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«Souk Tlat», une décharge à ciel ouvert

Le souk semble défier le temps, tel un monument antique. Des paysans parcourent parfois une centaine de kilomètres pour s’y rendre. On y trouve des négociants et des artisans venus offrir leurs services, mais aussi des camelots, des conteurs, des voleurs à la tire dont les doigts agiles vous tâtent subrepticement les poches...

«Souk Tlat», une décharge à ciel ouvert
Chaque mardi et samedi, les Doukkalis sont inlassablement confrontés à l’anarchie totale occasionnée par l’invasion massive d’engins : camions, tracteurs, chariots, charrettes et bestiaux.

Les gens viennent au souk, car ils y trouvent de tout : de vieux livres, des cassettes vidéo et CD, de roues de bicyclettes, des téléviseurs vieux d’une trentaine d’années, des plantes, des meubles neufs ou vieux, des vêtements et autres ustensiles de cuisine, dont des lots de cuillères ou de fourchettes estampillées Air France ou Royal Air Maroc. Mais la réalité du souk est là : tous ces articles usés et abîmés trouveront toujours preneur.
Le souk est divisé en quartiers par «spécialité». Les «quartiers» sont séparés par des boulevards. Sur chacune de ces artères, on compte cinq gargotes mobiles abritées sous des tentes de fortune. On y sert des petits plats populaires, depuis les beignets jusqu’à la bouillie de pois chiches, en passant par les casse-croûte, les tranches de foie grillées sur la braise, les brochettes, les boissons gazeuses, le café et le thé à la menthe.
Qu’il vente ou qu’il pleuve, le souk est toujours plein. Toute l’année, le spectacle est impressionnant. Des charlatans y exercent illégalement la médecine. Dans un coin du souk, un vieillard propose un médicament pour l’insuffisance rénale. Il explique comment le remède agit sur les reins et les rend plus fonctionnels. Or sur l’emballage transparent, aucun texte en précisant l'usage ou mode d’emploi, en revanche, on trouve une indication de provenance : la Chine. Le vieux propose un sachet de dix pastilles contre la somme de 20 DH. Pour faire marcher son commerce, il est discrètement soutenu par deux à trois personnes qui jouent le rôle des badauds intéressés par son produit. Et ça marche ! Certaines personnes, par curiosité ou par besoin, mordent à l’hameçon.

Le problème, c’est que ce bazar à ciel ouvert est en pleine agglomération. Il abrite un abattoir et en plus il se trouve à proximité d’une «ferraille». Chaque mardi et samedi, les Doukkalis sont inlassablement confrontés à l’anarchie totale occasionnée par l’invasion massive d’engins : camions, tracteurs, chariots, charrettes et bestiaux. De redoutables hordes, venues de partout et de nulle part, provoquant sur leur passage pollution, embouteillage et désordre dans la ville. Des vendeurs de viande bovine, ovine, caprine et cameline s’entremêlent dans ce marché où l’hygiène n’a pas sa place.

Les bêtes, égorgées dans l’abattoir qui se trouve à quelques mètres du lieu de la vente, gisent toujours dans leur sang. Les eaux de rinçage des abats et autres tripes sont jetées juste devant l’entrée des boucheries. Et quand elles ne s’écoulent pas vers d’autres lieux du souk, elles forment des flaques dans les ornières creusées dans la boue.

Mardi après-midi, entre 15 et 16 h, les camions et les commerçants partent et laissent derrière eux excréments, légumes pourris et emballages de toutes sortes. Des monticules de détritus et toutes sortes d’ordures domestiques, humaines et animales mêlés aux eaux usées et à la boue se forment ici et là. La puanteur et les odeurs fétides se dégagent des ordures éparpillées, aggravant l’état de l’environnement. Bien que la situation soit alarmante et présente un réel danger pour la santé, aucune action de nettoyage n’a jamais été menée dans le souk.

Le souk «Tlat» devient du coup une véritable décharge publique et un nid à microbes.

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