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Mon enfant ment tout le temps !

Un enfant qui ment est généralement une source d’inquiétude pour les parents qui craignent que ce comportement continue avec l'âge.

Mon enfant ment tout le temps !

Tous les enfants mentent, plus ou moins, un jour ou l’autre. Bien que cela angoisse généralement les parents et les met dans une situation de panique, il faut savoir que le mensonge fait partie de la phase de développement chez l'enfant. Avant l’âge de 6 ans, l’enfant ne sait toujours pas faire la différence entre l’imaginaire et la réalité et n’a pas encore acquis le sens du bien et du mal, il est donc inutile de s’inquiéter.
Ce dernier peut mentir par pur plaisir. Il peut raconter des histoires aux adultes tout simplement pour faire des blagues ou jouer avec les mots, en particulier vers l’âge de 4 ou 5 ans. Il peut aussi cacher la vérité pour éviter la réprimande. Certains enfants inventent des «menteries» pour plaire ou impressionner la galerie. Il arrive aussi aux tout-petits de déguiser la vérité par fantaisie. Ils deviennent tel ou tel personnage fantastique. Ces fabulations témoignent de leur monde imaginaire qui cédera peu à peu sa place à la pensée concrète, bien enracinée dans la réalité. Parfois, le mensonge camoufle une faible estime de soi. Un enfant peut, par exemple, en voyant le beau château de sable de son copain de jeu, raconter qu’à la maison, il a construit un énorme château qui ne s’effondre jamais.

Peu à peu, après l’âge de 8 ans, le mensonge acquerra sa dimension intentionnelle et c’est à ce moment-là qu’il faut s’inquiéter, car mentir dans ce cas peut devenir une réaction de défense et un réflexe auquel l’enfant va avoir recours faute d’élaboration suffisante de la pensée pour y renoncer.
Apprendre à votre enfant à dire la vérité ne se fait pas du jour au lendemain. Cela vient avec le temps. Il faut donc faire preuve de patience et réagir dans la foulée quand votre enfant ment en lui apprenant de façon constructive à dire la vérité. En tant que parent, il est important de considérer ces mensonges pour ce qu’ils sont et d’en faire des leçons d’apprentissage, au lieu de les considérer comme un problème. Il faut aider l’enfant à faire la différence entre l’imaginaire et la réalité en montrant que l'on comprend que certains de ses mensonges sont en fait des souhaits. Il faut aussi lui expliquer pourquoi il est important qu’il dise toujours la vérité : parce que cela aidera tout le monde à avoir confiance en lui. Enfin, il faut savoir donner le bon exemple. Ce n’est pas en lui demandant de répondre au téléphone et de dire à votre interlocuteur que vous n’êtes pas là qu’il va apprendre. Ni en mangeant la dernière part de tarte dans le frigo et en le suppliant de ne rien dire à maman/papa… Il ne faut pas oublier que le meilleur exemple pour les tout-petits ce sont d’abord leurs parents.

La punition encourage le mensonge

Une étude canadienne menée par des chercheurs de l’Université de McGill a montré que la punition n’était pas une bonne option pour inciter un enfant à dire la vérité. Punir encourage l’enfant à mentir. Selon les résultats de cette étude, «les enfants étaient moins portés à dire la vérité s’ils craignaient d’être punis». Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont mené une petite expérience sur 372 enfants âgés de 4 à 8 ans. Ils ont placé chaque enfant seul dans une pièce équipée d’une caméra puis ont posé un jouet derrière eux et leur ont interdit de le regarder. Évidemment la curiosité a été la plus forte et 2/3 des enfants ont cédé à la tentation en se retournant. Quelque 66,5% d’entre eux ont également menti quand on leur a demandé s’ils avaient regardé derrière eux. Les chercheurs ont alors voulu connaître les raisons qui ont poussé les enfants à ne pas dire la vérité. Il s'avère que la menace d'une punition les a incités à mentir. Ils ont aussi noté que les enfants à qui l'on avait demandé de dire la vérité pour faire plaisir aux parents ou parce que c’était la bonne attitude à avoir avaient moins menti que les autres. 

témoignage : Halima, 35 ans, maman de Adam, 6 ans

«Les mensonges de mon fils m’attristent beaucoup»

