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L'éducation, entre laxisme et autorité

Comment imposer son autorité à ses enfants sans passer pour un «tyran» ? C’est la question que se posent presque tous les parents face à leurs enfants de plus en plus capricieux et difficiles à gérer.

L'éducation, entre laxisme et autorité
L'autorité n'a pas toujours l'effet escompté sur un enfant.

TLes parents de nos jours essayent tant bien que mal de couper le lien avec le mode d’éducation «à l’ancienne» et préfèrent jouer le rôle de parents «cool» qui favorisent le dialogue et la communication avec leur progéniture.
Cependant, face à des enfants de plus en plus autonomes, et ce de plus en plus tôt, certains parents se trouvent complètement désemparés et ne savent pas comment réagir pour se faire respecter. Tout d’abord, il faut comprendre qu’avoir de l'autorité avec son enfant ne signifie pas pour autant devenir un «tyran». En tant qu’adultes, les parents disposent d’une autorité naturelle sur leur enfant, qu’il ne faut surtout pas saper en le traitant d’égal à égal ou en lui parlant «copain-copain».

Il doit sentir que ses parents sont responsables de lui, et qu’il peut donc se fier à eux. Fixer des règles à un enfant ne doit pas faire culpabiliser les parents. Ils doivent être fermes face à des caprices, des bouderies et des crises de larmes… car l’enfant a besoin de règles, qui lui serviront de repères pour se construire en tant qu’individu socialisé, même si parfois, cela vous fend le cœur de les appliquer !
Il suffit de trouver le bon équilibre et de ne pas abuser de son pouvoir. Imposer son autorité à un enfant, ce n’est pas le brimer, mais lui inculquer des règles qui seront autant de repères nécessaires à sa construction. D’où l’importance de bien l'exercer, et dans de bonnes circonstances. Le juste milieu de l'autorité parentale se trouve dans une bonne dose de communication parent/enfant.

Un parent trop «copain» avec son enfant ne peut réussir à fixer des limites, surtout quand ce dernier tente à tout prix de les franchir. En revanche, être trop strict c'est s'exposer à une rupture totale de communication avec son enfant, ce qui aura pour conséquence d'aller à l'encontre du but recherché. L'adulte doit faire preuve d'autorité par rapport à une loi qui est énoncée, pas par rapport à ses désirs personnels. Par exemple lorsqu’on dit «Il est interdit de frapper qui que ce soit» ou «Il est interdit de voler», il s'agit de lois auxquelles cet adulte est lui-même soumis. L’enfant doit comprendre que les parents ne sont pas dispensés de suivre cette loi. Et quand par exemple on demande à l'enfant d’aller se coucher à 20 heures, il faut lui expliquer que ceci est lié à une loi que les parents cherchent à faire respecter : «Un enfant doit dormir suffisamment pour être en forme», c'est une loi de la nature. Si les parents demandaient à l'enfant d'aller se coucher seulement parce qu'ils ont envie d'être tranquilles, il soumettrait l'enfant ainsi à leur désir. Et ce serait une autorité toxique qui se mettrait alors en place. Quand l'adulte impose une loi, il ne peut le faire en niant l'intelligence et la personnalité de l'enfant. Il doit expliciter la loi et la lui expliquer. Une autorité imposée sans aucune explication ni compréhension ne sera pas un bon tuteur de développement pour l'enfant. Le but de l'autorité n'est pas de se faire obéir. C'est d'apprendre à l'enfant qu'il existe des lois, lui apprendre lesquelles et lui permettre de les adopter comme des éléments positifs. Quand il connaît les lois, qu'il les vit et les comprend, il finit par les apprécier et les intérioriser. C'est ce qui lui permettra de vivre en société avec d'autres personnes. 


Explications

Imane Haddouche, coach

«Pour réussir à se faire entendre de son enfant, inutile de crier ou de sévir, il vaut mieux expliquer et fédérer»

Pourquoi les enfants ont-ils toujours tendance à désobéir aux parents ?
Les enfants désobéissent pour les mêmes raisons que les adultes, finalement. Eh non, ils ne font pas ça juste pour nous énerver, même si ça en a tout l’air. Ils ne le font pas contre les parents, mais pour eux-mêmes. C’est généralement quand deux intérêts sont en opposition, ou deux envies s’entrechoquent, d’un côté ceux des parents, et de l’autre ceux des enfants. Ils désobéissent aussi pour s’affirmer et pour se trouver une place dans la famille, mais encore pour exprimer leurs besoins et désirs quand ceux-là ne sont pas écoutés ou pris en considération. Ils désobéissent quand il y’a trop de règles à subir, ou quand, au contraire, il y a peu de limites et qu'ils ont pris l’habitude d’enfreindre les règles impunément. Enfin, ils désobéissent aussi pour pousser et vérifier les limites, ou simplement parce qu’on ne leur a pas bien expliqué les règles, sans vraiment le faire exprès. Ou encore pour faire réagir les parents ou attirer leur attention… Les raisons sont différentes selon les enfants, et selon les situations, mais gardons en tête que ce n’est pas du tout contre les parents, mais pour eux-mêmes.

