Menu
Search
Mardi 23 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 23 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2006

L’UMT propose sa formule de réforme au CESE

Comme annoncé sur nos colonnes il y a quelques semaines, l’Union marocaine du travail (UMT) vient d’adresser un mémorandum au Conseil économique, social et environnemental pour l’alerter sur la portée et les conséquences du projet de réforme des retraites, tel qu’initié par le gouvernement. À travers cette «contre-attaque», l’UMT veut que le projet de réforme préparé par le gouvernement soit débattu dans le cadre du dialogue social et demande aux CESE de faire une recommandation dans ce sens. L’Union met en garde contre une éventuelle instrumentalisation du Conseil pour faire passer la réforme. À l’évidence, la tâche de Nizar Baraka ne sera pas facile, d’autant plus que les syndicats comptent sur leurs représentants qui siègent au Conseil pour conforter leur position.

L’UMT propose sa formule de réforme au CESE
La retraite à 65 ans devrait rester une option facultative, selon les syndicats.

D’entrée de jeu, l’UMT attire l’attention du président du CESE sur «l’approche unilatérale du gouvernement dans le traitement de ce dossier». La centrale syndicale a été on ne peut plus claire en réitérant encore une fois son refus de la méthodologie adoptée par le gouvernement. «Certes, le gouvernement a le droit de saisir le CESE pour avis. Mais il aurait fallu qu’on se mette d’accord sur le principe de la saisine du CESE, compte tenu des dimensions sociales dudit dossier», explique l’UMT dans son réquisitoire. Dans sa riposte, l’UMT a mis en avant l’impact des mesures proposées par l’exécutif pour les fonctionnaires et les salariés, en l’occurrence, le rallongement de l’âge légal, les cotisations et le montant de la pension.

D’après l’analyse faite par le syndicat, les salariés et les fonctionnaires seraient les grands perdants de cette réforme. «L’État leur propose de travailler plus, de cotiser plus et de toucher moins. Autrement dit, il les oblige à supporter seuls le déficit de la Caisse marocaine des retraites (CMR), alors qu’ils se sont toujours acquittés de leurs cotisations. Contrairement à l’État, qui a failli à ses engagements en s’abstenant de payer ses cotisations depuis 1960», affirme Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT. Selon la centrale syndicale, c’est à l’État de payer pour la CMR.

Aussi, l’Union met-elle en garde contre une simple révision paramétrique. «La mise en œuvre d’une révision paramétrique sera, sans doute, vouée à l’échec, si elle n’est pas accompagnée d’une réforme globale», fait savoir la centrale syndicale, précisant que la révision paramétrique devrait toucher l’ensemble des régimes de retraite pour instaurer des pôles de régimes. D’après l’UMT, «il est aberrant de parler de la réforme paramétrique du CMR, et de ne rien dire sur le Régime collectif des allocations et des retraites». Pis encore, la révision paramétrique de la CMR pourrait porter atteinte au principe de l’égalité dans la mesure où il y a des salariés relevant de la même institution ou du même secteur adhérant à deux régimes de retraite, prévient l’UMT.

Pour étayer encore son idée, la centrale syndicale a dressé une liste des répercussions potentielles que pourrait générer la réforme paramétrique sur le marché de l’emploi, à travers l’accroissement du taux du chômage dans les rangs des profils qualifiés pour la fonction publique, l’impact négatif «important» sur le pouvoir d’achat des adhérents ainsi que la diminution du taux de rendement.

La formule proposée par l’UMT

Pour remédier à la situation, l’UMT propose une réforme permettant de mettre en place d’un système bipolaire, chose qui passera nécessairement par des révisions paramétriques de l’ensemble des caisses. D’après elle, la première phase de la refonte devra permettre un certain rapprochement entre le système des pensions civiles et le RCAR (Régime collectif d'allocation de retraite). Cette étape posera les premiers jalons d’une réforme systémique des régimes de retraite. Sur ce registre, le mémorandum adressé au président du CESE comporte des propositions de l’UMT qui sont aux antipodes de celles formulées par le gouvernement. Ainsi, la centrale syndicale réitère son refus du rallongement de l’âge légal de retraite à 65 ans. D’après elle, l’âge de retraite devrait demeurer à 60 ans, et 65 ans devrait rester une option facultative. S’agissant des cotisations, l’UMT ne mâche pas ses mots en insistant sur le fait que c’est l’État qui devra supporter, seul, l’augmentation de ces cotisations. Concernant, le mode de calcul de la pension, il ne doit pas être touché. Et la pension de retraite doit être calculée sur la base du dernier salaire perçu et non sur la base du salaire moyen perçu lors des huit dernières années de travail.

En parallèle à la réforme de la CMR, la révision du RCAR s’avère nécessaire. Sur ce chapitre, l’UMT plaide en faveur d’une révision du mode de calcul de la pension, sur la base du salaire moyen perçu lors des cinq dernières années de travail. Il plaide aussi pour la refonte du régime complémentaire/RCAR, via l’augmentation du taux de cotisation à 6%, à raison de 3% à la charge de l’institution et 3% à la charge du salarié. Quant à l’âge de départ à la retraite, il peut être porté à 65 ans pour garantir un certain rapprochement entre les deux régimes. Après la révision de l’ensemble des paramètres et l’évaluation des résultats qui vont en découler, l’UMT recommande, comme troisième phase de réforme, la mise en place du pôle public qui regroupera les régimes de retraite civils et collectifs. 

Lisez nos e-Papers