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Refonder la politique

Le Maroc traverse de nos jours une phase essentielle de son histoire. On ne sacrifie nullement à la rhétorique en disant qu’elle porte les germes d’une ébullition, politique, économique et sociale dont le trait dominant est l’interrogation.

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Le gouvernement de coalition, issu des élections du 25 novembre dernier, est comme aucun autre ne l’a jamais été sous pression, sociale notamment. Les revendications fleurissent, articulées même sur des corporatismes et des particularismes. Pas plus, pas moins que ses prédécesseurs, Abdelilah Benkirane ne cède à la panique. Il entend conduire son action sous le signe de l’espoir, du travail et d’une méthode consensuelle. Pas plus, pas moins, il fait œuvre de communicateur et de pédagogue pour convaincre et surtout se conformer à l’esprit de son programme électoral et de la déclaration générale devant le Parlement. Le chef de gouvernement n’a pas d’autre choix que de relever le défi multiple de la démocratie.

Il a souligné sa volonté de mettre l’accent sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la refonte de la justice. Pour être prioritaires, de telles réformes ne se recoupent pas moins au plan des objectifs et de la méthodologie. Elles sont intrinsèquement liées. Sans gouvernance, il n’est pas de combat efficace contre la corruption. Et celle-ci est au cœur de la transformation de la justice. Rien n’est plus symbolique et significatif dans une alternance démocratique que la justice, car rien n’est plus précieux dans une démocratie digne de ce nom que l’égalité de toutes et tous devant la loi et donc le rôle de la justice dans la société.

Le champ gouvernemental étant maintenant mobilisé et à pied d’œuvre, il reste aux partis de l’opposition, ceux qui en sont encore dignes, de s’organiser pour assurer leur mission de contrôle au parlement. Or, il est navrant de constater que, excepté le PAM qui vient de procéder de manière démocratique au changement à sa tête, les autres formations n’ont pas encore réagi au choc du 25 novembre 2011.

L’USFP, qui a constitué la première formation à assurer en 1997 l’alternance politique, et pas n’importe laquelle avec Abderrahman El Youssoufi, en est réduite à des guerres de chefs qui n’en finissent pas de laminer ses instances et de ruiner les espérances de ses militants. Un spectacle d’autant plus affligeant qu’il laisse comme un amer arrière-goût chez les militants et les sympathisants.

Les « dinosaures », dont certains sont sur la scène depuis cinquante ans, n’entendent pas lâcher prise. Ils mettent en otage l’avenir des jeunes et ambitieuses générations socialistes et celui du parti lui-même. Autant ils ont incarné autrefois la grande espérance du changement, autant ils donnent à présent l’image de dogmatiques, accrochés au pourvoir, pulvérisant une formation qui pourrait jouer son rôle dans l’opposition et dans la démocratie d’alternance. S’ils taisaient leurs divergences et surtout s’ils mettaient un terme à leurs dissensions, porteuses de dérapages, les responsables de l’USFP pourraient donner le change dans les rangs de l’opposition.

Cette chance revient aujourd’hui au PAM , à l’UC et autres formations « libérales ». Sans oublier le RNI qui, traumatisé par l’insuccès électoral, devrait procéder à un « aggiornamento » et s’inscrire dans une nouvelle optique. Or, excepté le PAM qui opère une mue et se conforme à la nouvelle époque politique, une crise de légitimité affecte les partis de l’opposition et donc la représentation. Une société démocratique, tirée de partout par des exigences parfois contradictoires, autrement dit la liberté, le pouvoir d’achat, la citoyenneté, le travail, la santé, etc. devrait d’abord être unie sur un principe : celui du respect politique.

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