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Entre fragilité écologique et flou administratif

Considérées parmi les milieux les plus productifs du monde et constituant des sites de production de l'aliment de base pour plus de la moitié de l'humanité, les zones humides perdent du terrain. Comment impliquer la société civile des pays du Maghreb dans la sauvegarde de ces écosystèmes ? La réflexion sera menée en Tunisie du 18 au 20 novembre. Le Royaume y sera représenté par le Groupe de recherches pour le protection des oiseaux au Maroc.

Entre fragilité écologique et flou administratif
Le marais de Smir (région Nord) menacé par l’urbanisation. bPh DR

En dépit de son climat semi-aride, le Maroc se caractérise par sa grande richesse en zones humides en comparaison avec les autres pays maghrébins. «Elles sont estimées à quelque 200.000 hectares soit 0,3% de la superficie du pays. De plus, le Royaume dispose de 3.500 kilomètres de côte marine et une dizaine de milliers de kilomètres pour le réseau fluvial. La variabilité climatique ajoutée aux caractéristiques topographiques, géologiques, la présence du littoral (atlantique et méditerranéen) et du Sahara sont à l'origine de cette richesse en zones humides, les habitats écologiques et la biocénose qui s'y développe», nous déclare Oumnia Himmi, qui représentera le Maroc lors de l’atelier de Hammamet sur la promotion de l’utilisation et la conservation rationnelle des zones humides dans les pays du Maghreb.

«Cédées à des prix dérisoires»

Également membre GREPOM (Groupe de recherche pour la protection des oiseaux au Maroc) et enseignante-chercheur à l'Institut scientifique de l’Université Mohammed V de Rabat, Oumnia Himmi nous déclare qu’un inventaire des zones humides du Maroc a été récemment établi et a permis d'énumérer quelque 900 sites, sans compter les milliers de sources et de mares temporaires.


Cependant, ces fragiles écosystèmes sont sous le coup de menaces de diverses natures : irrégularité des précipitations, pression démographique et urbaine, pollution, barrages qui risquent de les assécher… Mais pour l’enseignante, le plus grave problème est d’ordre juridique : «Le plus grand problème est que le département en charge de leur protection n'a pas d'autorité sur la gestion du foncier: les Agences de bassins hydrauliques décident sans se concerter avec le le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification du sort des zones humides continentales, alors que celui des zones humides littorales est entre les mains des travaux publics», a confié l’enseignante au «Matin». Les regrets de la biologiste ne s’arrêtent pas là. «Le problème majeur est que les décideurs continuent de céder les zones humides aux promoteurs à des prix dérisoires», déplore-t-elle, malgré que ces dernières contribuaient à la survie des populations locales. De plus, elles jouent un rôle écologique de premier ordre et sont le relais obligatoire pour des millions d'oiseaux migrateurs eurafricains. Elles sont aussi considérées parmi les milieux les plus productifs du monde et constituent des zones de production de l'aliment de base pour plus de la moitié de l'humanité. Le climat au Maroc est en grande partie aride. Ceci rend la «ressource en eau» extrêmement précieuse, car elle peut être un facteur limitant dans le développement de plusieurs régions et la survie de leurs populations, d'après le spécialiste. Selon le GREPOM, le Maroc compte 24 zones humides classées sites RAMSAR (voir encadré) vu leur importance écologique et biogéographique. Elles jouent aussi un rôle précieux pour le secteur agricole en procurant sols fertiles, eau d’irrigation, fourrage et matière combustible. Afin de contrecarrer les difficultés auxquelles sont confrontés ces écosystèmes, le Plan directeur des aires protégées, élaboré en 1996, avait identifié 154 Sites d'intérêt biologique et écologique (SIBE) classés pour leurs valeurs écologique, scientifique, socio-économique ou patrimonial, en proposant le classement en parcs nationaux d'une dizaine d'entre eux. Répartis sur une superficie de 2,5 millions d'hectares, ces SIBE représentent la quasi-totalité des écosystèmes naturels du pays, y compris les zones humides. 

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