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Le gouvernement fait le point à mi-parcours

Le Chef du gouvernement a qualifié le bilan du gouvernement à mi-mandat de positif et rassurant. Durant plus d’une heure et demie, Abdelilah Benkirane a énuméré les réalisations de son équipe gouvernementale sur les plans politique, économique et social tout en exposant les nouvelles priorités. Hormis l’aggravation de la dette, le Chef de l’exécutif n’a fait que survoler les points négatifs de l’action gouvernementale.

Le gouvernement fait le point à mi-parcours
Le chef du gouvernement présentant mardi dernier son bilan à mi-parcours devant le Parlement. Ph Kartouch

Très attendu, le bilan du gouvernement de Benkirane à mi-mandat n’a pas mobilisé beaucoup de parlementaires. D’un ton ferme, le Chef du gouvernement a brandi la carte de la stabilité durant son intervention qui a duré plus d’une heure et demie. Il a, en effet, entamé son discours par le rappel du contexte national et régional dans lequel l’équipe gouvernementale a été nommée soulignant l’importance capitale de «la paix sociale» et du «calme dans la rue» pendant les deux dernières années, en dépit «des mesures difficiles qui ont été prises» pour sauvegarder les équilibres macroéconomiques du pays. L’élaboration du bilan nécessite, selon lui, de se rappeler «les efforts qui ont été déployés par le gouvernement afin de limiter l’impact négatif du contexte régional et d’enraciner la stabilité et la paix sociale». Il a cité notamment la baisse des grèves répétitives et prolongées qui paralysaient certains secteurs (santé, enseignement, collectivités locales). Comme à l’accoutumée, M. Benkirane n’a pas hésité à pointer du doigt le lourd héritage des gouvernements précédents, soulignant que les dysfonctionnements tant sur le plan social qu’économique qui ont été accumulés depuis des dizaines d’années ne peuvent pas être corrigés en une année. Le Chef du gouvernement estime qu’en dépit de toutes les contraintes, l’exécutif a pu prendre plusieurs mesures «courageuses» qui ont permis «de mettre fin à la situation d’attentisme et aux tergiversations». Il a fait allusion à la ferme volonté de réformer les systèmes de retraite pendant l’année 2014 ainsi qu’à la réforme entamée de la Caisse de compensation à travers l’indexation partielle puis totale de l’essence et du fuel industriel et le plan de sauvetage de l’ONEE. Il a reconnu néanmoins que l’orientation de la subvention envers les personnes cibles avait pris du retard tout en s’engageant à accélérer ce processus. Il s’est félicité, par ailleurs, des réformes lancées dans plusieurs secteurs comme celle de la justice et de la société civile.

Sur le plan politique, des efforts ont été déployés, selon le Chef de l’exécutif, afin de renforcer le rôle du Parlement, tel que stipulé dans la Loi fondamentale. Au niveau législatif, le gouvernement s’est attelé à accélérer le rythme de la production législative, d’après M. Benkirane. Sur les 16 lois organiques inscrites dans le plan législatif, six projets de loi organique ont été adoptés et quatre autres sont en cours d'adoption. Ont été adoptés également deux lois-cadres, 204 projets de lois ordinaires, dont huit lois concernant l'application de dispositions constitutionnelles et 99 projets de loi relatifs aux différentes politiques sectorielles, outre 97 textes portant approbation de conventions internationales ou bilatérales. Le Chef du gouvernement s’est également attardé sur les préparatifs pour les prochaines échéances électorales soulignant la ferme volonté du gouvernement de consacrer l'approche participative dans l'élaboration de la loi organique sur la région et des lois relatives aux listes électorales et au découpage territorial ainsi que le choix d'élections libres, honnêtes et transparentes.

S’agissant du volet des droits de l’Homme, il a rappelé que le gouvernement s’attelait à la finalisation des mesures de ratification de la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Le gouvernement œuvre aussi à présenter des projets de loi relatifs à la ratification du premier protocole facultatif au Pacte international sur les droits civils et politiques relatif à la présentation de plaintes et du protocole facultatif à la Convention contre la torture se rapportant à la visite des lieux de détention. Le Maroc a interagi avec les différents mécanismes internationaux relatifs à la protection des droits de l'Homme et à la lutte contre toutes les formes de discrimination, a tenu à rappeler le Chef de l’exécutif.
En matière de promotion de la liberté de la presse, M. Benkirane a souligné que le projet de Code de la presse et de l'édition qui est en cours de préparation était exempt de peines privatives de liberté. Il a aussi rappelé la prochaine mise en place du projet de Conseil national indépendant de la presse ainsi que la reconnaissance juridique de la presse électronique.

