Le surdosage des engrais minéraux, terreau de la pollution

Le 16 février, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publiait un rapport qui indique que la consommation mondiale des principaux engrais utilisés, l'azote et le phosphate, connaîtra, à l'horizon 2018, une augmentation respectivement de 1,4 et 2,2%. De manière globale, la FAO indique que l'utilisation d'engrais minéraux au niveau mondial devrait dépasser en volume 200,5 millions de tonnes en 2018, soit 25% de plus qu'en 2008. Dans le cadre du Plan Maroc vert, la consommation d'engrais, à l’horizon 2020, devrait atteindre 2,6 millions de tonnes, soit une augmentation d’environ 193%, selon le ministère de l'Agriculture. Cette hausse de l'utilisation n'est pas sans risque sur la qualité des eaux des nappes phréatiques et sur la fertilité des sols. Le risque concerne essentiellement les excédents de nitrates et de phosphates non utilisés par le sol et qui peuvent, par infiltration ou lessivage, contaminer les rivières et les nappes phréatiques avec des conséquences sur la santé humaine et animale. Pour le sol, un surdosage d'engrais risque d'entrainer un effet de dépendance. Les éléments non absorbés fragilisent l'activité de la microflore (bactéries, champignons…) et celle d'autres organismes, tels que le ver de terre, qui est essentielle à la fertilité des sols. La destruction de ces organismes entraine une dépendance aux engrais : plus le sol est pauvre en matière organique, plus les cultures ont besoin d’apports externes... Afin de rationaliser l'utilisation de fertilisants chimiques, la FAO a lancé, en 2011, un plan intitulé «Produire plus avec moins» qui préconise des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement grâce à une utilisation judicieuse des engrais minéraux, elles évitent de nuire indirectement à la qualité de l’eau. n
Samir Benmalek