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Le Maroc, acteur clé du développement en Afrique

Par Nezha Lahrichi, présidente du Conseil national du commerce extérieur

Le Maroc, acteur clé du développement en Afrique
Nezha Lahrichi, présidente du Conseil national du commerce extérieur

Présenter la nouvelle politique africaine du Maroc ne peut pas faire l’impasse sur l’histoire des relations du Royaume avec les pays d’Afrique subsaharienne. Une histoire où le commerce caravanier s’est largement développé au XIIIe siècle entre Sijilmassa et l’empire du Mali, et où l’islamisation et les confréries soufies ont joué un rôle déterminant dans cette évolution. Ces liens séculaires reposent sur des fondements économiques et des affinités culturelles qui sont un atout pour le commerce et l’investissement. L’histoire récente ne fait que les ressusciter.

Les atouts du Maroc et ses choix stratégiques

L’atout fondamental du Maroc est la stabilité des institutions et à leur tête l’institution monarchique, une composante forte de l’identité du Maroc et de l’unité des Marocains. La Monarchie marocaine assure une vision à long terme avec des options stratégiques dans la durée. Un atout qui sert la position géostratégique du Maroc et son ambition de devenir une plateforme d’investissement et d’exportation au carrefour des marchés européen, américain et africain.

Deux clés de succès pour renforcer l’attractivité de l’économie marocaine : un processus d’ouverture qui a sa logique et les choix stratégiques pour accompagner cette ouverture. Le Maroc est engagé depuis 1987 dans un processus de libéralisation multilatérale, dans le cadre de l’OMC, et bilatérale dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne. Mais le processus s’est accéléré en 2004 par la signature d’autres accords de libre-échange (ALE). Ainsi, le Maroc opte pour une attractivité qui n’est pas liée seulement au coût du travail, mais aux débouchés et aux marchés. Les ALE donnent accès à un milliard de consommateurs situés dans 55 pays, mais ils sont l’apanage des seuls partenaires qui ont choisi la voie des réformes. C’est précisément le cas du Maroc. Quant aux choix stratégiques pour accompagner cette ouverture, ils évoluent dans trois directions en même temps. L’équipement du pays en infrastructures : ports, dont celui de Tanger Med, 15 aéroports internationaux, autoroutes, réseau ferroviaire avec le projet du TGV Tanger-Casablanca, un réseau de télécommunications développé et classé deuxième en Afrique. La quatrième génération du mobile est prévue pour 2015 ainsi que le lancement du chantier de la fibre optique. À cela, il faut ajouter la mise en œuvre d’une stratégie de développement de la logistique.

Parallèlement, l’État renforce la stabilisation du cadre macroéconomique, avec une croissance soutenue de l’ordre de 4,6% en moyenne par an sur la période 2006-2012, une part accrue de l’investissement dans le PIB, une inflation maîtrisée et un déficit maintenu à un niveau soutenable. En revanche, la balance des paiements présente un solde courant négatif depuis la crise internationale (10% du PIB en 2012).

Pour atténuer le déficit commercial, les pouvoirs publics apportent un élément de réponse à travers les politiques sectorielles. Celles-ci visent la modernisation de l’économie et le renforcement d’une croissance hors agriculture. La nouvelle impulsion donnée à la stratégie industrielle en est un élément important, qui vise deux objectifs majeurs : l’intégration du tissu productif, avec une montée en valeur dans les filières industrielles, et le transfert de technologie pour dépasser le stade de la sous-traitance. En outre, cette stratégie intègre la lutte contre l’informel et la reprise d’une industrie locale appelée à être compétitive. La stratégie énergétique mise, quant à elle, sur les filières solaire et éolienne et prend en considération le potentiel prometteur d’intégration. Car les énergies renouvelables vont représenter 42% de la puissance installée en 2016. Ces choix donnent toute la mesure de la politique de développement volontariste du Maroc pour se positionner comme porte d’entrée incontournable en Afrique.

 La nouvelle politique africaine : de la diplomatie d’influence à la diplomatie économique

La nouvelle politique africaine du Maroc se fonde sur des liens économiques équilibrés et la vision stratégique de faire du Maroc une plateforme à la croisée des continents. Cette vision s’appuie sur une démarche vertueuse de l’État stratège qui joue le rôle de locomotive à travers les entreprises publiques, mais aussi le rôle de facilitateur pour le secteur privé. La dernière tournée royale en mars 2014 est emblématique à cet égard. La délégation comprenait en plus des grandes entreprises publiques, les représentants de groupes privés opérant dans des secteurs très divers. Ceci pour arriver à l’objectif de l’intégration régionale : tout en approfondissant ses relations bilatérales, le Maroc œuvre pour des accords commerciaux avec des zones économiques comme l’illustre le projet d’accord avec l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Les premiers résultats de cette nouvelle politique sont largement prometteurs. L’Afrique est la destination privilégiée des investissements directs étrangers du Maroc, particulièrement en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale. Banques, télécommunications, mines, transport aérien, habitat économique sont autant de secteurs où le Maroc est présent en Afrique. Il est le deuxième investisseur dans les pays subsahariens après l’Afrique du Sud. D’une façon générale, les échanges commerciaux ont presque quintuplé en une décennie, mais restent en deçà de leur potentiel. Et, au-delà de cet aspect quantitatif, le Maroc a démontré que le partenariat est fondé sur la valeur partagée et que le codéveloppement n’est pas un effet d’annonce. 

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