«Depuis plusieurs mois, j’ai un grand problème avec mon fils. Il ment tout le temps. Il fait beaucoup de bêtises, embête son frère, voire le met en danger, et nie tout même quand c'est évident ou lorsqu’il est pris en flagrant délit. Il oublie régulièrement de faire ses devoirs, ment à la maîtresse, ne fait pas son travail en classe si l'on ne le suit pas de très près. Maintenant, on ne sait plus comment lui faire confiance puisqu’il nous raconte des histoires tout le temps. Son père et moi nous ne savons plus ce qu’il faut faire pour qu’il arrête de nous mentir et qu’il apprenne tout simplement à nous dire la vérité. Parfois, je me demande si on n’y est pas pour quelque chose. Je m'en veux parce que je pense qu'il ment, car il manque de confiance en lui, et que nous n’avons pas su le valoriser».

Explications : Houda Hjiej, pédopsychiatre

«Le mensonge peut être un signal adressé aux parents pour exprimer un malaise»

Qu'est-ce qui pousse un enfant à mentir ?
En fonction de l’âge de l’enfant, le fait de mentir ou de cacher la vérité peut avoir des sens différents. L’enfant tout petit (avant l’âge de 6 ans) ne faisant pas encore la différence entre un mensonge et une production de son imagination peut trouver normal, voire amusant, de raconter des histoires qui ne sont pas toujours réelles. C’est pour cela que les parents ne doivent pas s’alarmer quand un enfant tout petit cache une vérité ou fabrique une histoire irréelle. L’instinct de vie et de protection est très tôt présent chez l’enfant, c'est l’une des raisons qui peuvent le pousser à mentir pour éviter un châtiment ou une réprimande de la part d’un adulte. Un enfant peut aussi fabuler en prétendant posséder des objets ou être capable de réaliser des exploits, ceci témoigne souvent d’un désir inconscient que l’enfant voudrait voir se réaliser. Le fait de prétendre des choses pareilles peut aussi avoir comme objectif de se valoriser, surtout quand l’enfant a une estime faible de lui-même, et de combler un vide souvent à l’origine d’une souffrance psychique.

Comment doivent réagir les parents face aux mensonges de leurs enfants ?
Nous pensons que les premières attitudes des parents ont une valeur importante. Souvent, les parents éprouvent de l'angoisse et émettent un jugement moral envers ce comportement, ce qui fait que la réaction va être démesurée. Mais si l'on va du principe selon lequel dire la vérité est une valeur à apprendre à l’enfant progressivement, on pourra l’accompagner dans ce sens en valorisant ce comportement. Le fait que les parents fassent l’effort de comprendre la cause qui a poussé l’enfant à ressentir le besoin de mentir et d’essayer d’en parler avec lui peut aussi éviter que le mensonge se chronicise. Quand on comprend que l’enfant a menti parce qu’il a peur de notre réaction on peut l’aider à réparer plutôt que de le réprimander. S’il fabule pour prétendre avoir des choses qu’il n’a pas, cela peut être l’occasion de lui expliquer qu’on a compris son désir et de l’aider à accepter la privation. Le mensonge peut aussi être un signal adressé aux parents, le symptôme d'un malaise ou d'une détresse de l’enfant. Enfin, il est important que les parents donnent l’exemple en évitant de mentir, car cela peut créer de la confusion pour eux.

Est-ce que les parents  doivent s'inquiéter si leur enfant ment tout le temps ?
En effet, chez les enfants plus grands, vers l’âge de 6-7 ans, capables d’intégrer la valeur morale d’un mensonge et à qui les parents ont bien expliqué les choses, le fait que le mensonge se répète peut être révélateur d’un dysfonctionnement dans la relation parents-enfants et peut témoigner d’un sentiment d’insécurité de l’enfant ou d’un problème d’estime de soi ou de carence affective obligeant l’enfant à utiliser le mensonge comme mécanisme de défense ou symptôme du dysfonctionnement relationnel.

Un enfant qui ment sera-t-il forcément un futur mythomane ?
Le mensonge étant un phénomène développemental, son évolution et la place qu’il prend dans la vie de l’enfant va dépendre de la signification de ce comportement dans la vie psychique du petit et de la réaction de l’environnement.




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