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La violence chez les jeunes en débat

Selon les spécialistes, ce phénomène est une forme de contestation qui devrait être écoutée pour éviter les déchainements.

La violence chez les jeunes en débat
Selon Jalil Bennani, psychiatre, psychanalyste, la violence n’est pas forcément liée aux jeunes.

Le 22 janvier, jeunes, acteurs associatifs, membres de la police, chercheurs, écrivains, psychanalystes… se sont réunis sur l'esplanade de la Sqala à Casablanca. Ce public hétéroclite est venu débattre de la violence chez les jeunes à la 35e édition du Café Politis, organisée par l'association Marocains pluriels, l'Association Sqala et le Collectif des jeunes engagés (CJE). Comment agir pour prémunir la jeunesse contre la violence ? Comment concilier éducation, prévention et répression ? Comment faire face à nos responsabilités ? Autant de questions qui ont été soulevées au cours de cette rencontre. Selon Jalil Bennani, psychiatre, psychanalyste, «la violence n’est pas forcément liée aux jeunes. Elle est inscrite dans le corps et l’inconscient de tous. Chez les jeunes, la violence peut être une volonté de changement, un phénomène de revendication et de contestation des modèles anciens. Elle peut être alors créatrice et émancipatrice. Mais s’ils ne sont pas entendus, les jeunes peuvent devenir violents et porter atteinte à eux-mêmes ou à autrui». Le dialogue est, selon ce spécialiste, la voie qui éloigne les jeunes de la violence silencieuse intériorisée, verbale ou physique. En effet, les jeunes assistant au Café Politis ont manifesté le besoin d’être entendus. Au cours de leurs échanges avec le commissaire Marouane Semmani, chargé de la violence sur le Web, et Hakima Kamoun, administratrice à la DGSN et auteure d'une thèse sur la violence, ils ont affirmé que le comportement de certains policiers pouvait provoquer une vague de hooliganisme. Pour eux, il s’agit d’une révolte en réaction à un traitement parfois dégradant.

Selon Jalil Bennani, toute la société doit assumer la responsabilité d’écouter les jeunes, leur donner des repères et surtout de la confiance pour prévenir la violence. Ce professionnel de santé mentale insiste sur le rôle de la famille pour donner de la sécurité aux enfants, sur le rôle de l’école pour les sociabiliser et sur le rôle de la société pour les intégrer. En effet, un jeune ne naît pas violent, mais il peut le devenir.
Selon les organisateurs du Café Politis, le banditisme, le crime, le terrorisme sont autant d'autres formes de violence, dont le plus souvent les adultes sont acteurs, voire recruteurs. Les parents, éducateurs, enseignants, forces de l'ordre, partis politiques, élus, société civile... devraient alors se pencher sur les causes de cette violence et tenter d'y apporter propositions et remèdes. Un constat confirmé par Jalil Bennani et Ahmed Ghayat, l’un des organisateurs de l’évènement. Pour eux, la société marocaine, à l’instar d’autres, regorge de signes de violence liés au rythme de vie. «La corruption et le mépris sont une sorte violence. L’extériorisation des signes de richesse crée également un sentiment de frustration chez les jeunes démunis. Certes, la pauvreté n’excuse pas tout, mais certains Marocains doivent être plus attentifs aux sentiments des autres», explique Ahmed Ghayat. Même son de cloche auprès de Jalil Bennani qui confirme que «les jeunes relégués dans la marginalité sont fragiles et vulnérables et peuvent donner à un certain moment un signal de violence». S’agissant du «tcharmil», le psychanalyste affirme que c’est une illusion de force qui pousse les jeunes à se croire puissants avant de retomber sous la loi et devenir impuissants. 

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