«Forcées à porter seules la responsabilité de leurs familles, après avoir été séparées de leur mari, assassiné ou en prison, elles sont prises dans une spirale de souffrances, d'isolement et d'anxiété», indique le rapport présenté par le chef du HCR Antonio Guterres lors d'une conférence de presse à Amman, cité par l'AFP. «Les femmes syriennes souffrent énormément», a-t-il affirmé, en appelant à des aides financières. Le manque de ressources financières est la première des difficultés à laquelle ces femmes doivent faire face. Elles doivent se battre pour payer leur loyer et acheter de la nourriture et tentent de s'en sortir en vendant leurs biens, y compris leur alliance, et en envoyant leurs enfants travailler. La plupart d'entre elles ne peuvent pas travailler, car elles sont obligées de rester avec leurs enfants en bas âge. Un tiers des 135 femmes interrogées par le HCR en Jordanie, au Liban et en Égypte disent qu'elles n'ont pas assez à manger. Une femme interviewée au Caire affirme ne rien avaler tant que ses petites-filles ne sont pas rassasiées. «Je suis heureuse de me contenter d'un morceau de pain pour être sûre qu'elles aient assez à manger», dit-elle selon le rapport.
Vendre les dons pour payer un loyer
Le problème le plus important est celui du budget, nécessaire pour acheter nourriture et médicaments. Près des quatre cinquièmes des femmes interrogées, selon le rapport, ne travaillent pas et sont donc dépendantes de la charité de leurs voisins ou de l’assistance internationale. Beaucoup disent recevoir des bons alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM), mais certaines affirment les vendre pour pouvoir payer le loyer et subvenir à d'autres dépenses. En outre, les femmes vivant seules sont exposées au harcèlement de la part des hommes, ajoute le rapport. Le manque d'argent les contraint en plus à des choix difficiles sur des questions importantes comme l'éducation et la santé. Le rapport du HCR a invité les gouvernements à laisser ouvertes leurs frontières et à limiter les restrictions d'entrées, soulignant qu'une femme sur cinq vit séparée de son époux en l'absence de visas ou d'autres autorisations. Selon le HCR, la Syrie représente la crise mondiale en terme de personnes déplacées la plus importante au monde. Au moins, 2,8 millions de Syriens ont fui le conflit qui a débuté dans leur pays en mars 2011, dont un million se sont réfugiés au Liban voisin. D'autres ont fui vers la Jordanie, l'Égypte, la Turquie et l'Irak. La guerre en Syrie, qui a déjà fait plus de 162.000 morts, a commencé par un mouvement de protestation pacifique en mars 2011 avant de se transformer en un conflit armé face à une impitoyable répression menée par le régime.