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Le rouble revient en grâce, au grand soulagement de Moscou

Le rouble revient en grâce, au grand  soulagement de Moscou
«La situation de l'économie reste compliquée, mais on observe des signes significatifs de stabilisation», a souligné cette semaine le ministre de l'Économie, Alexeï Oulioukaïev.

On le disait en début d'année coulé, privé pour longtemps de la confiance des Russes comme des investisseurs. Le rouble remonte aujourd'hui fermement la pente, laissant espérer aux autorités que le pire est passé pour l'économie russe. Peu d'analystes pariaient sur un rebond rapide de la monnaie russe après une année noire marquée par la crise ukrainienne, synonyme de sanctions et d'isolation, et par la chute vertigineuse des cours du pétrole, principale source de revenus de l'État russe avec le gaz. Surtout au moment où les effets de la crise monétaire se propagent dans l'économie réelle, en récession depuis janvier, selon les économistes.
Une fois passées les journées noires de la mi-décembre - sans précédent en 15 ans de pouvoir de Vladimir Poutine - la tendance baissière s'était poursuivie en janvier. Avant de s'inverser : après avoir perdu près de la moitié de sa valeur en un an face au dollar, le rouble a rebondi de 20%. Face à l'euro, affaibli ces derniers mois, il a même regagné 25%. Autour de 57 roubles pour un dollar et 62 roubles pour un euro vendredi, la monnaie russe est bien loin de ses records touchés brièvement en décembre (80 roubles pour un dollar et 100 roubles pour un euro), un cauchemar pour les Russes qui avaient retiré en masse leurs économies des comptes bancaires pour les convertir ou les dépenser.

L'analyste Timour Khaïroulline, de la banque VTB24, confirme une «dynamique ferme», alimentée par une série de facteurs locaux et externes. Il évoque notamment la période de paiement des taxes pour les entreprises qui doivent régler le fisc en roubles.
Il y voit aussi les effets de la loi d'amnistie promise par Vladimir Poutine pour encourager le rapatriement des actifs abrités dans les paradis fiscaux. Le projet de loi, désormais au Parlement, «peut provoquer le retour de plusieurs milliards de dollars» qu'il faudra bien convertir en monnaie russe, selon l'expert. Plus généralement, «la baisse du rouble était probablement allée trop loin avant Noël», juge Neil Shearing, du cabinet londonien Capital Economics, citant également le rebond récent des cours du pétrole. «Pour autant, en l'absence de nouvelle hausse des cours du pétrole, je pense qu'il est difficile de parier sur un renforcement durable du rouble : l'économie est en train d'entrer en récession, des éléments du secteur bancaire restent fragiles et les sanctions financières restent en place», prévient l'économiste interrogé par l'AFP.

L'économie résiste

Temporaire ou durable, la tendance est mise en avant quasi quotidiennement par les autorités russes. Le ministre des Finances, Anton Silouanov, qui avait déjà estimé que le «pic négatif» était passé, s'est félicité vendredi d'un retour général vers les actifs russes.
Outre la monnaie, les marchés d'actions et de la dette russes se reprennent. Les emprunts de l'État russe, annulés pendant plusieurs mois l'an dernier, rencontrent désormais une forte demande.
L'inflation semble pour sa part se stabiliser après avoir flambé jusqu'à près de 17% en rythme annuel, plombant les revenus des ménages et la consommation.

«La situation de l'économie reste compliquée, mais on observe des signes significatifs de stabilisation», a souligné cette semaine le ministre de l'Économie, Alexeï Oulioukaïev. Pour lui, la baisse du produit intérieur brut cette année s'annonce moins forte que la prévision officielle de 3% (contre une croissance de 0,6% en 2014), qui était jugée optimiste par bien des économistes il y a peu. Les statistiques de janvier et février ont confirmé les effets sur l'activité du choc monétaire, marquant probablement l'entrée du pays en récession.
La tendance semble cependant moins violente que prévu, en particulier parce que la baisse du rouble a profité aux secteurs exportateurs de l'industrie.
Le retour au calme monétaire pourrait permettre à la Banque centrale de réduire l'étau sur l'emprunt qu'avait représenté sa hausse de taux à 17%, décrétée en novembre pour défendre le rouble.
Elle l'a déjà ramené à 14%, un niveau encore difficile pour les entreprises comme les ménages. «Effectivement, il y a une récession, mais elle n'est pas si profonde qu'anticipé», confirme Natalia Orlova, économiste de la banque russe Alfa, soulignant que les attentes étaient «extrêmement pessimistes». «La crise de confiance ne s'approfondit plus, c'est une bonne nouvelle». 

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