La contestation des étudiants marocains continue et la tension ne cesse de monter entre le ministère de l’Éducation nationale et les élèves protestataires. À l’origine du conflit, l’adoption par le ministère de l’Éducation d’un nouveau système informatique (Massar). Arrivé à sa deuxième phase d’exécution, le système «ambitionne l’intégration des technologies de la communication dans le système éducatif et le renforcement de la gouvernance dans la gestion du système scolaire», affirme le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, Rachid Belmokhtar. Selon le responsable gouvernemental, l’objectif de son département est de favoriser l'ouverture sur le monde de la technologie et de la connaissance numérique, tout en contribuant à l'amélioration du rendement de l'élève et de son apprentissage.
Cette nouvelle plateforme permettra aussi aux parents de faire le suivi du parcours scolaire de leurs enfants via des sites internet mis en ligne à cet effet. Les emplois du temps, les dates des examens ainsi que les notes obtenues par chaque étudiant du primaire jusqu'au lycée devront figurer sur le nouveau système, nous explique un cadre de l’éducation nationale. De leur part, les élèves, concernés directement par le nouveau système, ne voient pas la nouvelle réforme d'un bon œil. Mais si les revendications des manifestants vont toutes vers l’abrogation pure et simple du système Massar, les étudiants semblent ne pas cerner les objectifs et les retombées de la plateforme sur leur scolarité. Plusieurs pages pour expliquer les revendications ont été créées par les étudiants sur les réseaux sociaux au cours des dix derniers jours.
Les administrateurs de ces pages avancent que les étudiants doivent être associés à la prise de ce genre de décision et s’opposent à l’informatisation du système surtout au niveau de la conservation des notes. Sur la plupart des pages, les participants insistent sur l’importance de mettre en avant la relation professeurs/étudiants afin de donner une dimension humaine au système de notation. Ces revendications font référence à une pratique courante dans notre système éducatif, celle de gonfler les notes obtenues lors des contrôles continus afin de garantir l’obtention d’une bonne moyenne générale. De son côté, le ministre de l’Éducation nationale, interpellé sur les protestations, a affirmé que le mouvement a été très limité et reste incompréhensible. Dans ce sens, le ministre dénonce la campagne de désinformation qui a accompagné la mise en place de Massar et dont les étudiants ont été victimes. M.Belmokhtar souligne que le système d’évaluation des élèves restera inchangé contrairement aux propos avancés par les élèves. La polémique autour du programme Massar ainsi que les manifestations enregistrées dans la plupart des villes marocaines ont suscité plusieurs réactions.
Le député Mohamed EL Othmani du Parti de la justice et du développement a appelé, dans une déclaration, le ministère de l’Intérieur à assumer ses responsabilités et interdire ces rassemblements d’étudiants non autorisés. De leur part, les associations des parents d’élèves ont apporté leur soutien à Massar. Dans un communiqué rendu public, la fédération des associations des parents des lycéens de Tanger-Assila a loué les bienfaits de la nouvelle plateforme surtout au niveau du contrôle parental désormais accessible depuis internet.