Crier ou frapper son enfant est le premier recours des parents d'aujourd'hui, est-ce le bon moyen pour se faire entendre ?
C’est comme l’histoire du Monsieur ne parlant pas anglais, qui s’adresse en français à un serveur américain, et comme le serveur ne comprend pas, il répète sa commande en criant plus fort, toujours «en français». La scène est bien absurde, mais souvent, c’est ce que les parents font quand ils crient pour mieux se faire entendre. Crier ne sert strictement à rien, et ne résout pas le problème. Frapper son enfant, en dehors du fait que c’est totalement inacceptable, c’est complètement inutile, puisque cela n’apprend rien à l’enfant, et c’est bien pour ça qu’il recommencera à désobéir et refera les mêmes bêtises, puisqu’il n’aura été que brimé, et il n’aura pas vraiment compris les règles.

Quels conseils pouvez-vous donner aux parents pour qu'ils puissent imposer leur autorité parentale ?
Tout d’abord, garder en tête que les enfants désobéissent pour les mêmes raisons que les adultes, que dans le fond, ce n’est qu’une histoire de conflit d’intérêts, ou d’opposition de besoins, ils ne le font pas avec l’intention d’embêter les parents.
Pour réussir à se faire entendre, inutile de crier ou de sévir, il vaut mieux expliquer et fédérer, ça prendra peut-être un peu plus de temps, mais ça permet de construire un cadre à moyen terme, et pour ça, il est bon de :
1. Fixer des règles de vie dans la maison, des règles qui prennent en considération les besoins de chacun.
2. Poser des limites claires par rapport à ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
3. Être le garant du respect des règles de vie et des limites, en commençant par donner l’exemple. Les enfants apprennent plus des actes que les parents font que de leurs conseils et discours.
4. Rester ferme. Ne jouez pas au yoyo. Un «non» doit être clair, affirmé, et définitif.
5. Être solidaire : au moins devant les enfants. Quand papa dit «non», maman est d’accord, et inversement. Si toutefois, vous avez un désaccord, parlez-en loin des enfants.
6. Ne pas dire «Non» par défaut, ou pour s’acheter la paix. Votre «Non» devrait pouvoir être justifié et logique.
7. Faire quelques exceptions : ne pas dire «Non» à tout, et ne pas tout réglementer. Il devrait y avoir un espace de «spontanéité» dans votre éducation.
8. Avoir de l’empathie : avec le temps, nous changeons de priorités, et les choses n’ont plus la même importance. Essayez de vous rappeler ce que vous auriez ressenti à la place de votre enfant si vous aviez son âge.
Expliquer, écouter, et accueillir les oppositions des enfants permet de mieux gérer leurs crises de désobéissance ou de rébellion. Ils sont des êtres à part entière, et ont aussi des besoins et des envies, même s’ils vous semblent futiles ou dérisoires.


Témoignage

Sara, 30 ans, maman de Saâd, 2 ans

«Mon fils nous pique des crises de colère devant tout le monde et nous ne savons pas quoi faire»

«Dans les premiers mois après sa naissance, mon fils était gentil, calme, jouait tranquillement, dormait bien la nuit... Et puis d’un seul coup, il est devenu agité, nerveux, capricieux, je ne le reconnais plus. Sortir avec lui est devenu un cauchemar, il ne tient plus en place et veut obtenir tout ce qu’il voit chez les autres. Il nous pique des crises de colère devant tout le monde et nous ne savons pas quoi faire. J’avoue que je suis un peu désemparée. Je suppose qu’il teste tout simplement nos limites et les siens, à travers nos réactions, mais il est difficile de supporter tout cela. Son père essaie d’imposer son autorité et de lui tenir tête, mais ce n’est pas toujours facile. Quant à moi, je cède souvent, surtout lorsque je suis fatiguée et que je n’ai pas l’énergie nécessaire pour lui dire non et supporter ses caprices. J’ai peur de ne plus avoir aucune autorité sur lui par la suite.»

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