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Les journalistes appellent à plus de parité dans le champ médiatique

Les problèmes rencontrés par les femmes journalistes dans l’exercice de leur fonction ont été décortiqués à Casablanca. Les représentants de plusieurs syndicats et de journaux du sud de la Méditerranée, réunis lors d’une conférence organisée lundi, ont mis en avant l’importance de l’action syndicale comme principal outil pour la promotion des principes de la parité dans le champ médiatique.

Les journalistes appellent à plus de parité dans le champ médiatique
Cette conférence a été l’occasion pour revenir sur les entraves bloquant les carrières professionnelles des femmes dans les médias.

Les journalistes arabes plaident en faveur de la promotion des principes de parité dans le monde médiatique. Participant à une conférence régionale sur «les politiques d'égalité des genres et droits syndicaux dans les médias dans la région du sud de la Méditerranée», organisée lundi dernier à Casablanca, les journalistes issues du sud de la Méditerranée ont planché sur les différents problèmes rencontrés par les femmes journalistes, notamment au niveau de l'accès aux postes de responsabilité.

Cette conférence, financée par l’Union européenne, a été l’occasion pour revenir sur les entraves bloquant les carrières professionnelles des femmes dans les médias. Dans ce sens, les participants ont dénoncé «la discrimination dont souffrent les femmes au niveau des rédactions». Une discrimination qui se fait sentir aussi bien au niveau de la répartition des tâches qu’au niveau des salaires, toujours selon les participants. Prenant part à cette rencontre, la coprésidente du conseil du genre de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Mounia Belafia, a affirmé que le nombre de femmes lauréates des écoles de journalisme dépasse largement celui des femmes exerçant la profession. Un écart dû, selon la journaliste, à des problèmes liés aux conditions de travail, la marginalisation ainsi que le harcèlement sexuel.

Dévoilant les résultats d’un rapport sur la pratique syndicale, Mme Belafia a affirmé que le syndicalisme est un moyen efficace pour défendre la profession et améliorer les conditions des femmes qui l’exercent. Toutefois, cette pratique dans le monde arabe souffre aussi du problème de la difficulté d'accès des femmes aux postes de responsabilité. Aucun syndicat de la presse n’est présidé par une femme, toujours selon Mme Belafia. De son côté, le président de la FIJ, Jim Boumelha, a affirmé que le journalisme est devenu, plus que jamais, une profession féminine. Le nombre d’étudiantes et de femmes journalistes ne cesse d’augmenter selon le responsable, qui n’a pas manqué de mettre en avant les disparités enregistrées dans le monde arabe. Une réflexion partagée par le président du conseil national du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), Youness Moujahid. L’ex-président de la SNPM a souligné que le travail syndical restait l’outil le plus approprié pour dissiper l’image négative véhiculée sur les capacités de travail des femmes dans le monde des médias.

Cette rencontre a été aussi l’occasion pour revenir sur les efforts entrepris par le Maroc sur le chemin de la parité. Le ministre-conseiller, chef adjoint de la Délégation de l'UE au Maroc, Raul de Luzenberger a mis en avant deux événements principaux. Il s’agit de la promulgation de la nouvelle Constitution en 2011 et qui consacre les principes de parité ainsi que l’adoption du plan gouvernemental pour l’égalité en 2012. Rappelons que cette manifestation qui s’étend sur trois jours connait la participation d’une trentaine de femmes journalistes ainsi que plusieurs syndicalistes. La rencontre se déroule en quatre tables rondes, traitant des questions relatives au genre.


Questions à : Jim Boumelha président de la FIJ

«Il n’y a pas un problème d’accès à la profession, mais plutôt une question d’égalité des salaires et des tâches»

Quelles sont les raisons de l’organisation de cet événement au Maroc ?
Cet événement est une série de conférences touchant à plusieurs thématiques. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) compte ce qu’on appelle des régions formelles, telle la région Afrique, par exemple. Le monde arabe n’est pas une région formelle, toutefois, il s’agit d’une région bien déterminée, vu la langue et d’autres éléments communs au pays de la région et au sein de la FIJ on tient annuellement des conférences régionales pour les syndicats par région. Cette conférence se tient particulièrement en retard, car elle a été d'abord prévue au Yémen. Mais vu la situation dans le pays, on l’a finalement organisée au Maroc. Le thème de la réunion est «l’après-Printemps arabe». Je vous rappelle qu’on s’était réuni à Casablanca en 2011, au début de ce «Printemps» il y avait beaucoup d’optimisme sur la transformation des médias à l’époque et on s’était mis d’accord sur un plan de travail. Aujourd’hui, on fait une évaluation de ce qui a été fait. On est là aussi pour traiter les questions relatives à la femme journaliste, et malheureusement rares sont les présidents des syndicats qui prennent la question de la femme au sérieux et qui viennent participer à ce genre de débat.

Quel diagnostic faites-vous de la situation de la femme dans les médias, dans les pays arabes et au Maroc particulièrement ?
L’une des choses qui sont devenues une constante, c’est que les femmes sont de plus en plus attirées par les métiers de journalisme, malgré la crise que connait le secteur. C’est vrai que la situation change de pays en pays, mais les problèmes sont presque les mêmes. Il n’y a pas un problème d’accès à la profession, mais plutôt une question d’égalité des salaires et des tâches. Dans les pays du monde arabe, dans cette situation d’après-Printemps, il y a une forte pression sur la femme. Des pressions surtout idéologiques, après l’arrivée au pouvoir de gouvernements de droite.

Quelles sont les pistes de solution que vous proposez pour améliorer cette situation ?
Cela dépend des possibilités qu’on a pour démocratiser nos syndicats, chose qui est très importante. Quand les femmes sont marginalisées dans un groupe, elles n’ont pas les moyens de s’exprimer et d'exposer leurs problèmes. La culture du syndicat doit changer pour que les femmes puissent accéder aux postes de décision. Les syndicats doivent s’adapter comme cela se fait actuellement en Europe. Ces problèmes sont connus par tout le monde et on ne peut pas rester au stade de la sensibilisation. Il faut plutôt qu’on puisse discuter des moyens et des plans de travail pour commencer le changement. 

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