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La BAD tacle les banques marocaines

Dans un rapport sur les TMPE et l’emploi, la Banque africaine de développement n'y va pas avec le dos de la cuillère. Elle affirme que l’accès au financement est un obstacle majeur en raison notamment de la surévaluation des risques. Les banques manquent de connaissances pour évaluer le risque de crédit associé aux prêts de ces entreprises et perçoivent donc un risque élevé, soutient la BAD.

La BAD tacle les banques marocaines
Le rapport analyse les efforts déployés par les membres du Partenariat de Deauville pour éliminer les obstacles à la croissance des MPME et l’emploi. PH. A

Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) sont le moteur de la croissance économique marocaine. Elles compteraient pour 93% de toutes les entreprises actives, 46% de l’emploi et 38% du PIB ainsi que pour environ 30% des exportations et 40% des investissements privés. Cependant, cette catégorie d’entreprise souffre de nombreux obstacles qui limitent ses chances de durabilité, de croissance et de création d’emploi. Les plus grands obstacles au développement des MPME sont : l’accès insuffisant au financement, les faiblesses des capacités de gestion des affaires, ainsi que les faiblesses dans les prestations de soutien. À cela s’ajoutent le manque de capacité d’innovation des MPME et les obstacles administratifs et réglementaires.

C’est le principal constat d’un nouveau rapport réalisé et publié par la Banque africaine de développement (BAD). Ce rapport, qui analyse les efforts déployés après 2011 par les membres du Partenariat de Deauville pour éliminer les obstacles au développement et à la croissance des MPME, dresse un état des lieux dans deux pays : le Maroc et la Tunisie. Le but étant de renforcer le rôle que ces entreprises jouent dans la création d’emplois, notamment par les institutions financières internationales engagées dans la région.
Rappelons que le Partenariat de Deauville avec les pays arabes en transition a été créé lors du Sommet du G8 en mai 2011 en France. Il vise à soutenir la transition démocratique, la gouvernance transparente et la croissance inclusive dans les pays arabes en transition : Maroc, Égypte, Jordanie, Libye et Tunisie.

Dans ce rapport, les experts de la BAD ont confirmé, entre autres, que les MPME accèdent difficilement au financement au Maroc, surtout les TPE, même avec des garanties du gouvernement. S’il est vrai que les prêts bancaires aux PME constituaient 24% de l’ensemble des prêts à des sociétés privées au Maroc, soit la proportion la plus élevée de la région MENA, il semblerait qu’environ 40% de ces prêts soient sous forme de crédit-bail. «Les banques établissent des exigences élevées en matière de garanties impossibles à satisfaire pour de nombreuses MPME. Elles manquent de connaissances pour évaluer le risque de crédit associé aux prêts aux MPME et perçoivent donc un risque élevé. Elles préfèrent accorder des prêts moins risqués aux grandes entreprises et au gouvernement», soutient la BAD, sur la base d’une enquête auprès des informateurs concernés. À leurs yeux, les banques ont toujours besoin de formation sur la façon d’évaluer le risque des prêts aux MPME et sur la mise en application d’une technique de notation de crédit et d’autres techniques afin de réduire les coûts de transaction des petits prêts. «Une formation approfondie des banquiers est nécessaire pour qu’ils sachent s’occuper du marché des MPME, y compris par l’utilisation des bons outils d’évaluation du risque et de guichets dédiés aux PME. Les banques souffrent encore d’asymétries de l’information lorsqu’il s’agit de faire affaire avec les PME en raison de la couverture inappropriée de la population par le Crédit Bureau privé», estime la BAD.

Par ailleurs, l’étude confirme que 50 à 60% des entreprises marocaines exercent leurs activités dans le secteur informel, mais le Maroc est une forte économie fondée sur l’esprit d’entreprise. Environ 5,8 millions d’adultes marocains participent à l’une des trois phases de l’activité entrepreneuriale. Sur ce nombre, environ 1,3 million d’adultes tentaient de démarrer de nouvelles entreprises. Or cette population souffre aussi de manque d’accompagnement et de financement. En fait, la majorité des entrepreneurs qui possèdent une MPME ne tiennent aucun registre financier et n’ont pas les capacités nécessaires pour mettre au point des propositions susceptibles d’un concours bancaire afin d’obtenir un financement externe. 

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