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Les sages-femmes consolident leur profession

Malgré leur rôle important dans le système sanitaire et dans la protection de la santé de la mère et de l’enfant, les sages-femmes au Maroc souffrent de nombreux problèmes. Afin d’améliorer leurs compétences, un projet de jumelage a été convenu entre les sages-femmes marocaines et néerlandaises.

Les sages-femmes consolident leur profession
Les sages-femmes ont un rôle crucial dans la sécurité des naissances.

Au Maroc, il n’existe que 4 sages-femmes pour 1.000 naissances attendues, selon le dernier rapport national sur l'état de la pratique de sage-femme dans le Royaume, alors que l’Organisation mondiale de la santé a fixé un minimum de 6 sages-femmes pour 1.000 naissances. Un constat alarmant, surtout lorsqu’on connaît l’importance de cette profession. En effet, investir dans les sages-femmes peut aider à éviter le nombre important de décès maternels (près de 290.000) et les trois millions de décès néonatals qui surviennent chaque année dans le monde. Ainsi, cela peut contribuer à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, et particulièrement l'OMD 4 (réduire la mortalité infantile) et l’OMD 5 (améliorer la santé maternelle). De ce fait, un appel mondial a été lancé pour faire valoir et promouvoir le potentiel d'amélioration de la pratique des sages-femmes en renforçant leur autonomisation et leur esprit de créativité.

S'inscrivant dans cette mouvance internationale, les sages-femmes marocaines et néerlandaises ont décidé d’unir leurs forces pour consolider leur profession à travers le développement d'un projet de jumelage de deux associations de sages-femmes représentant les deux pays. «Les objectifs du projet de jumelage entre l’Association marocaine des sages-femmes (AMSF) et l’Association des sages-femmes hollandaises (KNOV) visent à réaliser des actions en faveur de l’amélioration des compétences des sages-femmes au Maroc. La finalité est de produire des soins de qualité pour les mères et les enfants. Ils se résument en cinq points essentiels. Il s’agit de la sensibilisation des femmes au rôle et aux services de santé qu’offre la sage-femme, la formation de 30 sages-femmes en matière de leadership et de communication et l’amélioration des moyens de communication entre les femmes et les sages-femmes via la création d’un site web de l’AMSF.

Ce projet vise également à faire de la recherche liée aux soins des sages-femmes et à renforcer le partenariat entre le ministère de la Santé et l’AMSF en matière de la santé reproductive», souligne Hanane Masbah, sage-femme cadre au niveau de la DRH du ministère de la Santé et personne ressource pour le projet de jumelage entre l'AMSF et la KNOV.

Les étapes de ce projet et les résultats escomptés ont été présentés lors d’une conférence-débat sur le thème : «Renforcer la profession de sage-femme afin d'améliorer la santé des femmes», organisée récemment par l’AMSF et KNOV et appuyée par le Fond des Nations unies pour la population. «Ce projet de jumelage s’étale sur une durée de 4 années. Une période durant laquelle 20 sages-femmes du Maroc sont jumelées avec 20 sages femmes de la Hollande. Elles développeront ensemble 9 projets dans les domaines de la recherche scientifique, la santé reproductive, la formation des sages-femmes en matière de gestion du stress, sur des techniques de soin en obstétriques et la sensibilisation des femmes aux bonnes pratiques en santé de la reproduction. Par ailleurs, le projet se déroule en 4 étapes, à savoir la formation des équipes de coordination et la recherche des fonds, la réflexion et la planification des projets, la mise en œuvre des projets et la finalisation, l’exposition et l’évaluation des projets», indique Hanane Masbah.


Questions à : Hanane Masbah, sage-femme cadre au niveau de la DRH du ministère de la Santé

«Il s’avère nécessaire d'investir dans la formation et la réglementation de la profession de sage-femme»

Au Maroc, il n’existe que 4 sages-femmes pour 1.000 naissances attendues, alors qu’il faut un minimum de 6 sages-femmes pour 1.000 naissances par an, que pensez-vous de ce constat ?
Le Maroc reconnait le rôle crucial de la santé de reproduction dans le développement social et économique de la population. Une réduction de la mortalité maternelle de l’ordre de 66%, par rapport aux niveaux de 1990, a en effet été enregistrée au Maroc, mais le taux reste encore élevé par rapport au niveau socioéconomique du pays.
De ce fait, le ministère de la Santé a accordé une place de plus en plus importante à la profession sage-femme afin de doter le système en personnel qualifié pour répondre aux exigences de qualité et d’accessibilité de la population aux soins de santé reproductive dans les différents niveaux d’intervention.
Si ces efforts énormes ont abouti à une augmentation du nombre des sages-femmes au cours des dernières années, l’offre réelle demeure insuffisante pour répondre aux besoins de la population cible. Le grand défi à relever réside à mon sens dans la bonne répartition des effectifs existant entre régions et structures et l’augmentation des postes budgétaires alloués au recrutement de professionnel de santé en général et des sages-femmes en particulier.

Quelles sont les actions entreprises par le ministère de la Santé pour améliorer la profession de sage-femme ?
La stratégie du ministère de la Santé a reposé essentiellement sur le renforcement de la qualité et l’augmentation de la durée de formation des sages-femmes en obstétrique et l’augmentation
de la capacité de formation des sages-femmes par l'implantation des Instituts de formation aux carrières de santé (actuellement nommés les Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé). Et ceci, dans les différentes régions du Royaume ainsi que l'augmentation du nombre des admissions en formation, sans oublier la réforme de la formation selon le système Licence Mastère Doctorat et la révision du cursus de formation selon l’approche par compétences.

Selon vous, que faut-il faire pour renforcer la profession des sages-femmes au Maroc et améliorer cette situation ?
Pour que la profession de sage-femme puisse s’inscrire dans la dynamique nationale de lutte contre la mortalité maternelle et infantile, la lutte contre le Sida-IST et autres problèmes de santé et en faire le fer de lance efficace pour la réalisation de ces objectifs, il s’avère nécessaire d'investir dans la formation et la réglementation de la profession de sage-femme pour l’engager à offrir des prestations sécurisées et sécurisantes, des prestations de qualité et accessibles. Tout cela ne peut que positionner la sage-femme marocaine dans la mouvance internationale post-OMD au-delà de 2015 qui cible la promotion de la couverture sanitaire universelle comme un moyen d’assurer la garantie d’accès de tous aux services de santé. La dynamisation des associations des sages-femmes est primordiale, elles doivent mener des actions de collaboration avec d’autres organisations professionnelles : associations d’obstétrique, pédiatrie, mais aussi des droits humains des femmes et de développement pratique.

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