En somme, M. Benkirane a présenté un bilan positif, n’hésitant pas à le qualifier d’«honorable» et de «rassurant». Hormis l’aggravation de la dette qui a atteint 63,5% du PIB, le Chef de l’exécutif ne s’est pas attardé sur les points négatifs de l’action gouvernementale.
Ce qui a suscité l’ire de l’opposition.


Hamid Chabat, S.G de l’Istiqlal

«Des contreperformances dans tous les secteurs»

Réagissant au bilan présenté par M. Benkirane mardi dernier devant le Parlement, Hamid Chabat, le secrétaire général de l’Istiqlal, n’hésite pas à tirer à boulets rouges sur l’exécutif. Pour lui, ce qui reste du mandat de ce gouvernement sera pire que ce qui précède et le pouvoir d’achat des citoyens sera malmené davantage. À cet égard, M. Chabat a mis en garde contre certains rapports prospectifs d’ONG internationales qui prédisent des crises profondes attendant l’économie marocaine. Le secrétaire général de l’Istiqlal a estimé que les deux années de ce gouvernement ont été marquées par des contreperformances économiques et sociales ayant touché tous les secteurs. «Les avancées et les acquis engrangés par les gouvernements qui se sont succédé après 1998 ont été réduits à néant par ce gouvernement.» Et d’ajouter «le vrai bilan de Benkirane peut se résumer ainsi : augmentation des prix et aggravation des dettes qui compromettent l’avenir du pays». Pour lui, le Chef du gouvernement a boudé ses attributions et l’exécutif a perdu son caractère politique au profit des technocrates».


Milouda Hazeb, chef du groupe parlementaire du PAM

«Ma crainte est qu'on arrive au stade de devoir s’endetter pour rembourser les intérêts»

Commentant le bilan présenté par le Chef du gouvernement devant le Parlement, Milouda Hazeb, le chef du groupe parlementaire du PAM, estime que les réalisations sur le terrain ne sont pas positives. «Le bilan est connu avant même qu’il soit présenté», a-t-elle dit, précisant que «le gouvernement n’a fait aucun effort significatif durant les deux années et demie de son existence». Mme Hazeb a souligné par ailleurs : «ma crainte est que le pays arrive à un stade tel qu’on doive s’endetter pour rembourser les intérêts et non pas les crédits». Pour elle, «sous le gouvernement Benkirane, les conditions sociales de la majorité des citoyens se sont dégradées, les prix et les impôts ont connu des hausses sans précédent, alors que le pouvoir d’achat s’est érodé. Le tout accompagné du recul des prestations en matière de santé et d’éducation».


Hasnaa Abouzeid, députée USFP

«M. Benkirane a évité d'évoquer le chômage qui est en hausse»

Le Chef du gouvernement a présenté une série de mesure prise par son cabinet, mais qui reste loin de la cadence nécessaire pour l'exécution du programme gouvernemental présenté au début de son mandat. Si on prend le secteur de la santé, à titre d'exemple, la baisse des prix des médicaments est une initiative louable, mais le discours exagéré qui l'a accompagné nuit à sa crédibilité. Il faut savoir que 450 médicaments seulement sur la deuxième liste sont importants. Par ailleurs, le Chef du gouvernement a évité d’évoquer le sujet du chômage, qui est le vrai baromètre de la situation économique dans le pays. Or depuis que son cabinet est aux commandes, le chômage est en hausse au sein de la population en général, et pas seulement parmi les diplômés. Enfin, le Chef du gouvernement a évoqué la question de l'unité territoriale, sachant qu'il avait déclaré à maintes reprises que ce n'était pas lui qui gérait ce dossier. Il aurait mieux fait de nous présenter sa feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations du CESE concernant le développement des provinces du Sud.


Mohamed Abied, secrétaire général de l’Union constitutionnelle

«M. Benkirane lance une campagne préélectorale en bonne et due forme»

Le Chef du gouvernement n’a pas présenté un bilan d’étape. Il a plutôt lancé une campagne préélectorale en bonne et due forme. Ce qui est grave, c’est qu’en s’exprimant ainsi, M. Benkirane n’a presque pas cité les partis alliés de sa majorité. Car si c’était un bilan d’un gouvernement, il aurait parlé de la majorité gouvernementale. Il n’a parlé que de lui-même et de son parti. Ce qui est encore plus grave c’est qu’il a descendu en flamme le précédent gouvernement. En évoquant le diagnostic de la situation qui a précédé l’installation de ce gouvernement, il a considéré que tous les problèmes actuels lui ont été légués par l’ancien gouvernement. Et de quoi était composé l’ancien gouvernement dont il parle ? Il comprenait les mêmes partis qui font la coalition actuelle. C’est paradoxal.

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