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Haro sur les stéréotypes féminins réducteurs

S'exprimant à l'ouverture d'un séminaire sur le thème de l'image de la femme marocaine dans la production artistique arabe, Mme Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, a indiqué que les stéréotypes féminins, véhiculés par certaines productions portaient atteinte à l’intégrité et à la dignité de la femme.

Haro sur les stéréotypes féminins réducteurs
L'image médiatique de la femme doit accompagner l'évolution de la société.

Ce mercredi, la ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassina Hakkaoui, a appelé à changer l'image stéréotypée des femmes marocaines, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Royaume. Pour ce faire, la ministre souhaite lutter contre les émissions qui continuent de présenter la femme sous un aspect avilissant et réducteur. Ainsi, Mme Hakkaoui a annoncé la signature d'une convention pour la mise en place d’un Observatoire national pour l'amélioration de l'image des femmes dans les médias. Une façon de faire évoluer les préjugés discriminatoires selon le genre et permettre aux femmes d'accéder aux postes de responsabilité en se basant sur la transparence, le professionnalisme et l'égalité des chances et en tenant compte de la diversité et la richesse de la présence féminine sur les plans culturel, social, économique et politique. Présente à cette occasion, la rédactrice en chef du magazine «Nissae min Al Maghreb», Khadija Sabil a déploré la diffusion de certaines séries ramadanesques offrant une image stéréotypée et négative de la femme marocaine soulignant que la Constitution reconnait, elle, les droits des femmes et appelle à la parité.
Une étude sur les stéréotypes menée auprès de 88 femmes marocaines a permis de montrer que ceux-ci sont essentiellement basés sur les particularités attribuées à la femme (elle est sentimentale, physiquement faible, multitâches, rusée, peureuse ou dévouée, etc.).

Des stéréotypes bien ancrés

Dans la sphère familiale, la question des tâches domestiques et ménagères demeure un vecteur dominant de production et de reproduction des stéréotypes liés au genre. Constat appuyé par le témoignage d’une femme au foyer à Foum Al Anser dans la province de Béni Mellal. «Pour moi, la caractéristique principale d’une femme est la bonne gestion des affaires de la maison».

De plus, la femme est considérée comme le principal responsable de la réussite de la vie familiale (ou de son échec). «L’élément fondamental qui structure les stéréotypes et des représentations féminines à ce sujet est l’image socialement valorisée de la femme mère qui se met complètement au service de son foyer», rapporte l’étude. Néanmoins, il s’agit ici d’un exemple assez typique des stéréotypes familiaux qui, bien que glorifiant les rôles et les responsabilités assignés à la femme, lui portent préjudice.

D’autres idées préconçues concernent la présence de la femme dans l’espace public. Bien que ces espaces soient, a priori, accessibles à tous, ils demeurent largement dominés par les hommes à cause des stéréotypes qui poussent plusieurs catégories de femmes et de jeunes filles à les éviter.

À l’école, la situation n’est pas meilleure. «L’institution scolaire participe au maintien de ces stéréotypes par plusieurs mécanismes : manuels scolaires, comportement des enseignants, attitude des parents à l’égard de la scolarisation de leurs enfants… Les recherches montrent également que les enseignants contribuent eux-mêmes au renforcement des stéréotypes», indique l’étude. En effet, l’image véhiculée par les manuels scolaires en arabe met en valeur des attributs spécifiques liés à l’homme (intelligence, courage, autorité, curiosité, intellect…) et d’autres à la femme (douceur, gentillesse, affection et labeur). La femme est affectée aux travaux domestiques, à l'éducation des enfants, à son rôle de mère et de femme au foyer, tandis que l'homme occupe le rôle de chef de famille et s'occupe du besoin matériel de son foyer. Autrement dit, la femme est contrainte à se dévouer pour sa famille au moment où l'homme jouit d'une vie sociale.

Dans le monde professionnel, les différentes catégories de femmes interviewées estiment que les attributs féminins «sont incompatibles avec l'exercice de certains métiers qui demandent la force physique, l'endurance émotionnelle». Suivant ce même raisonnement, les stéréotypes de genre liés au leadership féminin sont très répandus. Une femme ne peut devenir leader qu'en empruntant des attributs considérés comme masculins (forte personnalité, fermeté, maitrise de soi, capacité à mobiliser, à fédérer). Et selon le rapport, la transposition de ses atouts au féminin est peu flatteuse : «c'est la femme masculine, arriviste et carriériste qui maîtrise ses émotions et donne la priorité à sa vie professionnelle au détriment de sa vie personnelle».

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