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Attention aux paroles blessantes !

Face aux bêtises et caprices répétitifs des enfants, les parents peuvent parfois s’emporter et lâcher des mots blessants, ce qui fait généralement mal aux enfants et peut avoir des conséquences sur leur vie d'adulte.

Attention aux paroles blessantes !
La violence verbale des parents envers leurs enfants est fréquente, et d'autant plus nocive qu'elle émane directement de l'inconscient du père ou de la mère.

Le châtiment corporel n’est pas la seule forme de violence qui peut faire mal aux enfants, les mots dégradants et les répliques blessantes sont une autre forme de violence qui laisse souvent des traces dans le cœur de l’enfant qui sont parfois plus graves que la violence physique. Sous le coup de la colère, les parents peuvent parfois laisser échapper certains mots qu’il ne faut pas dire aux enfants.
«Mais qu'est-ce que j'ai fait pour avoir un enfant pareil ?», «Comment peut-on être aussi bête !», «Tu es incapable de faire quoi que ce soit», de telles phrases peuvent sembler anodines pour les parents, pourtant elles sont capables de blesser les plus petits.

La violence verbale des parents envers leurs enfants est fréquente, et d'autant plus nocive qu'elle émane directement de l'inconscient du père ou de la mère. Mais l'enfant, lui, la reçoit «cinq sur cinq». On ne se rend pas toujours compte de l’impact que peut avoir le choix de nos mots sur le développement de nos enfants. Ces derniers croient tout ce que leurs parents leur disent et les prennent au sérieux. Et comme les parents n'ont pas toujours l'art et la manière pour s'adresser à eux, les dérapages sont fréquents. Les phrases qu'on lâche sous le coup de la colère ou de la lassitude font parfois plus mal qu'une tape sur les fesses. Une fois calmé, le parent peut oublier ou regretter ce qu'il a dit, alors qu'un petit, lui, risque de s'en souvenir longtemps.

Certes, le rôle de parent n’est pas toujours facile. Se maîtriser lorsqu’on rentre du travail fatigué, à bout de nerfs, et qu’on doit affronter un enfant turbulent relève de l’exploit. En raison de la tension accumulée et du stress, on finit par perdre le contrôle, mais au lieu de culpabiliser, il faut essayer de trouver des moyens pour apprendre à contrôler cette tension nerveuse pour ne pas blesser sa propre progéniture. Un bébé de moins de trois ans prend ce qu'on lui dit au pied de la lettre et croit vraiment ses parents quand ils disent «Tu me rends malade» ou, plus grave encore : «Il me tuera, ce gosse !» Il se sent vraiment responsable de ce qu'il est supposé faire subir à ses parents. Les conséquences psychologiques risquent, dans ce cas, de s'avérer désastreuses dans l'immédiat et même pour longtemps. Les menaces de perte de l'amour des parents et d'abandon semblent efficaces tant l'angoisse qu'elles suscitent est insoutenable pour l'enfant. Néanmoins, elles sont loin d'être de bonnes armes pour l'amener à obtempérer. En d'autres termes, quand, à bout de nerfs, un parent lâche : «Si tu ne viens pas, je pars sans toi», soit le petit ne nous croit pas et la remarque est donc inutile, soit il croit ce mensonge, ce qui éveille en lui une angoisse d'abandon, latente, douloureuse et qui risque de perdurer. D’après les spécialistes, l’emploi d’un simple surnom peut faire plus de mal qu’on le croit. Certains enfants en viennent à se sentir dépossédés de leur véritable nom. Par ailleurs, les comparaisons avec soi (du type «Moi, quand j’avais ton âge, je réussissais mieux…») ou avec d’autres personnes sont déconseillées, car elles font souvent référence à des traits de caractère désagréables («T’es bien comme ton père ! Toujours en retard et complètement désordonné !»).
Il faut également éviter les critiques à répétition, qui détruisent l’estime de l’enfant plutôt que de l’amener à se corriger et à améliorer son comportement.

Les parents doivent fournir l’effort de prendre un temps d’arrêt et respirer profondément avant de lancer des injures à cause d’un verre d’eau renversé ou d’un vase cassé. En y réfléchissant un peu, on constatera que ce qui nous apparaît comme un geste malintentionné de la part de l’enfant pourrait n’être qu’une maladresse normale pour un enfant de cet âge. Il faut essayer de trouver des moyens pour aider l’enfant à travailler sur lui-même et sur ses comportements. 


Explications 

Houda Hjiej, pédopsychiatre 

«Des propos négatifs à l'égard de l'enfant peuvent le faire douter de l'amour de ses parents»

Est-ce que les paroles blessantes peuvent avoir un impact à long terme sur la vie des enfants ?
C'est important de savoir que l'enfant est un être de langage et que la relation avec ses parents est centrale dans son développement psychologique. C'est pour cela que tous les messages adressés par les parents à l'enfant ont une valeur symbolique importante. Et dans ce sens, les propos négatifs peuvent avoir un impact péjoratif sur le moral de l'enfant.

Quelles en sont les conséquences ?
Les conséquences d’une violence verbale sont nombreuses, notamment sur l'image que peut se faire l'enfant de lui-même et sur la nature de la relation avec ses parents. Des propos négatifs à l'égard de l'enfant peuvent le faire douter de l'amour de ses parents pour lui, peuvent atteindre son estime de lui-même et peuvent également, à l'extrême, être perçus et vécus par l'enfant comme un rejet de la part de ses parents.

Y a-t-il des mots plus blessants que d'autres ?
Les mots pouvant avoir le plus d'effets négatifs sur l'enfant sont ceux qui s'adressent de façon péjorative à ce qu'il est et non pas à ce qu'il fait.
Mais également tout ce qui touche à sa filiation, à ses origines et tout ce qui peut introduire le doute autour de l'amour que peuvent avoir ses parents pour lui.

Comment les parents peuvent-ils se rattraper ?
Les parents peuvent se rattraper en prenant conscience des conséquences de leurs actes, en évitant au maximum ce genre de propos et en faisant attention à éviter de critiquer l'enfant sur ce qu'il est et à préciser toujours que ce qui les dérange ou les met en colère c'est ce qu'il fait et non pas ce qu'il est.
Et surtout, ne jamais croire que, pour l'enfant, l'amour des parents est quelque chose d'acquis. Il a toujours besoin d'être rassuré par rapport à cela.


Témoignage

Salma, 36 ans, maman de Anas, 9 ans, et Mouad, 6 ans

«Mon mari parle mal à nos enfants»

«Mon mari pense que nos enfants sont suffisamment grands pour faire certaines choses et qu’ils doivent agir comme des adultes. Du coup, il s'emporte souvent contre eux et n’hésite pas parfois à les insulter. Il les traite sans cesse de “vauriens” et d’incapables et moi ça me fend le cœur. Ils ne méritent pas un tel comportement. Je trouve qu’il est trop sévère avec eux. Il crie souvent pour des futilités ou des petites bêtises sans importance qu’on peut leur expliquer calmement en leur demandant de faire attention la prochaine fois. Je lui ai déjà dit plusieurs fois qu'il n'a pas à leur parler ainsi, que ce n’est pas bien et que cela peut avoir de graves conséquences sur leur personnalité, d'autant plus qu’il ne leur montre pas beaucoup leur amour. Il m'entend, mais j'ai l'impression qu’il n’arrive pas à agir différemment. Et de mon côté, je ne sais plus quoi faire.»

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