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Les associations des handicapés mentaux montent au créneau

Faute de subventions, l’Union nationale des associations œuvrant dans le domaine du handicap mental au Maroc (UNAHM) a décidé de passer à un autre niveau de plaidoyer. L’organisation menace même de fermer les différentes structures d’accueil et de prise en charge des personnes en situation de handicap mental.

Les associations des handicapés mentaux  montent au créneau
Les handicapés mentaux ont besoin, toute leur vie, d'une prise en charge.

Depuis quelques années, les associations qui soutiennent les personnes atteintes de handicap mental au Maroc font face à de nombreux problèmes d’ordre financier dans l’accompagnement et la prise en charge de cette catégorie de personnes.

Face à cette situation, l’Union nationale des associations œuvrant dans le domaine du handicap mental au Maroc (UNAHM) a publié, la semaine dernière, un communiqué pour appeler le ministère du Développement social, de la famille et de la solidarité à débloquer les subventions. «Malgré nos initiatives, même le problème de la subvention du ministère du Développement social, de la famille et de la solidarité, concernant les “bourses d’appui à la scolarité des personnes handicapées”, s’aggrave sensiblement comme en témoigne le retard de plus en plus important rencontré par les associations, d’une part, dans le paiement par le ministère de ce qui leur est dû et, d’autre part, dans le renouvellement des conventions qui atteint des proportions alarmantes», s’indigne l’UNAHM qui envisage cette année de passer à un autre niveau de revendication.
Ainsi, l’organisation prévoit d’organiser un sit-in des responsables des associations, des familles, des personnes concernées et des travailleurs sociaux devant le ministère de tutelle. «Dans le cas où notre appel ne serait pas pris en compte et qu’aucune suite ne serait donnée à nos réclamations, nous serions contraints d’entamer d’autres actions, notamment plusieurs grèves dans les centres, les structures et les classes intégrées. Dans le cas où ce plaidoyer ne trouve pas une oreille attentive, nous serons contraints de passer à un stade supérieur, notamment fermer progressivement les institutions existantes, comme cela se passe depuis un certain temps», précise l’organisation dans son communiqué.

Suite à la parution de ce document, le ministère de tutelle a appelé les associations pour la signature des conventions concernant l’année scolaire 2013-2014, soit avec une année de retard. «Nous sommes choqués par les conditions de la signature de la convention que nous n’avons pas eu l’occasion de lire, mais aussi par la diminution du nombre des personnes en situation de handicap mental subventionnées par le ministère. Le nombre était déjà très faible, et il n’a pas changé depuis cinq ans, cette année il a baissé !» fustige Sabah Zemmama-Tyal, présidente de l’UNAHM. Et d’ajouter : «La continuité de la prise en charge des personnes en situation de handicap mental pour lesquels le ministère a décidé de ne pas reconduire la subvention est tributaire des conditions financières des associations. Sachant que ces personnes n’ont bénéficié de la prise en charge que lorsque le ministère a donné son engagement il y a quelques années. De plus, il n’y a aucun engagement de la part du ministère sur la liste des bénéficiaires pour cette année, alors que l’année scolaire 2014-2015 a déjà commencé».

La présidente de l’organisation a également exprimé le souhait de bénéficier d'une convention qui tienne compte aussi bien des spécificités de la prise en charge des personnes en situation de handicap mental que des conditions économiques des familles, des particularités des établissements, des structures, des classes intégrées... et des associations qui les gèrent. 

questions à : Sabah Zemmama-Tyal,présidente de l’UNAHM

«La prise en charge des handicapés mentaux coûte entre 3.000 et 3.800 DH par mois»

Faute de versement des subventions, comment les associations arrivent-elles à prendre en charge les personnes souffrant de handicap mental ?
Les associations continueront comme par le passé à mener leurs actions au jour le jour sans aucune visibilité ni possibilité de développement. Pour ceux qui arrivent encore à fonctionner et qui n’ont pas abandonné, les conséquences immédiates sont le blocage de la capacité d’accueil et l’arrêt de développement des projets en faveur des personnes en situation de handicap mental, la limitation et la réduction des prestations spécialisées et la réduction immédiate de la qualité de la prise en charge, vu l'insuffisance des ressources et leur manque de garantie.
Le manque de moyens oblige les centres et associations à n’accueillir que les personnes qui ont les moyens de payer la totalité ou une grosse partie du coût de la prise en charge spécialisée et les personnes ayant des mutuelles pour garantir des revenus leurs permettant de continuer. Aussi, les ressources humaines qui travailleront auprès des personnes handicapées mentales seront de moins en moins qualifiées, car elles seront moins coûteuses.

Comment se déroule la prise en charge des personnes souffrant de handicap mental ?
La prise en charge des personnes en situation de handicap mental nécessite une panoplie de structures et de lieux d’accueil, mais aussi un ensemble de ressources humaines et matérielles.
Une fois celles-ci mises en place, cela permet à chacune des personnes prises en charge d’adopter, selon sa déficience, des mécanismes d’adaptation afin de dépasser les obstacles, ce qui lui permet ainsi de réduire le handicap et de développer ses compétences. Il faut également signaler que cette prise en charge coûte entre 3.000 et 3.800 DH par mois. Si ces personnes ne sont pas prises en charge, leur déficience de départ serait aggravée par la non-stimulation et l’inadaptation, qui seraient alors des obstacles, et pourraient donc maintenir le handicap et l'aggraver.

Vous avez parlé de fermeture des différentes structures d’accueil et de prise en charge des personnes en situation de handicap mental. D'après vous, si cela devait arriver, quel serait le sort de ces personnes ?
Le nombre des personnes en situation de handicap mental prises en charge dans les associations ou dans le système public est insignifiant par rapport à leur nombre au Maroc, qui est de 327.000 personnes, selon le recensement de 2004.
Si les classes intégrées, centres ou établissements gérés par les associations étaient contraints de fermer, les bénéficiaires rentreraient chez eux comme tous les autres, ça fera plus de personnes et de familles frustrées, et confrontées à de plus grandes difficultés économiques et sociales générées par la situation de handicap. Mais surtout, cela montrera l'absence d'une volonté de l'État de changer la situation des personnes en situation de handicap mental au Maroc.


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