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Jeudi 02 Mai 2024
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La prise en charges des troubles mentaux appelle des moyens plus appropriés

L’hôpital Ibn Nafiss vient de se doter d’un nouveau centre psychothérapeutique de jour. Les demandes affluent, les places, elles, restent insuffisantes. En effet, force est de constater que l’infrastructure médicale ne répond pas à la demande à en juger par le rapport du CNDH (Conseil national des droits de l’Homme) dont le constat est assez alarmant.

La prise en charges des troubles mentaux appelle des moyens plus appropriés
Les 172 psychiatres travaillant dans le secteur public se concentrent essentiellement au niveau des grandes villes.

Le Maroc compte actuellement de 27 établissements publics spécialisés dans le traitement des maladies mentales précise le rapport. Seize hôpitaux généraux disposant d’un service psychiatrique à Khouribga, El Jadida, Safi, Sidi Kacem, Casablanca-El Fida, Mohammedia, Laâyoune, Errachidia, Ifrane, Meknès, Inezgane, Ouarzazate, Taroudant, Béni Mellal et Al Hoceima. Six hôpitaux psychiatriques spécialisés à Berrechid, Tit Mellil, Marrakech-Médina, Oujda, Tanger et Tétouan. Trois hôpitaux psychiatriques dépendant des centres hospitaliers universitaires à Salé, Fès et Marrakech. Un service psychiatrique relevant d’un centre hospitalier universitaire à Casablanca. Un service de pédopsychiatrie rattaché au centre hospitalier universitaire à Casablanca. La capacité litière de l’ensemble de ces structures est, selon les données fournies par le ministère de la Santé, de 1 725 lits. Les structures existantes sont, à l’évidence, en deçà des besoins de la population.

On remarque paradoxalement que la capacité litière est, partout et depuis des années, en baisse continue. Alors qu’elle atteignait à Berrechid seulement un millier de lits vers le milieu des années 1970, elle ne dépasse guère actuellement 240 lits. Et à Tit Mellil, elle est passée de 400 lits à 140, puis à 120 pour finalement se situer à 86 lits. Soit, en fin de compte, une baisse d’environ 80%. À Meknès, le nombre de lits réservés aux malades mentaux, qui atteignait initialement 120, n’en garantit plus que 58.
S’il n’y a pas assez de places dans ces centres, il n’y a pas non plus assez de personnel. En tout, ils sont quelque 320 psychiatres à exercer au Maroc. Soit moins d'un médecin et deux infirmiers pour 100 000 habitants, a indiqué Hicham El Berri, chef de la Division des maladies non transmissibles, Direction de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé. Pourquoi sont-ils peu nombreux ? Pour Omar Battas, professeur de psychiatrie et directeur de l’UFR, il y a de multiples raisons à cela. Tout d’abord, parce que la psychiatrie est une discipline relativement récente dans notre pays. «L’imaginaire collectif considère que les malades mentaux sont assez particuliers, et que les gens qui s’en occupent sont assez bizarres, quand ils ne sont pas malades eux-mêmes». Ceci ne motive certainement pas les jeunes médecins pour choisir cette spécialité.

En plus d’être peu nombreux, ils sont également très mal répartis. En effet, les seuls 172 psychiatres du secteur public se concentrent essentiellement dans les grandes villes. Pour preuves, 35,5% de ces spécialistes se trouvent dans les seuls CHU de Casablanca et Rabat, avec 35 psychiatres à Casablanca et 26 à Rabat, soit au total 61 psychiatres. Au CHU de Fès, il y a huit psychiatres et neuf au CHU de Marrakech, alors que le chiffre le plus élevé pour les autres établissements ne dépasse pas cinq, ce qui représenterait approximativement, pour une ville comme Agadir, un psychiatre pour 70 000 habitants. Nombreux sont donc les établissements d’hospitalisation qui n’ont qu’un seul psychiatre bien qu’ils aient une capacité litière assez élevée. C’est pourquoi certains psychiatres seraient affectés contre leur volonté ou par mesure disciplinaire officielle ou implicite dans des régions déshéritées, ce qui ne manque pas de peser et sur leur rendement et sur leur relation avec les usagers.

Une nouvelle approche dans la prise en charge des maladies mentales

Le Centre psychothérapeutique de jour (CPJ) «Ennassim» qui vient d’ouvrir à l'Hôpital Ibn Nafiss de Marrakech, constitue la première structure du genre au niveau national qui propose une nouvelle approche dans la prise en charge de la maladie mentale avec des soins innovants dans le respect de la dignité des malades.
Depuis le lancement de ce centre de soins psychothérapeutique au sein de l'hôpital, l'affluence a dépassé toutes les attentes, selon les responsables du Centre. Cinq psychiatres et un staff médical de cinq infirmiers et un major s'y activent, recevant des personnes souffrant de troubles psychiatriques, mais dont l'état est stable et ne nécessite pas une hospitalisation à plein temps. Une goutte d’eau dans un océan, mais c’est un début, avant il n’y avait rien du tout. 

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