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Au Burkina Faso, 3.000 km2 de cultures gagnés sur le désert

Avant des roches arides, maintenant des cultures verdoyantes : en 30 ans, le Burkina Faso a réussi, grâce à des techniques simples, à regagner près de 3.000 km2 sur le Sahel, démontrant que la désertification n'est pas une fatalité.

Au Burkina Faso, 3.000 km2 de cultures gagnés sur le désert
Le zaï est une forme particulière de culture en poquet qui permet de concentrer l'eau et la fumure dans des microbassins où les graines seront semées. bPh DR

Pays du Sahel, au Burkina Faso, les estimations font état de plus de 74% des terres affectées par la désertification, ce qui met en péril la vie de 85% de la population qui dépend directement des ressources naturelles.
De nombreuses associations et ONG (organisations non-gouvernementales) sensibilisent les populations à la protection de l'environnement. L'économie est dominée par l'agriculture et l'élevage qui occupent plus de 85% de la population et assurent près de 70% des exportations, la situation se caractérise par la dégradation des ressources naturelles qui se traduit par une destruction du couvert végétal, la réduction de la fertilité des sols, une érosion intense des sols, peut-on lire dans le document intitulé «Programme d’action national de lutte contre la désertification» et datant de 1999. Depuis, de l'eau coule sous les ponts et surtout sur le sol burkinabé grâce à de simples techniques. Comme dans Rim, petite bourgade paisible de 3.000 âmes à quelques dizaines de kilomètres du Mali. «Cet endroit était un désert. Mais, des peuples ont réussi à faire reverdir la région», s'enthousiasme Amanda Lenhardt, chercheuse à l'Institut de développement à l'étranger (Overseas development institute, ODI), auteure d'un rapport sur le sujet rencontrée par l'AFP.

À Rim comme ailleurs dans le nord du pays, les paysans ne jurent que par le «zaï», ou «cordon pierreux». Une méthode qui leur a permis de revitaliser des sols et de produire à nouveau sur des terrains jadis impropres à l'agriculture. La technique consiste à dresser de petites barrières rocailleuses afin de «freiner le ruissellement de l'eau», ce qui permet à cette dernière de «s'infiltrer» dans le sol et à la terre de ne pas glisser en aval, explique à l'AFP, Paulin Drabo, un agronome.
Des trous garnis d'engrais sont ensuite creusés près des pierres. La plante, mieux alimentée, peut ainsi pousser. La vie des paysans de Rim s'en est retrouvée bouleversée, dans un pays où 80% de la population vit de l'agriculture. «Avant, lorsque nous semions sur une terre nue, nous ne récoltions rien. Mais maintenant, avec la technique qu'ils nous ont apportée, le mil pousse bien», se réjouit Sita Rouamba, une agricultrice.

Possible de combattre le changement climatique

Une trentaine de paysans se sont mis au «zaï» à Rim, contre 700.000 sur l'ensemble du territoire, recense Joël Ouédraogo, le directeur de la Fédération nationale des groupements Naam, une ONG de soutien au monde agricole. Entre 200.000 et 300.000 hectares de terres ont ainsi été réhabilitées et se retrouvent exploitables, estime-t-il. Soit entre 2.000 et 3.000 km2, environ la surface du Luxembourg.
Un résultat saisissant dans cette région sahélienne confrontée à une avancée du désert et à une évolution de la pluviométrie, souligne Amanda Lenhardt, dont l'organisation, ODI, est spécialisée dans l'analyse des avancées sur les questions de développement. Le Burkina Faso démontre qu'il est «possible» de «combattre les changements climatiques», se félicite cette chercheuse canadienne. Cette méthode «incroyablement simple» est connue «partout» dans le Sahel, mais est davantage et mieux employée au Burkina qu'ailleurs et se transmet grâce au bouche-à-oreille, selon elle. L'impact est particulièrement criant, vu du ciel. Entre une terre ignorant le «zaï» et un champ où il est employé, les couleurs varient de l'ocre d'étendues rocailleuses et desséchées à un vert précieux, symbole de nourriture et tout simplement de vie. 

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