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La métropolisation : un pari sûr pour l’émergence

Le palmarès des plus grandes villes du monde reflète la réalité d’une planète en pleine mutation. Les institutions administratives et les petites villes sont d’ores et déjà en proie au phénomène planétaire de métropolisation.

La métropolisation : un pari sûr pour l’émergence
Au Maroc, malgré l’implantation depuis l’indépendance de zones urbaines sur le littoral atlantique, le phénomène de l’urbanisation n’a pas connu un grand essor.

Aucune résistance n’est possible devant le flux humain vers la grande ville. L’invasion de la métropole et son emprise sur la périphérie est au cœur de la géopolitique mondiale. Ainsi, la gouvernance, voire l’appréhension du fait urbain, n’est concevable qu’avec l’assimilation de ces nouvelles aires métropolitaines dont certaines dépassent démographiquement et géographiquement des États, comme le cas de la municipalité chinoise Chongqing d’une superficie de 82.403 km² (soit deux fois la taille des Pays-Bas) et d’une population de plus de 15 millions d’habitants. Les réussites de la métropolisation de par le monde, en termes d’intégration régionale et d’aménagement du territoire, transforme davantage la composition territoriale, administrative, économique et donc humaine des grands pays. Il s’agit d’un véritable «hub urbain» sur lequel misent les politiques publiques des puissances occidentales et des émergences pour atteindre un taux de croissance compétitif. Soucieux de développer un écosystème attractif et rayonnant à l’échelle internationale, les États sont séduits davantage par les plus grandes villes du monde qui se sont transformées en plateformes nationales et internationales, voire en véritable moteur de croissance. Ceci s’explique par les nouvelles politiques économiques où l’impératif productiviste prime celui des équilibres sociaux et territoriaux. En effet, la métropole concentre les populations, les activités et les pouvoirs (politique, culturel, économique, financier…). Elle assure les «services rares» faisant d’elle un espace vital où les entreprises s’installent davantage à la recherche des synergies, des infrastructures et la complémentarité. L’essor des transports modernes (TGV, tram, logistique…), ainsi que le développement de la technologie des télécommunications reflètent l’effet de la mondialisation sur l’espace territoriale, entrainant par conséquent une reconfiguration administrative et institutionnelle profonde et une relocalisation des activités économiques.

Dans le contexte actuel, à savoir celui de la globalisation, la métropolisation se trouve au cœur des tendances modernes de l’aménagement du territoire et de la nouvelle perception de gouvernance, où le partenariat public-privé est sollicité comme levier indispensable de la promotion et la valorisation des potentialités territoriales. Sous cet angle, l’avenir des économies semble être défini de manière irréversible en fonction du degré de métropolisation. Elle constitue un espace propice pour la création et la circulation des richesses, du fait qu’elle associe les nouvelles dynamiques transfrontalières à celle régionale et locale. Dans cette perspective, les dispositifs existants d’aménagement du territoire sont amenés à disparaître ou à s’adapter aux nouvelles réalités du monde globalisé. La promotion et la mise à niveau du territoire national ne relèvent alors plus du ressort exclusif de l’État.

Au Sud, la question de la métropolisation revêt une importance stratégique. Étant donné le décalage industriel et économique vis-à-vis de l’Occident, les pays émergents se sont investis dans la mise à niveau et l’aménagement du territoire. L’objectif est de faire des métropoles un espace de production et de service capable de séduire les investissements directs étrangers dans les activités productives de main d’œuvre, voire dans différents secteurs d‘industrie et de haute technologie ou de service.

Dans un contexte de globalisation favorable aux relocalisations de richesses, l’urbanisation avancée constitue une force positive de transformation. L’image que représentent actuellement les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) est due en partie aux efforts d’extension de l’espace urbain et de la modernisation des métropoles. Ces dernières accueillent les universités, les zones franches, les Bourses, les corridors de transport, les espaces de vitrine… polarisant les flux de personnes, de capitaux et de marchandises. Ce phénomène a été facilité par les grands investissements en matière de transport.

Là encore, la réussite des émergents est plus que visible. Les ports, les rails, les routes permettent le renforcement économique entre plusieurs pôles industriels et commerciaux. Au Maroc, malgré l’implantation, de l’indépendance à nos jours, des zones urbaines sur le littoral atlantique, le phénomène de l’urbanisation n’a pas connu un grand essor. En effet, la distinction héritée de l’ère coloniale au sein du Maroc d’un espace «utile» et d’un autre «inutile» a affecté pendant longtemps la perception de la classe politique marocaine, cette fameuse expression de Lyautey fut préservée jusqu’à une date récente. Cela explique l’orientation des programmes de mise en valeur et d’équipement en fonction des potentialités régionales du pays. Ainsi, un profond décalage paysager s’installa au fils des années entre les régions du pays. Cependant, la concentration des richesses et des équipements dans la région de Casablanca n’a pas donné naissance à une urbanisation profonde et élargie au Maroc.

Cela dit, l’expansion de la métropole casablancaise est inévitable et continuera de jouer le rôle d’espace attractif, de localisation des richesses et de concentration humaine, car dans ce monde globalisé, toute résistance à la métropolisation est vouée à l’échec. Il ne s’agit plus d’un choix, car la survie de l’économie et l’aspiration émergente imposent au Maroc le renforcement de la compétitivité de son économie. La dynamique mondiale nécessite l’adoption d’un programme de valorisation des atouts et des potentialités démographique et géographique dont dispose le pays. La localisation stratégique du Maroc sur la carte mondiale, à savoir son ouverture sur la Méditerranée et sur l’Atlantique, lui offre le prestige de devenir un pôle d’attractivité pour l’Europe, l’Afrique et le reste du monde.

À cet effet, la mise à niveau de l’espace marocain à travers l’intégration des normes de gouvernance mondiale et la modernisation de ses métropoles en renforçant les infrastructures (routière, portuaire, aérienne, hôtelière, de services…) est capable de faire du pays un «hub régional» attractif et rayonnant.
La modernisation des métropoles marocaines, à savoir Casablanca, Tanger, Rabat et Marrakech, fait qu’elles peuvent devenir des carrefours et des interfaces de l’émergence économique marocaine. À l’instar de la plupart des métropoles internationales qui se trouvent sur des façades maritimes, les métropoles marocaines se situent stratégiquement sur le littoral méditerranéen et atlantique. Cette façade maritime est l’une des plus importantes au monde en matière de trafic international.

Cet atout stratégique favorisera la mise en place des corridors de développement entre les deux pôles industriels de Casablanca et de Tanger, surtout après la création du port Tanger-Med. Il n’est pas sans intérêt de rappeler que certaines émergences se sont appuyées sur les plateformes portuaires pour accomplir leur décollage économique.

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