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Le BTP concentre 20% des accidents du travail

Le Maroc concentre le risque d’accident du travail le plus élevé de la zone MENA, selon le Bureau international du travail. Afin de sensibiliser les entreprises à ce fléau, la Fédération marocaine de l'électricité (FEMADEL) a organisé une rencontre-débat intitulée «Santé et sécurité au travail, enjeux de conformité et de compétitivité pour les entreprises marocaines». L’occasion pour les participants de rappeler que tout salarié devrait pouvoir travailler dans les meilleures conditions possibles sans devoir mettre sa vie en danger.

Le BTP concentre 20% des accidents du travail
La sécurité au travail est très souvent négligée par les employeurs, mais aussi par les employés.

«La santé et la sécurité au travail est un droit fondamental. Chaque personne devrait avoir la possibilité d’apporter une contribution active à la société dans un milieu de travail salubre et sûr», indiquait récemment le ministre de l’Emploi et des affaires sociales, Abdeslam Seddiki. Mais en raison de l’évolution du système entrepreneurial faisant usage de moyens managériaux ciblant l’intensification du travail et l’augmentation de la productivité, les risques professionnels sont devenus de plus en plus fréquents.

En effet, ceux-ci constituent un véritable fléau au Maroc. Selon les estimations du Bureau international du travail (BIT) le Royaume serait dans une position peu enviable puisqu’il concentre le risque d’accident de travail le plus élevé de la zone MENA, à savoir 47,8 cas pour 100.000 travailleurs, soit 2,5 fois le taux moyen de la zone. Le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle cite pour sa part un nombre de 60.000 accidents du travail par an, dont plus de 20% pour le secteur du BTP. En effet, les accidents de travail les plus courants sont ceux liés à la manutention manuelle, les chutes de hauteur, particulièrement dans le secteur du bâtiment et travaux publics. De plus, une grande proportion des sinistres est liée aux accidents des trajets, sur le chemin d’aller et retour entre le domicile de l’employé et le lieu du travail.

Pour y faire face, le gouvernement s’est attelé à mettre en place le dispositif législatif nécessaire à l’encadrement de la santé et de la sécurité des travailleurs dans l’entreprise. «Le Maroc a ratifié la convention n°187 destinée à promouvoir la santé et la sécurité au travail et a entamé la mise à niveau de son cadre normatif pour qu’il soit conforme aux dispositions de cette convention. Dans ce cadre, un projet de loi a été élaboré, de nouveaux textes d’application du Code du travail ont été publiés et un nouvel arrêté fixant la liste des tableaux des maladies professionnelles est en cours de publication au Bulletin officiel. Aussi, des services de santé et de sécurité au travail ont été institutionnalisés au niveau des neufs directions régionales de l’emploi», indique le ministre de l’Emploi et des affaires sociales, rappelant par la même occasion que le Maroc dispose d’ores et déjà d’un comité d’hygiène et de sécurité dont la mission principale est l’évaluation et la prévention des risques professionnels.

Mais jusqu'ici, aucun véritable débat ni sensibilisation sur le sujet n’avait encore vu le jour. C’est pourquoi la Fédération marocaine de l’électricité (FEMADEL) a pris les devants en organisant, le 19 novembre dernier, une rencontre-débat intitulée «Santé et sécurité au travail, enjeux de conformité et de compétitivité pour les entreprises marocaines», en présence notamment du ministre de l’Emploi et des affaires sociales. Ce débat entre dans le plan d’action 2014-2015 de la FEMADEL qui fait de la responsabilité sociale de l’entreprise un enjeu central. «Nous avons souhaité sensibiliser les entreprises à l’importance d’une gestion intégrée des aspects de la sécurité, de l’hygiène et de la santé, comme outil de promotion de leur compétitivité», indique Reda Sekkat, président de la FEMADEL.

Mais pour que tous les travailleurs puissent travailler dans un environnement salubre et sûr, ceci nécessite un investissement de la part de l’entreprise. Ainsi, les lourdes charges sont souvent considérées par celle-ci comme des contraintes, alors qu'elles constituent au contraire un véritable levier de compétitivité. Investir pour la réduction des accidents du travail, c’est réduire directement les coûts liés à ceux-ci. Mais c’est aussi réduire les coûts masqués liés aux accidents et aux premiers soins, aux accidents matériels, aux arrêts maladies, aux interruptions inopinées de production pour raison de sécurité ou situations dangereuses. Aussi, une étude de l’Association internationale de la sécurité sociale (ISSA) en 2011 portant sur 300 sociétés de 15 pays différents a permis de démontrer l’impact de ces investissements en termes de santé et de sécurité.

À en croire le rapport, les avantages seraient donc multiples. Au-delà de la diminution des accidents de travail, le rapport note une amélioration de la motivation et de la satisfaction des employés (21%), une amélioration de l’image de l’entreprise (21%), ou encore une réduction du temps de compensation après perturbation (14%). Les investissements dans la sécurité et la santé procurent donc des avantages directs en termes microéconomiques.

Cela signifie concrètement que les entreprises peuvent espérer un retour potentiel de 2,20 DH (ou toute autre monnaie) pour chaque DH (ou toute autre monnaie) investi dans la prévention, par année et par salarié. Ce résultat a été confirmé par une autre étude, plus récente (2013), sur 337 entreprises.

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