et peut occasionner des problèmes de confort, d’inflammation ou d'infection de la cavité. La durée de vie d'une prothèse oculaire est d'au moins 6 ans, sauf pour les enfants où le changement se fait en fonction de leur croissance et donc sur avis de leur ophtalmologiste. S'il y a modification de la cavité, la prothèse doit être refaite.

Quel est le coût de ce genre d'opérations qui consistent à installer une prothèse oculaire ?
Côté prix, une prothèse peut varier entre 1.800 DH 4.800 DH, et tout dépend du type d’appareillage que nécessite le patient. Il existe aussi des prothèses très haut de gamme dont le coût varie entre 8.000 DH et 12.000 DH. Ces types de prothèses sont fabriquées et peintes devant le patient. Une prise en charge est assurée à près de 3.200 DH.

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