La crise économique qui perdure en Europe et l’émergence de certaines économies nord-africaines sont à l’évidence les raisons essentielles qui ont présidé au choix de la terre africaine pour réunir les investisseurs internationaux. A ce propos, Ahmed Fassi Fihri, directeur par intérim de l’AMDI, estime qu’au niveau mondial l’économie n’a pas encore retrouvé sa vigueur, notamment en Europe, continent avec lequel les pays nord-africains entretiennent l’essentiel de leurs échanges commerciaux. Au lendemain de l’inauguration, le 20 mars, de la World Investment Conference par Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie, du commerce extérieur et des nouvelles technologies, les atouts traditionnels de cette région ont été répétés à satiété : coûts compétitifs, main-d’œuvre qualifiée, développement des infrastructures, émergence d’une classe moyenne... Cependant, l’intérêt porté par les investisseurs internationaux à l’Afrique du Nord «varie d’un pays à un autre» comme l’a souligné Robert Tashima, rédacteur en chef chez Oxford Business Group pour lequel le Maroc offre le meilleur exemple de développement des infrastructures qui lui ont permis de réduire aux 4/5 le temps nécessaire à l’exportation d’un conteneur.
Denis Simonneau, du groupe GDF Suez, spécialisé dans la production et le transport de l’énergie, a estimé que les changements politiques intervenus suite à ce qui est communément appelé Printemps arabe posent problème aux entreprises internationales, car «aucune décision politique n’a été prise dans des pays comme la Tunisie, l’Égypte et la Libye. Les entreprises ne savent pas si elles peuvent être présentes dans ces pays». La Banque mondiale, représentée par Jean-Pierre Chaufour, économiste senior, a souligné «l’exception marocaine» dans l’amélioration du climat des affaires. «Depuis l’année 2000, le Maroc a fait un progrès très important, ce qui est un indicateur majeur de la qualité de la gouvernance». Ce dernier a également rappelé qu’avant la crise actuelle, «le Maroc avait un budget équilibré». Le représentant de la Banque mondiale estime que dans les pays d’Afrique peu de nouvelles entreprises sont créées et seules 20% d’entre elles ont accès au financement bancaire.
En conséquence de quoi, la faible part du marché mondial qui revient à ces pays : «En 20 ans, les pays de l’OCDE ont perdu 20% de leur part de marché. L’Afrique du Nord n’a récupéré qu’une faible partie de ces parts perdues par les grandes économies mondiales». Enfin, Maurice Benassayag, vice-président du groupe français qui a réalisé les tramways de Casablanca et de Rabat et qui a remporté le marché de la réalisation de la ligne à grande vitesse, a rappelé que «les Maghrébins sont les artisans des 30 glorieuses», allusion faite à la croissance continue qu’ont connue les pays industrialisés après la Seconde Guerre mondiale jusqu’au début des années 1970.
