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Quand les pharmacies acceptent de faire crédit

Face à la cherté des médicaments et au faible pouvoir d’achat des clients, plusieurs officines acceptent d’accorder les médicaments grâce au fameux «carnet de crédit», à l’image des épiceries. Mais si certains clients arrivent à honorer leur engagement, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Les pharmaciens indiquent même que certains clients, dont l’âge est très avancé, décèdent avant de rembourser leurs dettes.

Quand les pharmacies  acceptent de faire crédit

«Les pharmacies se transforment en véritables épiceries à Salé». La déclaration est de Fatima, gérante et aide-pharmacienne dans l’un des quartiers de Salé. Ici, la journée de travail démarre à 9 h et dure jusqu’à 20 h. Les clients qui viennent acheter les médicaments et payer en espèces se font très rares. La plupart des habitants de ce quartier prennent les médicaments à crédit. Démunis, ils n’ont souvent pas les moyens de payer le prix des médicaments. Khadija, l’une des clientes assidues de la pharmacie est venue, en cette matinée, chercher une boite de lait pour son nourrisson âgé d'à peine quatre mois. Chaque semaine, cette femme achète quatre boites de lait. «Khadija nous paie à la semaine. Elle n’a pas les moyens de régler ses achats à chaque fois. Son mari, qui travaille dans la maçonnerie, est d’ailleurs rémunéré à la semaine», confie Fatima.

Selon la gérante de cette officine, le nombre des clients qui achètent les médicaments à crédit dépasse celui de ceux qui payent lors de l’achat. «En moyenne, le montant des médicaments vendus à crédit avoisine les 2.000 DH par jour, pour une recette quotidienne de 1.000 DH», ajoute Fatima.
En effet, cela fait six ans que cette pharmacie a adopté ce système de vente à crédit. Mieux encore, un système informatisé a été installé spécialement pour pouvoir gérer les différentes opérations de crédits. «Cette méthode nous permet de suivre les comptes des différents clients et de leur rappeler la date du paiement convenue à l’avance», affirme Aderrahmane, aide-pharmacien. En effet, la date de paiement des sommes dues varie d’un client à un autre. Certains clients paient par mois, d’autres par trimestre. «De nombreux clients sont des retraités. Ils ne sont payés que tous les trois mois. Par conséquent, nous essayons de leur faciliter la vie, car généralement ils n’ont pas les moyens de payer les médicaments», explique Fatima. Néanmoins, la gérante affirme donner les médicaments en contrepartie d’un chèque d’un montant correspondant à la facture totale. «Les clients refusent quelquefois de nous payer. Dans ce cas, je vais les voir chez eux pour les convaincre de régler leurs dettes dans les délais, mais s’ils refusent encore, nous nous trouvons dans l’obligation d’encaisser le chèque. Mais cela arrive rarement», annonce Fatima.

Selon cette gérante, les gens ont peur d’arriver à ce stade, car ils ont souvent un compte bancaire sans provision.
«Nous essayons de trouver des compromis avec ces clients en essayant d’ajourner la date de paiement. Nous sommes justement conscients des difficultés que ces personnes rencontrent à rembourser leurs dettes en l’absence d’un revenu stable», ajoute Ahmed, un autre aide-pharmacien. Mais l’attente risque parfois de ne pas être fructueuse. Car certains clients peuvent décéder avant de régler leurs factures. «Il arrive assez souvent qu’un client, en âge très avancé, décède avant de régler ces dettes qui généralement sont assez importantes. Dans ce cas-là, nous n’avons d’autres choix que d’effacer l’ardoise. La pharmacie risque de subir de grosses pertes dans ce genre de situations», s’exclame Fatima. Des pertes qui peuvent menacer la survie même de la pharmacie… 

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