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Ces femmes du «moukef» en quête de travail

Elles sont plus d’une dizaine de femmes à se rendre chaque jour au même endroit, le «moukef», en quête de travail. Travaillant comme journalières, elles acceptent d’accomplir différentes tâches ménagères en contrepartie de sommes dérisoires. Venues souvent de régions lointaines, elles se sont installées à Salé et ne disposent d’aucun parent sur place. Leur seul capital est leur force physique qu’elles déploient pour continuer à survivre.

Ces femmes du «moukef»  en quête de travail
Le «Moukef» de Salé existe depuis 25 ans.

Elles se réunissent tous les jours derrière le cinéma «Nasr» à Hay Salam, dans la ville de Salé. C’est là où, elles ont appris à se faire des clients. Elles sont une trentaine de femmes de ménage journalières à avoir choisi cette place, nommée «moukef», comme lieu de rassemblement pour partir travailler. Réunies en groupe de trois personnes dès la première heure du matin, elles guettent avec attention les piétons et les automobilistes. Il n’est pas question de baisser la tête, car tout peut se décider dans un laps de temps minime.

Habillées de vieilles djellabas et portant des foulards mal noués, elles attendent, tournent la tête à droite et à gauche, scrutent avec attention chaque détail de la rue. Un passager qui s’arrête ou une voiture qui marque le stop signifie autre chose dans leur vécu quotidien. Car ces passagers peuvent être des clients. Elles n’attendent même pas de s’assurer que c’est le cas. Il suffit de voir une voiture s’arrêter pour qu’une véritable course démarre entre ces femmes. Une fois devant le conducteur, elles lui proposent leurs services à savoir la lessive, le grand ménage et autres. Tout dépend du désir du client. Mais la première arrivée est celle qui décroche le client. Ici, c’est la loi du plus fort qui règne. «Ce sont les femmes les plus robustes qui réussissent à convaincre le client. Nous les craignons parce qu’elles peuvent se retourner contre nous. On les a surnommées “Sahihate” (les fortes)», explique Fatima.

Dans ce «moukef» qui existe depuis 25 ans, la force est loin d’être le signe distinctif de toutes ces femmes. La plupart sont âgées de 40 ans, mais elles ont font beaucoup plus. Certaines sont même âgées de 60 ans et pourtant elles sont toujours là en quête de travail. Ces vieilles femmes aux visages tristes et ridés et aux corps fatigués fréquentent ce lieu depuis qu’elles sont arrivées à Rabat.
En effet, la majorité d’entre elles sont originaires de petits villages lointains. Arrivées très jeunes dans la ville, elles n’ont pas eu d’autres choix que de s’engager pour travailler comme «domestiques». «Nos parents ne nous ont pas appris à faire autre chose que le ménage», s’exclame Fatma.

Néanmoins, ces femmes n’ont pas toujours travaillé comme journalières. «Au début, lorsque j’ai commencé à bosser, je me suis engagée comme une femme de ménage chez une famille. J’étais payée tous les fins de mois, mais mon salaire a toujours été très dérisoire. Il ne dépassait pas 400 DH à l’époque. J’ai préféré alors travailler comme journalière. Au moins, j’arrive à gagner 60 DH par jour quand je tombe sur un client», explique Alâalia. Cette femme âgée de 65 ans est la plus ancienne journalière dans ce lieu. Actuellement, elle est mère de six enfants, mais elle continue à travailler parce qu’elle est divorcée. D’ailleurs, presque toutes ces femmes sont soit divorcées, soit veuves ou ont des époux malades. Par conséquent, ce sont elles qui assument la responsabilité de leur famille. Chose qui n’est pas évidente en l’absence d’un travail stable. «Il m’est arrivé de ne pas travailler pendant deux mois», explique Amina sur un ton triste.

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